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Feel Good Inc.

Le topic de la bonne humeur et des goods vibes... Le topic de l'amour et de la camaraderie... Un topic Sydney Govou, en quelque sorte.
Dark Vador entre dans une boulangerie. Qu'est-ce qu'il commande ?
Trois pains et deux tartes tatin.
Parce que PAIN PAIN PAIN, TARTE TATIN TARTE TATIN!
J'ai 30 ans depuis quelques jours et je le vis bien. C'était donc le topic idéal pour le dire. Je risque de prendre un coup de vieux le 9 mai prochain quand on fêtera les 20 ans du titre du RC Lens mais c'est la vie.

La vie n'est pas belle tous les jours mais il existe des raisons de sourire. Vous lire sur ce forum en fait partie mes amis.
Et c’était une raison pour que Môôsieur aille déglinguer le taupic Présentation ?

(putain ces hooligans lensois qui ne respectent rien : tu me réciteras 20 fois « je te salue Guy Roux, plein de grasses ... »)

((bonne trentaine ... quand même))
Haha c'est vraiment ma faute? J'ai effectivement vu que ça buguait mais pour le coupable je pencherait plutôt pour le stagiaire programmeur de chez So Foot. Et astuce de grand-mère: en enlevant le plein écran le bug disparaît.

Tu m'as l'air tendu mon Lamine. T'inquiète ça ira mieux quand le PSG aura glané une glorieuse Coupe de France contre Chambly. Vous pourrez même faire passer ça pour un derby, elle est pas belle la vie?

(merci à toi)
Message posté par Don't mess with Tonygoal
Haha c'est vraiment ma faute? J'ai effectivement vu que ça buguait mais pour le coupable je pencherait plutôt pour le stagiaire programmeur de chez So Foot. Et astuce de grand-mère: en enlevant le plein écran le bug disparaît.

Tu m'as l'air tendu mon Lamine. T'inquiète ça ira mieux quand le PSG aura glané une glorieuse Coupe de France contre Chambly. Vous pourrez même faire passer ça pour un derby, elle est pas belle la vie?

(merci à toi)


(il ne faut pas utiliser la fonction « répondre » pour les messages qui comportent plus d’une citation – comme celui du Hum-Titi par exemple – c’est ce qui fait sauter les taupics)

Personnellement, un triplé national me remplirait de joie après une saison 16-17 bien maussade et des investissements estivaux fort conséquents, vous en conviendrez j’espère.
Paraît que c’est le topic de la bonne humeur ici-bas alors c’est là que je veux parler.

J’ai perdu ma grand-mère cette semaine. Ce n’était plus rien qu’une petite bonne femme raccrapotée par le temps, devenue minuscule et presque insignifiante, mais c’était ma mémé. La femme qui m’a éduqué quand mes parents se sont déchirés, la femme qui m’a nourri quand j’avais faim et qui a réussi l’exploit de m’ouvrir l’appetit quand je vomissais le monde entier.

Qu’une telle force de la nature se soit incarnée dans une si menue portion d’humanité, si peu disposée à l’accueuillir, me bouleverse et me bouleversera encore longtemps - et j’y tiens car ça me rend profondément vulnérable mais aussi profondément vivant.

Elle est née à Premia De Mar dans la banlieue barcelonaise, un village où j’ai passé une grande partie de mes vacances d’enfant. Ça sentait les égouts et la lessive, et aussi incroyable que cela puisse paraître, ça sentait bon. A tel point qu’aujourd’hui lorsque je sens l’odeur d’une remontée d’égouts rance, je suis pris d’une irrésistible nostalgie.
C’était une petite maison dépouillée mais bien foutue, avec un patio doté d’un lavoir où j’adorais me plonger après une journée à la plage. On s’y jetait avec mes frangins et mes cousins, dans l’eau saumâtre des lessives, et on y jouait des heures durant avec de minuscules soldats subaquatiques jusqu’à avoir la peau flétrie comme des momies.

C’était une maison de femmes. Je ne sais si c’est important de le signaler, mais c’était le cas. Mes arrières-grands-parents ont eu 8 filles. Que des filles. Et dans cette maison régnait la bienveillance parfois pénible pour un jeune mâle de l’omnipotente matriarcale. Moi, ça m’a apprit très vite le goût du vol et de la mascarade. Surtout le goût de la dérobade.

Parce qu’elles ont duré mes harpies d’amour, et qu’elles sont toujours restées liées par je-ne-sais-quel lien. Elles avaient un tel sens de la famille que c’en était presque castrateur. Il y a quelque chose de violemment grégaire dans mon sang dont j’ai toujours voulu m’échapper.

Elles ont vécues, elles se sont dispersées sous le Franquisme, et c’est grâce à ça que j’ai vu le jour, en Normandie putain ! Ma grand-mère aurait préféré s’arrêter à Marseille, mais à l’époque la primauté était aux rapatriés pieds-noirs. Du coup elle s’est échouée à Sotteville-les-Rouen, où ma mère a vu le jour et a rencontré mon père.
Je sais pas pourquoi je donne autant de détails, mais elle y tenait à son histoire alors je me fais sa voix.

