8 avril 1901, quelques milliers de personnes rassemblées autour de la pelouse du Cricketplatz dans le parc du Prater assistent à un drôle de spectacle. Cela à tout l'air d'un carnaval. De jeunes hommes portant perruques, fausses barbes et postiches s'agitent.
Et pourtant, il s'agit simplement d'un match de football. Certains le considèrent même comme fondateur pour les équipes du jour. La rencontre oppose en effet une sélection autrichienne (enfin presque) à une autre représentant la Suisse (mais composée de joueurs anglais et américains). Elle est arbitrée par Geo Fuchs, l'un des fondateurs du First Vienna et président de l'ÖFU, ancêtre de l'ÖFB.
Mais comment expliquer ces joueurs déguisés? Et qui sont ces Omlady, Mac John, Blooncy, Jan ou A.N.Other qui apparaissent sur la feuille de match? En 1901, le football est encore souvent mal considéré. Les élèves, par exemple, ne sont pas toujours autorisés à taper dans le cuir et à jouer dans des clubs. Aussi il leur faut faire preuve de créativité pour éviter d'être tancés leurs parents, professeurs ou employeurs.
Parmi les joueurs présents ce jour-là, on peut citer Johann "Jan" Studnicka, jeune prodige trapu aux jambes arcquées, considéré comme l'un des inventeurs du jeu offensif viennois grâce à ses dribbles imprévisibles. Max "Mac John" Leuthe, joueur, athlète, journaliste, caricaturiste, un des fondateurs de l'Austria avec Meisl, et qui contribua grandement à populariser le football à Vienne (et qui malgré ses amitiés avec des Juifs fricotera avec les nazis). Ou encore Wippi Nauss, militaire, gardien du WAC, titré en foot et water-polo, et qui contribuera aussi au développement du handball par la suite.
Bé, ça devait être bien pratique pour jouer, tiens !
Que le football fusse mal considéré dans les dernières années du XIXe siècle et les premières années du XXe, certes, mais de là à devoir se déguiser pour ne pas être reconnu... Il n'y a que dans un Etat policier digne de la Russie poutinienne que cela était nécessaire. Dans la France républicaine, l'on jouait à visage découvert. L'on jouait mal, mais librement !
Le Nauss a eu quelques désagréments à cause de sa passion pour le sport. L'armée l'a muté à Innsbruck à cause de ça. Et qu'a t-il fait là-bas? Il s'est investi dans le Fussball Innsbruck (dont l'un des fondateurs aurait aussi participé à la fondation du Bayern) et a ensuite été muté en... Herzegowina.
Quelques années encore après le premier match en 1894, les élèves et étudiants s'exposaient à des sanctions s'ils jouaient. Un Studnicka a commencé sa (longue) carrière à 15 ans (il jouait déjà dans un match de 1898 entre Autrichiens et Anglais de Vienne). Deux autres jeunes joueurs, Taurer et Huber, ayant débuté le football avec Studnicka dans un Jugendhort était aussi de la partie de 1901. Les trois joueront également le premier match "officiel" contre la Hongrie en 1902.
Voilà ! c'est bien ce que je disais : sous l'inique férule des Habsbourg, l'on risquait d'être envoyé aux galères pour s'être adonné à un innocent divertissement. Comment dit-on : "Quelle honte !" en allemand ?
Ma foi, c'était peut-être une bonne chose. En général, lorsqu'on dit à un Autrichien de faire quelque chose, on peut être sûr qu'il va faire le contraire. Et les sanctions s'expliquaient probablement aussi par la popularité du football chez les jeunes. Le souffreteux Stefan Zweig évoquait la passion de ses petits camarades pour ce jeu.
Et puis ont participé à la rencontre quelques personnalités un peu excentriques. Le Max Leuthe mérite le détour, malgré ses accointances avec les nazis. En cherchant, on trouve quelques unes de ses caricatures de joueurs (mais pas que, celle du soldat japonais vaut son pesant de cacahuètes, si j'ose dire...). Il a fait partie de ceux qui ont grandement contribué au développement du foot à Vienne par leurs multiples activités (joueurs, dirigeants, entraîneurs, journalistes...) On pourrait aussi citer les frères Meisl, Hugo et Willi. Ou encore Willi Schmieger. Lui aussi a eu sa part d'ombre d'ailleurs (il a même était en charge un temps du football sous le régime fasciste, nommé par Starhemberg).
