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Football chinois : deux salles, deux ambiances

Par Nicolas Jucha
4 minutes
Football chinois : deux salles, deux ambiances

Depuis dimanche, les supporters chinois n'ont d'yeux que pour les femmes de leur équipe nationale de football, courageuses vainqueurs de la Coupe d'Asie face à la Corée du Sud. Dans le même temps, sur Internet, ces mêmes suiveurs rivalisaient d'inventivité pour se moquer des hommes, qui ont inauguré l'année du Tigre avec une défaite historique au Vietnam. Gros plan sur le contraste émotionnel du football en Chine.

La main droite de Zhu Yu est ferme et, quand bien même l’attaquante sud-coréenne Son Hwa-yeon avait frappé comme une brute plein centre, la parade de la gardienne chinoise au tout début des arrêts de jeu est un tournant. En effet, quelques minutes plus tard, sa coéquipière Xiao Yuyi ne se fait pas prier pour fusiller du droit Kim Jung-mi et offrir sur le fil la victoire à son pays. Depuis le dénouement de ce scénario de folie, c’est l’ébullition sur les réseaux sociaux en Chine, où les internautes couvrent de louanges leurs « Roses d’acier » , capables de revenir d’Inde avec une neuvième couronne de championne d’Asie, seize ans après un dernier titre. Un exploit rendu plus beau par la qualification à l’arrache en demi-finales contre le Japon (égalisation à la toute dernière minute et victoire aux tirs au but) puis le retournement de situation en finale, durant laquelle la Corée du Sud menait 2-0 après le premier acte. Si l’on en croit le Global Times, ce n’est pas moins d’un demi-milliard de messages à propos de cette finale de Coupe d’Asie féminine qui ont été échangés sur la plateforme Weibo, l’équivalent maison de Twitter, le soir du match…

« Il n’y aura plus personne contre qui perdre »

Une situation d’autant plus savoureuse qu’un peu moins d’une semaine en amont, les amoureux de football chinois fulminaient, victimes d’une nouvelle désillusion avec leur sélection masculine. Une énième humiliation diront même les détracteurs les plus agressifs, sous la forme d’une défaite 3-1 de l’équipe nationale chinoise au Vietnam, dans le cadre des qualifications au Mondial 2022. Déjà quasiment hors course, les hommes du sélectionneur Li Xiaopeng, en poste depuis décembre, n’ont sauvé les meubles qu’à la toute fin du temps additionnel pour éviter un cinglant 3-0, mais sans priver le Vietnam de ses premiers points dans la compétition. « En fait, quand ils ont enregistré le clip vidéo pour nous souhaiter une bonne année du Tigre, ils s’adressaient aux supporters vietnamiens », a imaginé un internaute en colère sur le réseau Weibo.

Pas la pire banderille à l’intention des internationaux chinois, le South China Morning Post ayant souligné une colère massive des « netizens » pour laquelle aucune censure gouvernementale ne semble avoir été mise en place. Encore moins à l’égard d’une interview prophétique datant de 2013 excavée et devenue virale, donnée après une défaite en Thaïlande 5-1 qui, à l’époque, avait déjà fait du bruit, où l’ancien joueur Fan Zhiyi assurait qu’« après avoir perdu contre la Thaïlande, nous perdrons contre le Vietnam puis contre le Myanmar. Et puis il n’y aura personne contre qui perdre… » Depuis cette défaite du 2 février contre les Vietnamiens, les observateurs se demandent jusqu’où leur sélection, actuellement 74e au classement FIFA, va creuser.

Triples primes pour les joueuses chinoises

Alors que le numéro 1 chinois Xi Jinping rêve de la Chine comme une puissance footballistique chez les hommes, et ce, en plein Jeux olympiques d’hiver, le peuple se contente donc de kiffer le triomphe de ses femmes tout en multipliant les railleries à l’égard de la gent masculine : comparaison du niveau de jeu, de l’engagement, ou même de la masse graisseuse autour de l’abdomen… Un mème cartonne depuis dimanche pour illustrer la dissonance cognitive du football chinois : dans une iconographie empruntée aux WC, la tête de l’homme sert de ballon à la femme.

Ces montagnes russes émotionnelles vont avoir un effet concret sur les finances de Shui Qingxia, la coach, et ses joueuses : les discussions en ligne portent désormais sur les écarts de salaires entre ces femmes qui font honneur au pays et les hommes, bien mieux payés, qui descendent toujours un peu plus au classement FIFA. Surfant sur l’effet médiatique, les sponsors de la sélection féminine ont annoncé vouloir mettre la main au porte-monnaie. Le producteur de lait Mengniu va lâcher une rallonge de 10 millions de yuans (environ 1,4 million d’euros) de primes pour les joueurs ; idem chez le fournisseur de solutions de paiement en ligne Alipay qui va donner la même somme plus une prime spéciale à la sélectionneuse Shui Qingxia, considérée comme la grande architecte de la force mentale des Roses d’acier. Difficile de dire quand la Chine remportera son premier Mondial, mais il semble plus réaliste d’envisager que ce soit les femmes qui rapportent la Coupe à la Cité interdite.

Dans cet article :
La Chine au cœur d’un nouveau scandale de corruption
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