J’ai rarement été aussi triste et aussi serein à la fois. C’est étonnant comme état. J’espère que ça ne durera pas.

Ma grand-mère s’appellait Maria-Angela, comme ma mère qui porte son nom. C’est très signifiant à mes yeux. Elle m’a enseigné le goût de l’huile d’olive et du devoir familial, de l’effort pour supporter les siens qui sont ta chair, de la bêtise parfois à ne croire qu’en les autres, mais surtout elle m’a donné le goût de l’enthousiasme.

C’est au plus fort de soutenir et au plus fort d’accueillir. Ce n’est pas un devoir, c’est une logique naturelle.

C’était une grande femme que le temps a rendu minuscule. Recluse dans une tour d’ivoire, sans yeux pour adorer, sans oreilles pour s’enthousiasmer, et presque sans corps pour réfléchir.

Tous les jours j’allais la voir, quand elle a décidé de ne plus sortir de chez elle. Tous les jours, pendant 5 ans, j’ai prétexté l’apéro alors qu’elle ne pouvait plus boire, pour lui redonner un peu de l’enthousiasme qu’elle m’avait confié. C’etait devenu triste et rébarbatif parce que du haut de sa tour d’ivoire, elle en avait de moins en moins à me dire. Et moi, avec ma foultitude de nouveautés pour la rassasier, je l’epuisais probablement.

Elle voulait partir dans ses rêves et n’emmerder personne. Ça n’a pas été le cas. Elle a vécu l’hospitalisation qu’elle craignait tellement, et moi je l’ai abandonnée quand elle m’a dit qu’elle ne voulait plus qu’on vienne la visiter. 97 ans. Quand tu as une vie saine, c’est les poumons qui lâchent le plus sûrement.

Je vais écrire son éloge funêbre et bordel je vais lui rendre hommage.

Je voulais juste poster ici, d’abord pour la satisfaction nombriliste de faire retentir sa personne. Mais aussi pour vous dire que la mort n’est rien.
J’ignore pourquoi mais cette chienne sublime qu’est la vie ne m’épargne pas en ce moment. Des êtres qui sont ma chair meurent et je dois décomposer avec. C’est le lot de tout un chacun.
Mais c’est le premier deuil acceptable que je connaisse. Sans violence, sans irrationalité.

Et j’en suis là, de ce moment bizarre de ma vie, où j’apprends que mourir est absolument nécessaire.

Alegria,

Je me fais le porte-parole de tous les amis du forum, pour te dire que nous partageons ton chagrin.
Sache que nous serons toujours là pour te remonter le moral.
Mon chagrin, je l’ai mangé et je m’en suis fait un bouton copieux au beau milieu de ma tronche. Ma tristesse, elle restera sans voix et cela vaut mieux, parce que j’ai envie de chanter, et j’en crois que les miens ne me comprendraient pas.

Elle semble laisser un bel héritage et peu de regrets ( à part ton goût pour les explorations alcoolisées peut être ), la bise et Llah yarhemha.
Message posté par O Alegria Do Povo
Paraît que c’est le topic de la bonne humeur ici-bas alors c’est là que je veux parler.

J’ai perdu ma grand-mère cette semaine. Ce n’était plus rien qu’une petite bonne femme raccrapotée par le temps, devenue minuscule et presque insignifiante, mais c’était ma mémé. La femme qui m’a éduqué quand mes parents se sont déchirés, la femme qui m’a nourri quand j’avais faim et qui a réussi l’exploit de m’ouvrir l’appetit quand je vomissais le monde entier.

Qu’une telle force de la nature se soit incarnée dans une si menue portion d’humanité, si peu disposée à l’accueuillir, me bouleverse et me bouleversera encore longtemps - et j’y tiens car ça me rend profondément vulnérable mais aussi profondément vivant.

Elle est née à Premia De Mar dans la banlieue barcelonaise, un village où j’ai passé une grande partie de mes vacances d’enfant. Ça sentait les égouts et la lessive, et aussi incroyable que cela puisse paraître, ça sentait bon. A tel point qu’aujourd’hui lorsque je sens l’odeur d’une remontée d’égouts rance, je suis pris d’une irrésistible nostalgie.
C’était une petite maison dépouillée mais bien foutue, avec un patio doté d’un lavoir où j’adorais me plonger après une journée à la plage. On s’y jetait avec mes frangins et mes cousins, dans l’eau saumâtre des lessives, et on y jouait des heures durant avec de minuscules soldats subaquatiques jusqu’à avoir la peau flétrie comme des momies.

