Message posté par bobbyschannoAh ! ah ! j'avais oublié ce fil de discussion... Est-ce que je laisse Polster avoir le dernier mot ? Non, il serait trop heureux.
Ça coince en réalité, ou dans le texte ?
Dans le texte, ça fonctionne super : une fois que le prolétariat a pris le pouvoir et collectivisé les moyens de production, l'Etat périclite et la lutte des classes disparaît. Alors, "à la vieille société bourgeoise avec ses classes et ses oppositions de classes se substitue une association dans laquelle le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous." Marx et Engels ont oublié la suite : "Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants." Parce qu'évidemment on ne voit pas pourquoi les prolétaires feraient ce que les bourgeois n'ont pas fait. Bref. En réalité, bien sûr que ça ne marche pas.
Cependant, pour revenir au socialisme des nazis, toute forme d’Etat hypertrophié et autoritaire n’est pas du socialisme. Le socialisme suppose, a minima, le nivellement des inégalités voire, carrément, la mise en place d’une société sans classes. Rien de tout cela dans le nazisme qui considère, au contraire, l’inégalité comme féconde : le combat pour la vie est le moteur de l’histoire. Ainsi, si le nazisme entend améliorer les conditions de vie des ouvriers et des paysans, ce n’est pas en expropriant les riches et/ou en redistribuant leurs richesses, mais en pillant les richesses des exclus de la Volksgemeinschaft. Comment Hitler entend-il rendre prospère la race ? Par la constitution, par l’épée, d’un empire en Europe de l’Est. Pas en redistribuant les richesses des possédants, ni en collectivisant les moyens de production. Dans le socialisme, l’ennemi est le riche. Dans le nazisme, l’ennemi est celui qui est hors de la Volksgemeinschaft (le Polonais, le Juif, le Slave, le communiste, etc.). S’il y a donc du socialisme dans le nazisme, j’ai du mal à en faire un socialisme (comme les autres) : les buts et certains moyens employés ne sont pas les mêmes.
Nan, sur le papier ça sent pas bon non plus. La conception de la liberté chez Marx est déjà problématique. Comme elle l'est chez JJ Rousseau. On a jamais trouvé mieux que la liberté "collective" pour détruire la liberté.
Pour le reste, tu avances des arguments auxquels j'ai déjà répondu. Pour résumer par une comparaison pourrie, je dirais que tu m'expliques qu'une Porche 911 n'à rien à voir avec une 4L. Sauf que lorsqu'on ouvre le capot, on y découvre un moteur qui fonctionne selon les mêmes principes. Ce que je veux dire par là, c'est que comme dirait un Pareto, il n'y a pas 10.000 façons de s'organiser pour faire face à la rareté des ressources. Il y a le plan ou le marché. J'ai déjà expliqué pourquoi l'économie nazi n'était plus une économie de marché. Donc si j'ai envie d'utiliser les termes de socialisme ou de collectivisme pour désigner l'économie nazi, je le fais, Little John. Il y a beaucoup plus de socialisme dans le nazisme que tu ne sembles le penser. Communisme, nazisme et fascisme, s'ils diffèrent dans leurs buts se rejoignent souvent sur les moyens.
Et je le fais d'autant plus avec plaisir, que tu prends l'URSS comme exemple d'économie socialiste ou collectiviste. Qui possédait les moyens de productions en URSS? Qui décidait de leur utilisation? L'Etat, c'est à dire en réalité ceux qui détenaient le pouvoir. Comme chez les nazis. La différence, c'est que les nazis n'avaient pas pris la peine d'abolir formellement la propriété privée. Parce qu'ils n'ont pas eu besoin, ils contrôlaient l'économie par la bureaucratie.
Sinon, on peut considérer que le terme de socialisme doit être réservé exclusivement à un système économique dans lequel la propriété des moyens de production appartient aux travailleurs qui décident eux-mêmes de ce qu'ils en font. Dans ce cas, je veux bien ne pas utiliser le terme socialisme pour désigner l'économie nazi. Si ça peut faire plaisir.