PS: le Starhemberg, qui fut l'époux de l'immense actrice Nora Gregor. Et je crois que c'est aussi lui (ou son père?) qui fit inscrire sur ses cartes de visite, un magnifique "Anobli par Karl le Grand, désanobli par Karl Renner".
Le Max Leuthe mérite le détour, notamment pour ses accointances avec les nazis. Starhemberg, qui fut l'époux de la lamentable actrice Nora Gregor.
Me suis permis de corriger quelques erreurs dans ton texte.
(Remarque que la Gregor, si Renoir lui a confié un rôle si important, devait bien avoir quelque mérite. Je ne la connais que dans "La règle du jeu" où, il faut bien le dire, elle est nulle à chier. Mais avant cela, j'imagine qu'elle fut une actrice renommée en Allemagne et en Autriche, non ?)
Me suis permis de corriger quelques erreurs dans ton texte.
(Remarque que la Gregor, si Renoir lui a confié un rôle si important, devait bien avoir quelque mérite. Je ne la connais que dans "La règle du jeu" où, il faut bien le dire, elle est nulle à chier. Mais avant cela, j'imagine qu'elle fut une actrice renommée en Allemagne et en Autriche, non ?)
Ma foi, il semble qu'elle ait été une actrice de théâtre assez fameuse (elle a bossé avec Max Reinhardt notamment). Elle a même eu droit au titre de Kammerschauspielerin. Bon, être mariée avec Starhemberg a peut-être joué.
Si j'ai le temps - Dieu seul sait qu'il est précieux - je vais essayer de parler d'un autre bonhomme très intéressant aujourd'hui.
Bobby
En fouinant dans les vieilles affaires du père de ma compagne, on est tombé sur une douzaine de reliure de genre 200 300 pages du magazine l'Illustration.
J'ai pas eu le temps de tout mater mais ceux que j'ai feuilletes dataient de 1913 à 1917.
Superbe état. Vraiment magnifique trouvaille.
Je connaissais pas ce magazine. J'ai vu rapido que la ligne éditoriale était plutôt libérale.
Tu peux m'en dire plus?
En fouinant dans les vieilles affaires du père de ma compagne, on est tombé sur une douzaine de reliure de genre 200 300 pages du magazine l'Illustration.
J'ai pas eu le temps de tout mater mais ceux que j'ai feuilletes dataient de 1913 à 1917.
Superbe état. Vraiment magnifique trouvaille.
Je connaissais pas ce magazine. J'ai vu rapido que la ligne éditoriale était plutôt libérale.
Tu peux m'en dire plus?
L'Illustration, sous la Troisième, c'était un des gros tirages de l'époque. Mais je connais mal.
Les numéros doivent avoir été numérisés sur Gallica.
L'Illustration, sous la Troisième, c'était un des gros tirages de l'époque. Mais je connais mal.
Les numéros doivent avoir été numérisés sur Gallica.
Yep. Merci. Pas certain d'une énorme valeur par contre objet magnifique. Toute une série de portraits au tableau d'honneur de la guerre 14-18.
Bon, j'ai fini par pondre mon texte sur Vignal. Je voulais aller à Béziers (et à Sète) pour m'imprégner un peu des lieux et voir le stade que je mentionne en intro. Mais vu le temps, ce ne sera pas pour tout de suite. Il me manque encore un joli titre (mais j'ai de belles citations) et l'intro me paraît nulle. Bref...
René Vignal
« Il reste d’un homme ce que donnent à songer son nom, et les œuvres qui font de ce nom un signe d’admiration, de haine ou d’indifférence. »
Paul Valéry, Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, 1894.
