C'est beau j'en pleurerai presque :
"C'est un des rêves de ma vie, de ma carrière et j'y ai cru moi-même plus que jamais. Dans l'Aubisque, j'ai versé ma larme au sommet. J'étais seul en tête, noyé dans les encouragements d'une foule en transe. J'ai plus d'une minute d'avance. C'est mon jour. Qu'est-ce qui m'arrive ? C'est bien moi ? Je me lance dans la descente. Je suis propre dans mes trajectoires mais il me manque un repère, une moto ouvreuse. D'habitude, je me fie au feu rouge qui s'allume devant pour savoir quand freiner ou non. La transition vers la vallée est brutale, les routes sont interminables... J'ai très mal au dos. Je deviens fou : le vent vient de face, les faux-plats se succèdent, l'arrivée ne viendra jamais. Et je manque d'informations sur mon avance : l'ardoisière ne vient qu'une fois dans les 40 derniers kilomètres. Marc Madiot ne me dit pas qu'ils sont regroupés derrière pour ne pas me casser le moral. A 15 km, il monte à ma hauteur. Je lui crie dessus pour connaître leur retard : 30 secondes. Aargh ! C'est trop dur.
Je suis battu par un champion du monde et je pense honnêtement que je ne suis pas un champion. Je ne suis pas de ceux qui font des grosses courses toute la saison. J'ai monté le Galibier à 380 watts pendant 39 minutes. C'est mon seuil, il est loin de celui des favoris du Tour. Je dois faire avec mes moyens : je suis mal à l'aise dans le peloton et je dois m'en sortir par des coups d'éclat ponctuels. Je suis un opportuniste. Depuis l'arrivée de l'étape, je reçois des messages de toutes parts, des coups de fil, des messages, des mails, des tweets. Ils me laissent imaginer que mes proches et des spectateurs que je ne connais pas ont partagé des émotions jaillies de mon échappée en solitaire. J'ai du mal à le concevoir, encore perdu dans mes émotions."
Jérémy Roy
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