Message posté par Shtrafnoï... Padatcha! Udaaaarrrr!!!« Euh bah c'est à dire que bonjour Médèèème...
- Mademoiselle, voulez-vous ?
- Si je veux ? Quoi ? Bon, c'est à dire que si j'ai bien compris, vous étiez aux Buttes-Chaumont...
- Si fait.
- Et donc euh... quoi ?
- Et bien ! même pour un haut représentant de la maréchaussée, il semblerait que vous soyez plutôt chichement doté en terme de capacités cognitives, n'est-il point ?
- Que, que, kkkkk... ? Le commissaire rougit, le cerveau au bord de l’asphyxie. Il tente de se raccrocher à quelque chose de réconfortant. Ses sangsues lui manquent. Inévitablement la pensée de leur condition plus que précaire l'amène plus près encore de l'apoplexie. Ecarlate, la larme à l'oeil, il bredouille :
" S'il vous plait Moiselle...
- Mademoiselle de la Pré de la Raie, je vous prie.
Bien, ce qui est en mon pouvoir pour vous être intelligible, je vais le mettre en œuvre ; pour votre part, veuillez me manifester la diligence minimale de mobiliser incessamment l'entièreté de votre encéphale. Commencez par inspirer, par pitié. Là...
- Expliquez-nous, s'il vous plait.
- Et bien voici : ainsi donc, je mirai, il y a de cela deux nuitées, alors que j'accompagnais la féline créature qui partage mon modeste hôtel (particulier, cela est entendu) en sa nécessaire promenade vespérale, des invectives à caractère physique...
- U-une ba-bagarre ?
- Si fait. Sur les verdoyantes Buttes. Or ce matin qu'ouïes-je ? Un roturier s'en est terminé occis !
Il va sans dire, commissaire, que je regrettai aussitôt de n'être point venue vous trouver dès l'instant où j'occulais ce différent verbal, physique et olfactif; puisque selon Gaëtan-Jean (majordome de son état, à mon service, il va de soi, Commemaime de son patronyme) l'occiement se déroula immédiatement successivement à l'algarade...
- Si fai... euh je veux dire oui, ponctua le commissaire, suivant miraculeusement le fil du récit (au prix, néanmoins, à ce point de la conversation, d'une réduction de 47 jours de son espérance de vie).
- Mais cela, encore eut-il fallut que je le susse !
Issu de la dizaine de gorges des subordonnés encore présents et étonnamment discret depuis un quart d'heure, il n'existe pas, au moment où nous rédigeons ce récit (2021-2023 après Jesus-Christ, un gars pas banal, mais ceci est une autre histoire richement quoiqu'approximativement documentée), de terme suffisamment superlatif (dans la langue française), pour rendre compte du taux de matière grasse du rire qui secoua les murs bas de gamme du commissariat à cet instant.
Menaçants de s’effondrer (car constituées d'un contreplacage en épluchures de courgettes comprimées ayant été fabriqué par des résidents peu motivés de la prison de Winterthur en Suisse, du moins par ceux ayant atterri là au motif qu'ils avaient passé le cap de la cinquantaine avec une montre Breitling au poignet ; les propriétaires de Pateks s'occupant, eux, de la production de 50% des avant-bras de poupées Barbie du marché mondial, mais ceci est une autre histoire modestement documentée quoique strictement véridique), menaçant de s'effondrer donc, les parois tremblent dangereusement mais, après un instant d'hésitation, gardent vaillamment une forme relativement plane ainsi qu'une position verticale.
Le commissaire :
« Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils sont cons. Euh, pardon je voulais dire...
- Pardieu commissaire, me croyez vous à ce point ignorante de votre sémiotique ? J'ai parfaitement saisi la teneur de votre requête. Je leur pardonne, naturellement. Gaëtan-Jean m'est témoin, je suis moi-même dotée d'un humour désopilant. Figurez qu'il y a de cela...
Nous ne vous figurez point, revenons-en au sujet, ou devrais-je dire, au sujet décédé pfffhihihi !
Ainsi donc, je m'en vais derechef vous croquer le faciès des croquants s'empoignant au détour de notre flânerie susmentionnée à Ragnetrude et à moi-même, devant vous ici présente.
- Rag-gneu-truc ?
- Ragnetrude. Ma féline compagnonne, suivez un peu nom d'une saperlipopette en tutu !
Auriez-vous du fusain et un parchemin afin que j'ébauche l'esquisse ? Ou inversement, hihihi...
- Gnn... ??
- Jarnicoton... Un papier et un crayon, mon brave, voulez-vous ?
Trois minutes plus tard, deux portraits plus moyenâgeux que robots, entrent en possession de la Police Nationale, personnifiée en l'occurrence par le lacunaire Commissaire Léfaicelui.
- ça ira comme ça madam...memoiselle, ne vous embêtez pas à sign… bon, signez si vous voulez oui.
- Je fréquente assidûment les cours de gouache appliquée de l’illustre Jean-Michel Bastia depuis sept ans maintenant, j’y ai d’ailleurs acquis le statut d’élève émérite pour la deuxième année consécutive pas plus tard que le mois dernier, permettez que je m’assure la pleine propriété de mes œuvres, ignorez-vous ce que sont les droits d’auteur mon brave ?
- Euh, non non…
- Sachez que je vous poursuivrai si des reproductions de mes œuvres venaient à s’échanger sous le manteau dans les commissariats de France et de Navarre…
- Nous allons effectivement afficher ces portraits dans l’ensemble de nos bâtiments.
- Alors j’aimerai que vous enregistriez ma plainte à votre encontre.
Léfaicelui l’observa immobile par dessus son écran pendant un laps de temps qui lui sembla durer des heures. Droite dans ses bottes, la témoin, devenue plaignante, tapotait calmement ses doigts sur son coude tout en défiant le flic du regard. D’un spasme venu du plus profond de son système nerveux, il empoigna le combiné avec un tel fracas que la chatte de Mademoiselle de la Pré de la Raie, jusque là très contenue, frémit d’effroi. Au même moment, l’interlocuteur décrocha.
- Navré d’avoir affolé votre chatte. Calmez-la s’il vous plaît, regardez comme elle tremble...
- Pardon commissaire ?
- Je parle à Mademoiselle de la Pré de la Raie, débile.
- Vous avez fait trembler sa chatte commissaire ?
- Mais taisez-vous à la fin ! Bon, je vais vous faxer la tronche du suspect, je vous préviens c’est une croûte, diffusez-la quand même partout, on sait jamais. Ah, et envoyez moi quelqu’un pour cueillir une forcenée dans mon bureau, Tibrulla s’il a fini de ramasser son bordel en salle de pause, tiens. Dites-lui de prendre son tonfa et de m’en ramener un pour moi aussi. Bisous !
Sur ce, le commissaire envoya voler le combiné qui s’explosa sur son socle, et laissa retomber ses deux mains, paumes ouvertes, sur le bureau métallique. Nouvelle suée pour la chatte, et une vive douleur que le commissaire parvint à contenir en comprimant ses molaires qu’il sentit s’enfoncer dans leurs gencives.
- Bon, à nous deux maintenant !