Depuis 2015, le terrain d’honneur – dit terrain n°2 – du complexe sportif de la Présidente à Béziers porte le nom de René Vignal. Une plaque apposée à l’entrée nous rappelle que Vignal joua deux saisons à l’AS Béziers (1942-1943 et 1958-1959), qu’en temps que gardien de but il revêtit 17 fois la tunique tricolore entre 1949 et 1954, enfin qu’il était surnommé « le gardien volant ». Sécheresse des faits, des chiffres, qui masquent un destin hors du commun.
De Béziers à Paris : l’ascension sociale par le football (1926-1949).
« C’est à Paris que l’on passe ses examens, c’est à Paris que l’on soutient sa thèse et que l’on est couronné. Ou détruit. »
René Vignal, Hors jeu, 1978.
René Vignal est né en 1926, à Béziers, dans une famille « d’ouvriers aisés » (Denis Baud). C’est le deuxième de trois enfants. Adolescent turbulent, rétif à l’autorité, il était – comme il le confie en 2013 au magazine So Foot – « le « Matou » […]. Celui qui ne fait que des conneries. » Il s’essaie alors à la boxe, au vélo, se passionne pour la Coupe du monde en France – en particulier pour le gardien français Di Lorto. Peu appliqué à l’école, il obtient tout de même le certificat d’études.
En 1941, alors qu’il a 15 ans, René Vignal s’inscrit à l’AS Béziers où il débute comme avant-centre. S’il est très bon dans ce rôle, il impressionne encore plus lorsque – au cours de la saison 1943-1944 – il remplace le gardien de l’équipe ayant eu maille à partir avec la gendarmerie.
A la Libération, Pierre Cazals le recrute à Toulouse et lui fait signer son premier contrat professionnel. A 18 ans, René Vignal gagne déjà plus que ses parents : 45 francs par mois, plus les primes de matchs. C’est le début d’une formidable ascension sociale par le sport. Dans la Ville rose, Vignal achète un bar rue Gambetta qu’il confie à ses parents. Il leur offre aussi une maison dans le quartier des Minimes. Il flirte avec Janine Lozes, fille unique d’un industriel toulousain et dirigeant du TFC.
En 1947, c’est le grand Racing de Paris qui lui fait un pont d’or. Alors qu’il est blessé, le club francilien offre une indemnité de transfert de 1 450 000 francs au TFC. Lucien Gamblin, dans France Football du 14 août 1947, fustige cette opération : « L’esprit de club a complètement disparu. L’argent l’a tué. On en est arrivé à citer comme un phénomène le footballeur professionnel qui a plus de cinq ans de présence dans un même club. »
Chez les Pingouins, Vignal fait partie d’une équipe offensive, mise en scène par l’entraîneur Paul Baron. Celui-ci a développé un nouveau style de football, qu’on appelle couramment le « tourbillon ». Vignal le décrit ainsi : « A l’opposé des méthodes de l’époque, qui recommandent de surveiller étroitement son opposant, de garder sa place contre vents et marées, notre entraîneur a instauré la permutation dans l’équipe, la cavalcade, une sorte de jeu des quatre coins incessant. »
C’est un style qui convient tout à fait à Vignal, qui est lui-même un acrobate qui tient difficilement en place : « Très aérien, il n’hésite pas à sauter poings levés pour détourner une belle ou à plonger directement dans les jambes de ses adversaires. Il reste rarement sur sa ligne de buts et va souvent au-devant des attaquants adverses. Ainsi, il exerce son rôle non comme un défenseur qui attend qu’on lui envoie la balle mais comme un attaquant qui va chercher le ballon, qui avance à son contact » (Denis Baud).
A Paris, René Vignal s’installe d’abord avec ses parents rue Ampère, dans le confortable dix-septième arrondissement. Puis, en 1949, il connaît une triple consécration : d’abord, la victoire en Coupe de France avec le Racing ; puis, le mariage avec Janine ; enfin, les premières sélections en équipe de France.
Devenu une figure médiatique importante, Vignal étrenne effectivement le maillot bleu à l’occasion d’une défaite 4 buts à 1 à Rotterdam le 23 avril. Quatre jours plus tard, le 27 avril, il garde encore les cages de l’équipe de France à Hampden Park. C’est là, devant 135 000 spectateurs électrisés, qu’il réalise la plus grande performance de sa carrière. Bien que les Français soient finalement défaits 2-0, Vignal multiplie les arrêts de grande classe et la presse britannique lui rend alors hommage en le surnommant « The flying Frenchman ». Un surnom qui le suivra toujours.
