Message posté par O Alegria Do Povo
Pour ma modeste contribution, point de tombe et certainement pas l’ombre d’une épitaphe. Juste un trou commun, retour naturel et impeccable de nudité à la terre qui m’a engendré.
Le retour à la nature. Grand fantasme de l'Homme moderne, qui a fait de sa vie l’œuvre de la transformation d'un monde qui ne lui ressemble plus. Pourtant, au moment final, au moment funèbre, au moment funeste, l'Homme sait. L'Homme sait. Il sait que tout est fini, il sait que tout s'arrête, que son existence n'est plus, que ses œuvres de vie ne seront plus que des souvenirs à jamais. Et dans un dernier râle, il crie et prie un retour à la nature.
"Et Holopherne offrit trois-cent de ses enfants à Judas en holocauste"
Le feu détruit l'Homme endormi, dans son cercueil que l'on nomme pudiquement dernière demeure mais qui n'est rien de plus qu'un amas de planche qui s'en va pourrir entre les vers, qu'un amas de petits copeaux qui vont brûler comme brûlent les étoiles à l'infini. Mais par l'action destructrice du feu, la création reprend. De poussière, l'Homme est devenu soi. De soi, l'Homme redevient poussière. En quelques secondes, fidèles et lentes. Contraste saisissant entre le feu qui consume lentement les chairs et les larmes qui coulent sur les joues des proches du corps, de son vivant.
"Holopherne eut pour mission de châtier les peuples de l'Ouest. Il assiégea Béthulie pendant cent jours et cent nuit avant d'être ensorcelé par la beauté de Judith."
Onfray a fait le deuil de la mélancolie. Le deuil d'un proche passe comme passent les étoiles. Le corps était là, bien vivant. Quand il arrête de s'animer, il disparaît mais reste ironiquement présent. Sa présence, présente, est gênante. Pris dans le feu de sa vie, il n'a pas vu son temps s'arrêter. Et quand tout s'arrête, il n'est plus. Pour les proches, il est sans être, il n'est plus tout en étant. Etrange dilemme de la mort. Etrange condition du corps, qui en passant de vivant à mort est redevenu nature tout en la quittant.
"Holopherne eût cent fois tort. Et son tort le plus grand fut de se laisser tomber dans les bras de Judith, qui l'égorgea sans pitié."