C’était une maison de femmes. Je ne sais si c’est important de le signaler, mais c’était le cas. Mes arrières-grands-parents ont eu 8 filles. Que des filles. Et dans cette maison régnait la bienveillance parfois pénible pour un jeune mâle de l’omnipotente matriarcale. Moi, ça m’a apprit très vite le goût du vol et de la mascarade. Surtout le goût de la dérobade.

Parce qu’elles ont duré mes harpies d’amour, et qu’elles sont toujours restées liées par je-ne-sais-quel lien. Elles avaient un tel sens de la famille que c’en était presque castrateur. Il y a quelque chose de violemment grégaire dans mon sang dont j’ai toujours voulu m’échapper.

Elles ont vécues, elles se sont dispersées sous le Franquisme, et c’est grâce à ça que j’ai vu le jour, en Normandie putain ! Ma grand-mère aurait préféré s’arrêter à Marseille, mais à l’époque la primauté était aux rapatriés pieds-noirs. Du coup elle s’est échouée à Sotteville-les-Rouen, où ma mère a vu le jour et a rencontré mon père.
Je sais pas pourquoi je donne autant de détails, mais elle y tenait à son histoire alors je me fais sa voix.

J’ai rarement été aussi triste et aussi serein à la fois. C’est étonnant comme état. J’espère que ça ne durera pas.

Ma grand-mère s’appellait Maria-Angela, comme ma mère qui porte son nom. C’est très signifiant à mes yeux. Elle m’a enseigné le goût de l’huile d’olive et du devoir familial, de l’effort pour supporter les siens qui sont ta chair, de la bêtise parfois à ne croire qu’en les autres, mais surtout elle m’a donné le goût de l’enthousiasme.

C’est au plus fort de soutenir et au plus fort d’accueillir. Ce n’est pas un devoir, c’est une logique naturelle.

C’était une grande femme que le temps a rendu minuscule. Recluse dans une tour d’ivoire, sans yeux pour adorer, sans oreilles pour s’enthousiasmer, et presque sans corps pour réfléchir.

Tous les jours j’allais la voir, quand elle a décidé de ne plus sortir de chez elle. Tous les jours, pendant 5 ans, j’ai prétexté l’apéro alors qu’elle ne pouvait plus boire, pour lui redonner un peu de l’enthousiasme qu’elle m’avait confié. C’etait devenu triste et rébarbatif parce que du haut de sa tour d’ivoire, elle en avait de moins en moins à me dire. Et moi, avec ma foultitude de nouveautés pour la rassasier, je l’epuisais probablement.

Elle voulait partir dans ses rêves et n’emmerder personne. Ça n’a pas été le cas. Elle a vécu l’hospitalisation qu’elle craignait tellement, et moi je l’ai abandonnée quand elle m’a dit qu’elle ne voulait plus qu’on vienne la visiter. 97 ans. Quand tu as une vie saine, c’est les poumons qui lâchent le plus sûrement.

Je vais écrire son éloge funêbre et bordel je vais lui rendre hommage.

Je voulais juste poster ici, d’abord pour la satisfaction nombriliste de faire retentir sa personne. Mais aussi pour vous dire que la mort n’est rien.
J’ignore pourquoi mais cette chienne sublime qu’est la vie ne m’épargne pas en ce moment. Des êtres qui sont ma chair meurent et je dois décomposer avec. C’est le lot de tout un chacun.
Mais c’est le premier deuil acceptable que je connaisse. Sans violence, sans irrationalité.

Et j’en suis là, de ce moment bizarre de ma vie, où j’apprends que mourir est absolument nécessaire.


C'est splendidement beau et triste à la fois. Je suis toujours très mal à l'aise dans ce genre de situations, parce qu'après un texte d'une telle ampleur linguistique, émotionnelle, on ne sait pas quoi dire et où se placer. Je ne sais pas quoi dire, alors je ne vais rien dire, si ce n'est que si tes mots sont à l'aune de ta pensée, alors rien ni personne ne pourra t'enlever ce que tu es.
Quel hommage poignant et quel don pour trouver les mots juste, mon ami Alegria!
Je t'aime, mon poto!
Merci pour votre soutien. C'est un peu impudique mais j'avais besoin de laisser une trace, aussi dérisoire soit elle.

La bise fraternelle !
Je n'ai jamais connu mes grands-parents, mais ton texte me rappelle à quel point j'aurais apprécié leur présence...
Merci Alegria pour ce texte émouvant et magnifiquement écrit et courage à toi.
Message posté par O Alegria Do Povo
Merci pour votre soutien. C'est un peu impudique mais j'avais besoin de laisser une trace, aussi dérisoire soit elle.

La bise fraternelle !


Y a justement rien d'impudique, ta trop belle sensibilité et ton indéniable talent ont merveilleusement fait le taf.
C'est bieng OADP, ce repère est un exutoire et qlqs similitudes avec ma yaya de Valencia.

Basgiu l'amicu.
Ah, la yaya ! Qu’est que je l’aime ce mot-là.

C’est tout la noblesse de la vieillesse résumée dans une bouche d’enfant.

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