Après son mariage, Vignal s’installe avec son épouse et ses deux enfants dans un pavillon à Argenteuil. Il acquiert aussi une propriété avec terrain de tennis à Villemur-sur-Tarn.
De Paris à Toulouse : la chute (1950-1978).
« Je savourais orgueilleusement une sorte de revanche des pauvres sur les nantis ».
René Vignal, Hors jeu, 1978.
Vedette médiatique, successeur désigné de Julien Darui dans les bois de l’équipe de France, époux et père de famille, propriétaire de plusieurs biens immobiliers, René Vignal aborde les années 1950 avec une confiance sans doute bien assise.
Homme de scène, homme de spectacle, il brûle néanmoins la chandelle par les deux bouts. Terriblement orgueilleux, il veut être aimé. Il fréquente alors le Tout-Paris, fait la fête jusque tard le soir. Grisé, Vignal oublie qu’une telle hygiène de vie n’est pas compatible avec le football de haut niveau : ajoutées à son style acrobatique et dangereux, ces longues virées nocturnes favorisent les blessures et l’usure prématurée de son corps.
Depuis 1952, René Vignal s’est trouvé un comparse pour l’accompagner dans la tournée des grands-ducs : Yeso Amalfi, un Brésilien passé par Sao Paulo, Boca Juniors, Penarol, Nice, le Torino, Monaco, et que le Racing vient d’embaucher. « Un personnage de légende beau et talentueux, astiqué et désinvolte », se souvient Vignal.
D’un an l’aîné de Vignal, Amalfi est le fils d’un des plus importants pharmaciens de Sao Paulo. Doué à l’école, il devait prendre la succession de son père. Mais, également doué pour le sport et d’esprit fantasque et aventureux, il s’oriente finalement vers le football. S’il joue, ce n’est donc pas pour l’argent, par désir d’ascension sociale ou de revanche comme Vignal ; c’est uniquement pour le plaisir.
Lorsqu’il arrive à Nice, en 1950, c’est avant tout pour découvrir la vie mondaine de la Côte-d’Azur. Il choisit ses matchs, s’entraîne quand bon lui semble. Toutefois son talent est tel que cela suffit à en faire un des maillons essentiels de l’équipe qui remporte le premier championnat de France de l’histoire du club niçois. Et sa classe est si évidente qu’il fait véritablement l’objet d’un culte, recevant les acclamations du public, faisant les quatre cents coups.
Rentré au Brésil une fois sa carrière terminée, Yeso Amalfi est revenu en France au milieu des années 1990 à l’occasion d’une réunion des anciens joueurs de Cannes, Nice et Monaco. Jean-Claude Larrieu, dans le So Foot 87 de 2011, se souvient : « Il était là, en tribune en tant qu’invité d’honneur. Puis, à la mi-temps, il est descendu sur la pelouse. Il s’est mis pieds nus et a frappé trois coups francs. Il a mis une barre et deux lucarnes. Il était en costume, et il avait bien 70 balais. C’est la première fois que je voyais un extraterrestre. »
A Paris, Vignal et Amalfi sont donc les rois de la nuit. Le Racing connaît des résultats décevants – avec même une saison en D2 en 1953-1954 – mais Vignal continue d’être appelé régulièrement en équipe de France. Il est même convoqué pour la Coupe du monde en Suisse. Néanmoins, à l’occasion d’un match de barrages d’accession à la D1, Vignal se fracture le poignet. C’est la blessure de trop. Non seulement il ne participe pas à la Coupe du monde, mais il est incapable de retrouver un niveau digne de ce nom. A 28 ans, sa carrière est déjà terminée : il y met un terme définitif après un amical à Barcelone le 17 avril 1955.
Désœuvré, Vignal continue néanmoins à sortir. Il ne peut cependant plus assumer son train de vie festif et il accumule les dettes. Sa vie familiale se délite aussi, et Janine demande le divorce.
