Message posté par NSOLSur le putsch d'Alger, je n'ai pas rédigé 30 pages en Allemand sur le sujet, mais je me souviens d'un prof d'histoire que j'adorais. Je n'ai jamais vraiment su s'il était Gaulliste ou Marxiste-Léniniste, lui-même sans doute ne le savait-il pas.
Son prénom était déjà la marque d'un homme peu habituel : il s’appelait Marcel-Nicolas. Petit, un mètre soixante-dix sans doute. Le crâne chauve, presque entièrement dégarni, rasé sur les bords. Une marche un peu voûtée. Et une voix retentissante, puissante, splendide.
Il rentrait dans la classe, posait son manteau noir sur la patère, retirait son écharpe rouge, insérait ses premières diapositives sur l'écran, s'éclaircissait la voix. Je me souviendrais toujours de ce début de cours, cela devait être au mois de décembre, peu avant Noël.
Au lieu de s'asseoir à son bureau, il prend sa chaise et la déplace devant le tableau. Il monte dessus, et commence, sans aucune notes, avec sa voix grave et rude, d'un homme qui a vécu :
"Un pouvoir insurrectionnel s'est établi en Algérie par un pronunciamento militaire."
Au lieu de prendre des notes, nous le regardons tous, les yeux ébahis par ce hussard de la République qui se prenait pour De Gaulle. Qui nous faisait revivre De Gaulle.
"un quarteron de généraux en retraite"
Cette phrase, je m'en souviendrais toute ma vie. Plus un bruit ne retentissait dans la salle.
Hélas ! Hélas ! Hélas ! Par des hommes dont c'était le devoir, l'honneur, la raison d'être de servir et d'obéir."
Après avoir prononcé ces quelques mots, il est allé se rasseoir. Nous avons applaudi. Jamais je n'ai autant suivi avec attention des cours qu'avec ce professeur. Les "évènements d'Algérie", il nous les faisait revivre, et nous donnait le goût de l'Histoire.
Aimer l'Histoire. Aimer les grands Hommes. Aimer connaître, apprendre, vivre, revivre, oublier pour comprendre, relire pour reprendre. L'Homme va mourir. Mais ces professeurs, eux, ne mourront jamais. Car c'est eux, l'Histoire. Et l'Histoire ne meurt pas.
C'est beau, très beau! J'espère que je serai à la hauteur de ce genre d'espérance! Puis cette ultime phrase que tu nous lâche et dont le parallèle avec la sentence foucaldienne du Mots et des Choses donne une splendide profondeur!
Pour les présentations apportées suite à la question de Fred : il y a un coup d'état en 58 et un putsch en 61. Pour préciser car la caractéristique des deux événements est semble-t-il confondue.
Quand le coup d'état semble lié à l'accession au pouvoir de De Gaulle (dans le sens où il aurait fomenté au moins indirectement le truc). On interprète à mon sens à tort l'espoir de De Gaulle, le coup d'état est plutôt pour préserver l'Algérie fr alors que De Gaulle n'a à aucun moment émis un avis radical sur la question, il n'est donc pas le plus désigné dans ce cas de figure. Ce qui le désigne c'est son CV, son aura, et quoi de mieux qu'un militaire pour en calmer d'autre quand un gouvernement pacifiste-socialiste s'y retrouve confronté.
Le putsch par contre vise à le renverser au moment où débutent les entretiens d'Evian, avec même un attentat contre lui par la suite.
J'attirerai votre attention sur un fait qui m'a semblé très curieux. En allant vérifier la date des pourparlers d'Evian j'ai erré sur ce qui constituait les informations sur la guerre d'Algérie sur Wikipédia, vous remarquerez comment la plupart des articles "décisifs", "tendancieux"... sont incomplets et imprécis.