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Vendredi 30 juin 1989, 17 heures, stadio Renato Curi de Perugia. Le championnat d’Italie a pris fin le dimanche précédent mais la Roma et la Fiorentina font du rab : septièmes ex-aequo, elles doivent se départager sur terrain neutre pour le dernier ticket ouvrant l’accès à la Coupe de l’UEFA.
La Fiorentina s’impose 1-0 mais ce qui fait le plus mal aux Romains, c’est l’identité du buteur : Roberto Pruzzo. Oui, sur un centre de Baggio, le vieux Pruzzo s’élève comme aux plus beaux jours et catapulte de la tête le ballon dans les filets de Tancredi. Ce but, c’est le seul qu’il inscrit avec la Viola pour ce qui est le dernier match de sa carrière.
Avant de rejoindre la Fiorentina, Roberto Pruzzo évolue dix saisons à la Roma, les plus belles de la Louve, triple capocannoniere de Serie A, meilleur buteur de l’histoire du club avant que Totti ne le supplante. En marquant ce jour-là, c’est comme s’il actait la fin de la grande Roma des années 80, comme s’il voulait prouver à Nils Liedholm qu’il s’est trompé en le laissant partir un an plus tôt.
L’extraordinaire tifo d’adieu de la curva sud est oublié car ce but, il n’hésite pas à le célébrer, on le voit même rayonner lui dont les sourires sont si rares. Froid et méfiant, s’exprimant peu, caché derrière sa moustache tombante, il a toujours ressemblé à un ouvrier polonais désenchanté, époque Wałęsa et Solidarność.
A la fin de la rencontre, entouré de journalistes qui l’assaillent, il ne cherche pas le pardon. Au contraire, il affirme que ce but correspond à sa part dans le divorce que lui a imposé la Roma, celle dont il a épousé la cause des années durant et qu’il ne voulait pas quitter. Formule maladroite, à la Pruzzo, mais les choses sont claires : il vient de solder son différend avec la Roma, il peut se retirer, Brutus assassinant César avant de se suicider.