Dès 1957, l’ancien international trempe dans une histoire de racket et est condamné pour complicité d’extorsion de fonds. Il quitte alors Paris et revient à Béziers où il achète un bar. Il reprend une licence à l’AS Béziers lors de la saison 1958-1959 et, à l’occasion d’un match de D2 contre le CAP, il rencontre son ancien compère Yeso Amalfi.
Après un passage dans le Service d’action civique du général de Gaulle, Vignal continue de fréquenter des milieux troubles et écope d’un an de prison ferme pour proxénétisme : il est incarcéré à Pau en 1967.
De 1968 à 1970, il est représentant en champagne chez Ruinart, ce qui lui permet de vivre confortablement et de faire régulièrement la tournée des bars et des boîtes. Mais, en même temps, il se lance dans une série de cambriolages. Ce n’est donc pas l’argent qui le pousse dans cette voie, mais le goût du risque, le défi, l’adrénaline que le crime lui procure : « Les risques, c’est mon soleil, mon pain et mon air à respirer. » Plus loin, il dit n’envisager les cambriolages « que sous l’angle de l’exploit purement sportif ». C’est un acte gratuit, un succédané à la pratique sportive de haut niveau, une manière de satisfaire son orgueil.
A partir de l’été 1969, donc, Vignal s’impose comme le meneur d’une bande de six cambrioleurs. Du 28 juin 1969 au 16 mai 1970, ces hommes réalisent vingt-sept cambriolages à main armée (supermarchés, banques, PMU…). Arrêté en flagrant délit à Bordeaux, Vignal écope d’une peine de 15 années dont il ne purge finalement que 8 ans. C’est à la maison d’arrêt de Muret, dans la banlieue de Toulouse, que l’ancien gardien de but est incarcéré. Sur place, il crée et anime la section football au sein de l’association sportive de la prison. Relâché en 1978, Vignal mène ensuite une retraite paisible jusqu’à son décès en 2016 (deux ans après son compère Yeso Amalfi).
Littérature :
- Denis Baud, René Vignal le goal volant, 2016.
- René Vignal, Hors jeu, 1978.
- So Foot, hors-série 7, hiver 2013.
- So Foot, 87, juin 2011.
- Yvan Gastaut, « Yeso Amalfi (1950-1951), une vedette brésilienne à l’OGC Nice », Hommes & migrations, 2010.
Magnifique !
Cependant, un léger bémol. C'eût été parfait s'il y avait eu un passage sur la Collaboration. On veut tous en sachoir un peu plus sur cette période.
Magnifique !
Cependant, un léger bémol. C'eût été parfait s'il y avait eu un passage sur la Collaboration. On veut tous en sachoir un peu plus sur cette période.
Vous êtes trop bon, monsieur.
Concernant l'Occupation, il y a de belles histoires. Mais elles ne sont pas documentées. Le père de René aurait été proche des milieux résistants. René lui-même a failli être un héros... Sa mère a même hébergé une juive. René en est évidemment tombée amoureux. Lorsque la Gestapo est venue frapper à la maison, René s'est enfui avec la demoiselle par une fenêtre à l'arrière de la maison...
On dirait un film, hein ? Ben oui, c'est le problème : c'est trop romancé pour être vrai. Mais si on ne donne un document authentifiant ce récit, je suis preneur.
Source de ce roman : entretien de Denis Baud avec Vignal le 30/12/2013. René avait sans doute commencé la Saint-Sylvestre 24 heures trop tôt...
Vous êtes trop bon, monsieur.
Concernant l'Occupation, il y a de belles histoires. Mais elles ne sont pas documentées. Le père de René aurait été proche des milieux résistants. René lui-même a failli être un héros... Sa mère a même hébergé une juive. René en est évidemment tombée amoureux. Lorsque la Gestapo est venue frapper à la maison, René s'est enfui avec la demoiselle par une fenêtre à l'arrière de la maison...
On dirait un film, hein ? Ben oui, c'est le problème : c'est trop romancé pour être vrai. Mais si on ne donne un document authentifiant ce récit, je suis preneur.
Merci beaucoup Bobby. Au fond on s’en fout de la réalité de ce qu’il a vécu durant la guerre, ce que tu en imagines nous intéresse tout autant.
