Message posté par Rafal4
Forcément ton post appelle LA question que tout le monde de pose : mais qu'est-ce donc qu'un faux passionné ?"
Zavez 200 signes.
Je vois plutôt ça écrit comme "C'est vraiment un passionné", ou "C'est un putain de passionné", "It's a fucking fanatic" ! Et donc pas littéralement l'inverse du faux passionné. Quand t'es un vrai passionné, tu ne te contentes pas de regarder quelques matchs par semaine, pour faire briller ta connaissance de la chose footballistique, non. Tu en regardes jusqu'à une demi-douzaine par jour, une quarantaine par semaine. Les matchs importants et surtout, surtout... ceux qui ne servent à rien. Ceux qui vont vraiment faire de toi le surspécialiste absolu aux yeux de tous. Ceux où tu discernes à peine le nom du petit jeune, a dessein de le ressortir au devant d'autres parvenus qui n'en ont pas connaissance, et qui croiront par ce biais apercevoir la quintessence de l'encyclopédisme pompeux.
Les yeux rougis par l'agressivité de l'écran, tu finis par voir tout en vert. Les cernes sous les paupières, les surrénales vidées. Des pixels envahissent tes nuits, et dans tes rêves le buffering du streaming devient ton cauchemar. Tu vis football, tu es football. Par contre qu'on ne te demande pas de jouer hein, tu as les pieds carrés et le ventre bien rond, le chemin jusqu'au réfrigérateur ne suffisant pas à compenser la montagne de chips que tu ne manques pas de remplir à chaque renvoi aux six mètres.
Et puis il y a parfois un club. Ton club. Un truc que tu supportes au sens propre. Comme tu supportes ta mère ou ta femme bon dieu. Aimer c'est supporter, c'est souffrir avec plaisir. Tu ne sais pas trop pourquoi celui là plutôt qu'un autre. C'est peut être ton papa, ton grand frère. Peut-être que c'est Bernard Diomède. Peut-être c'est à l'école. Peut-être que dans l'utérus tu entendais les cris de ton père alcoolisé qui hurlait contre l'homme en noir. Une histoire de transmission probablement. L'ovule ou la poule.
Merde tu vas louper les -16. Tu cherches un replay, pas facile. Oh ! Mais pourquoi au juste tu supportes ce club ? Parce que tu aimes leurs joueurs ? Mais non, quel joueur est plus important que le club ? Parce que tu aimes la ville ? Non, t'es jamais allé. Parce que... parce que c'est comme ça, merde ! Ca s'explique pas ! Pourquoi tu bandes devant Claudia hein ? Pourquoi ? Ya pas de raison. En vrai ce que tu aimes dans ce club, c'est l'idée que tu t'en fais. Tu n'aimes ou tu n'aimes pas ce qu'il devient, mais tu aimerais qu'il devienne meilleur. C'est peut-être ça, aimer un club, c'est souhaiter qu'il devienne meilleur. Ca peut vouloir dire meilleur parce qu'il gagne, ou meilleur parce qu'il joue bien, ou alors meilleur parce qu'il gagne des sous.
Mais alors pourquoi il y aurait des "vrais" passionnés ? C'est de la merde ça ! Il n'y a pas de vrais et de faux passionnés, parce qu'un faux passionné cela s'appelle un oxymore ! Donc s'il n'y a pas de faux, il n'y a pas de vrai, et le vrai passionné devient un pléonasme, une redondance abjecte et hautaine. Cette histoire de vrai et de faux, c'est juste un vomitif expéditif. La passion devient un mode de vie, et on regarde avec admiration ce type qui aime "vraiment". Alors que c'est juste un pitoyable sire qui ne sait pas aimer la vie autrement que par sa passion, et donc sujet au premier reporter de "Confessions Intimes" venu. Bref, rien de bien bandant. Mais bon c'est du vrai, du truculent !
(Ah parce que oui, il faut du vrai. A bas l'hypocrisie ! Le "vrai" football, celui des coups d'épaule ! Le "vrai" passionné, celui qui meurt quand son club de sport est défait ! Le vrai, toujours le vrai. Bref, je referme la parenthèse du HS)
Et merde, je dois être un faux moi alors. Pour avoir loupé quelques matchs de mon club, pour m'en foutre parfois du résultat, quand une lucarne se présente à moi, ou une jolie fille, ou un western spaghetti, ou un bain de soleil !
Non je suis pas un vrai, j'ai trompé mon club quand j'ai souhaité la victoire d'un autre. J'ai même gueulé quand ils ont marqué. J'ai joui dans une autre (équipe). Je suis un faux, un suiveur, un footix. Je ne mérite pas de parler de foot, je ne mérite de parler de rien, parce que je suis un vrai rien et un faux tout. Ah si : je suis un vrai bon vivant, alors je parle de la vie. Mouais, c'est pas ça qui satisfera à mon besoin de reconnaissance, ni à mes envies de fierté, ni au besoin de remplir les petites cases de ma vie par des choses insignifiantes.