Merci beaucoup Bobby. Au fond on s’en fout de la réalité de ce qu’il a vécu durant la guerre, ce que tu en imagines nous intéresse tout autant.
Arf ! screugneugneu, j'aime bien raconter des histoires et j'aime bien même rapporter des récits probablement inauthentiques ou sûrement apocryphes, lorsqu'ils font "couleur locale", mais parfois le métier reprend le dessus... Et face à ce qui ressemble trop évidemment à une fable, je sors le scalpel !
Merci Bobby. Vignal, grand fan de tauromachie.
Sinon, il vaut le coup le bouquin? Perso, suis plus littérature boxe en ce moment. En particulier sur Kid Pembele. Un colombien élu sportif du siècle dernier en Colombie.
Étonnement Vignal ne tient pas les cages en 1949. Lors des matchs de qualif face à la Yougoslavie de Bobek. C'est Ibrir le titulaire.
Ibrir qui avait remplacé Vignal dans les buts toulousains.
Ibrir sera l'ainé de l'équipe FLN en 58. Pas loin d'avoir 38 ans. Et retraité depuis plusieurs saisons. Mais son prestige imposait sa présence dans le groupe.
Même si le titulaire sera la plupart du temps Boubekeur de Monaco.
Merci Bobby. Vignal, grand fan de tauromachie.
Sinon, il vaut le coup le bouquin? Perso, suis plus littérature boxe en ce moment. En particulier sur Kid Pembele. Un colombien élu sportif du siècle dernier en Colombie.
Étonnement Vignal ne tient pas les cages en 1949. Lors des matchs de qualif face à la Yougoslavie de Bobek. C'est Ibrir le titulaire.
Ibrir qui avait remplacé Vignal dans les buts toulousains.
Ibrir sera l'ainé de l'équipe FLN en 58. Pas loin d'avoir 38 ans. Et retraité depuis plusieurs saisons. Mais son prestige imposait sa présence dans le groupe.
Même si le titulaire sera la plupart du temps Boubekeur de Monaco.
Vignal était inconstant et souvent blessé. Et Ibrir, moins fantasque et plus expérimenté, avait les faveurs de la presse.
Le Baud se lit vite et est assez sympa :
Denis Baud, René Vignal le goal volant, 2016 : Biographie agréable à lire.
Bien écrit, ce récit d’une vie se lit d’une traite. Un beau carnet de photos en noir et blanc accompagne l’ensemble et contribue au plaisir de la lecture. On en apprend beaucoup sur René Vignal, que l’auteur a rencontré et sur lequel il s’est largement documenté, et sur des anecdotes d’époque (notamment à propos des joueurs Albert Gudmundsson, Yeso Amalfi ou Jean Le Bidois).
Eclairant aussi le contexte, Denis Baud se laisse alors aller à quelques facilités et erreurs. Ainsi, entre autres, note-t-il qu’en 1951 l’Angleterre n’avait encore participé à aucune Coupe du monde ; ou bien véhicule-t-il le mythe d’un boycott politique de Cruyff au Mondial 1978. Ce ne sont pas que des détails.
Le témoignage de Vignal est moins agréable à lire et est nettement plus long :
René Vignal, Hors jeu, 1978 : "Je savourais orgueilleusement une sorte de revanche des pauvres sur les nantis."
Alors en détention à Muret, l’ex-gardien de but international devenu malfrat s’est confié à Francis Huger. Il en est ressorti un épais livre de souvenirs, de plus de 300 pages, dans lequel Vignal revient sur sa jeunesse, décrit sa fulgurante ascension de Béziers à Paris en passant par Toulouse, puis la période vague et maussade où – ayant dû arrêter le football professionnel à 28 ans – il se cherchait une reconversion, enfin le basculement dans la criminalité.
Le récit est assez agréable à lire et ne manque pas d’éclairer plus largement le contexte de l’époque, que ce soit à propos du football des années 50 et de quelques grandes figues comme Yeso Amalfi ou Thadée Cisowski, ou bien des conditions d’incarcération en France dans les années 70.
Orgueilleux en diable, parfois revanchard et injuste, parfois lucide sur lui-même, Vignal illustre parfaitement – à travers son parcours – la maxime inscrite page 49 : "C’est à Paris que l’on passe ses examens, c’est à Paris que l’on soutient sa thèse et que l’on est couronné. Ou détruit." Finalement, tel Icare, à trop s’approcher du soleil Vignal s’est brûlé les ailes.
Hop, hop, hop, sautons dans la Time Machine. Notre destination: Vienne. Année 1910.
Un jeune homme est assis seul dans les gradins du Rudolfsheimer Sportplatz. Il tire de sa poche un journal, le défroisse, et jette d'abord un rapide coup d'oeil à la mise en page. Déformation de typographe. Puis son attention se porte sur les articles de la première. Voila quelques semaines déjà que le bon maire Lueger est mort et on n'a rien de trouvé de mieux que de choisir un type sourd comme un pot pour le remplacer. Notre protagoniste ne s'attarde pas longtemps sur les récits des délibérations absurdes. Il passe au feuillet suivant. Son attention se porte sur un article évoquant la construction prochaine d'un nouveau marché à proximité du réservoir d'eau municipal de Rudolfsheim. Il soupire, son regard s'égare un instant sur le terrain désert devant lui. Puis il se replonge dans son journal. Il tourne les pages, cherche celles des sports, les trouve enfin. Il est question de la création d'un nouveau championnat de football à l'instigation d'Ignaz Abeles, le président de la fédération de Basse-Autriche et dirigeant de l'ÖFV. Lorsqu'il ne tapait pas dans la balle avec le DFC, Abeles n'était-il pas l'assistant du fameux Zuckerkandl à Prag? Une famille à portraits sans doute. En tous cas, il ne s'agit pas du premier essai. Un championnat, appelé Wiener Tagblatt-Pokal et organisé par l'ÖFU, a existé au début du siècle. Le Wiener AC l'a remporté à trois reprises, mais leurs adversaires estimant que l'Union penchait un peu trop en faveur des Athletiker ont préféré voir ailleurs. L'ÖFU est mort, vive l'ÖFV! Mais il était question d'argent aussi. En réalité, les matchs amicaux face à des équipes étrangères remplissaient davantage les caisses que ceux du championnat. Il faut être prudent donc, mais cette fois-ci, les choses sont différentes. La plupart des clubs ont besoin d'argent et de rentrées régulières. Et les clubs pionniers sont en crise. Il est question de scissions au sein du WAC et du Cricket.
Mais passons, c'est encore une autre information que recherche notre jeune homme et il la trouve à la page suivante. Là, enfin. L'article traite des déboires du Rapid. La ville a mis fin à la location du terrain de Rudolfsheim pour construire un marché. C'est qu'il faut nourrir le peuple de Vienne. De toute façon, le club n'a plus les moyens de la payer. Il est endetté... à cause notamment des travaux réalisés en 1907 pour construire une tribune et mettre à niveau le terrain qui accusait une différence de deux mètres d'un but à l'autre. Et devant les difficultés, une partie des dirigeants et des joueurs ont mis les voiles. Le pire est-il possible? Es kann dir nix geschehen. Tout de même, c'est un crève coeur que de devoir quitter Rudolfsheim. On raconte que si le Rapid a troqué le rouge et bleu pour le vert et blanc, c'est parce que ces couleurs figurent sur le blason de Rudolfsheim. Bon, on raconte aussi, que la vérité est autre. Que c'est l'arrêt de bus du coin, vert et blanc, qui en est la cause. À moins que les couleurs ne soient passées au lavage. On raconte beaucoup de choses en fait. Le scribouillard dresse la litanie des ennuis du Rapid et précise que le club a désigné un nouvel entraîneur et Sektionsleiter. Un jeune homme de 22 ans, ancien joueur au talent modeste, du nom de Dionys Schönecker. Un large sourire s'étire sous la fine moustache de notre protagoniste. Il referme le journal, le roule, le glisse dans une poche, et se lève.
Dionys traverse une dernière fois le terrain de Rudolfsheim. Pour la plupart des observateurs, la cause est déjà entendue. Et pourtant, c'est bien mal connaître le personnage, car dans ce chaos, Schönecker voit les possibilités. Le garçon a une ambition, simple et démesurée, celle de faire du Rapid le plus grand club d'Europe. Un fou? Presque, un visionnaire. Schönecker sait que le club recèle des jeunes talents et il compte bien s'appuyer sur eux. Il se dit que le jeune Kuthan a déjà l'étoffe d'un capitaine. Et une soeur des plus charmantes. Il a aussi son idée sur la façon, dont son équipe va jouer. Un jeu de passes à l'écossaise, mais comme on a déjà commencé à le pratiquer sur les bords du Danube. Des passes courtes et rapides vers l'avant. Mais avant tout, des individualités au service du collectif. Le Rapid est un club d'ouvriers. Leur équipe doit avoir les mêmes valeurs. Gemeinsam. Kämpfen. Siegen. Dionys s'imagine déjà débutant ses discours par un "Mein Herren, wir sind Arbeiter, und als Arbeiter müssen wir arbeiten!".
Mais chaque chose en son temps. Le Rapid a besoin d'un nouveau stade. Dionys sourit encore. Son frère Eduard, ancien joueur international et athlète olympique, est aussi architecte. Il a déjà conçu le stade du WAF. Le garçon ne devrait pas être difficile à convaincre. Mais avant le stade, il faut un d'abord un terrain. Et notre Schönecker a sa petite idée sur le sujet. Il a entendu parler d'un emplacement disponible situé un peu plus à l'ouest à Hütteldorf. Le tout appartient à l'évêché de Salzburg, mais moyennant un loyer modique et quelques places gratuites, l'affaire devrait se conclure. Et ce déplacement vers l'ouest pourrait avoir d'autres avantages. Là encore, le jeune Schönecker a une idée derrière la tête. Hütteldorf, un endroit verdoyant où l'on trouve des demeures de personnages fortunés. Des artistes, des médecins, des entrepreneurs... Et si tout ce joli petit monde devenait membre du Rapid?
Schönecker n'en finit pas de sourire. Dans ses pensées, il n'y a déjà plus de place pour le stade de Rudolfsheim. Il est tourné vers l'avenir. Mais soudain, Dionys s'arrête au milieu du terrain et se tourne vers la tribune de bois. Ce serait un gâchis que de la laisser ici. Pourquoi ne pas la faire démonter et partir avec? Et Mr. Rapid se remet en marche.
En 1912, le Rapid remportera à la surprise générale la première édition du nouveau championnat d'Autriche. Après avoir joué tous les matchs aller à l'extérieur et les retour à domicile en raison de la construction du nouveau stade, le Pfarrwiese. Avec une belle tribune.
Bigre, je me rends compte que j'ai écrit "Il a déjà conçu le stade du WAF". Et le WAF est né d'une scission du WAC en 1910... Z'étaient vraiment des visionnaires ces Schönecker.
Bigre, je me rends compte que j'ai écrit "Il a déjà conçu le stade du WAF". Et le WAF est né d'une scission du WAC en 1910... Z'étaient vraiment des visionnaires ces Schönecker.
Hs les gars:
Je connaissais pas l’histoire de Billy meredith.
Lu sur « le corner du foot et des histoires « .
Il est sympa ce site ,il parle un peu de toutes les époques.
Hs les gars:
Je connaissais pas l’histoire de Billy meredith.
Lu sur « le corner du foot et des histoires « .
Il est sympa ce site ,il parle un peu de toutes les époques.
Oui. Je mate ce site assez souvent. Y'a parfois des sujets un peu inédits. Sympa. Ils doivent sortir une version magazine.
Manque de lecteurs pour échanger par contre. Dommage.
Dans la carnavalesque rencontre de 1901 que j'ai évoquée, il y avait un certain Edward Shires, qui a joué pour l'Autriche.
Il me semble que le bonhomme a aussi participé à l'entraînement des ouvriers/joueurs du Rapid, mais il est surtout connu pour son apport au football hongrois. En fouinant un peu, je suis tombé sur ces deux articles en anglais.