- Française de l'étranger
«Florida State est l’une des meilleures facs US»
Inès Jaurena, 19 ans, milieu de terrain et étudiante studieuse sur un campus ensoleillé.
Raconte-nous le quotidien d’une joueuse de foot sur le campus d’une fac américaine.
Je sors d’une grosse semaine d’examens. Habituellement, j’ai trois heures de cours par jour au maximum, entre 9 heures et midi. Le soir, je bénéficie de cours individuels dans les matières où je galère comme les maths. Je m’entraîne l’après-midi et dispute deux matches par semaine, le jeudi ou le vendredi puis le dimanche. Comme la saison ne reprend qu’en août et finit en décembre, on fait beaucoup de physique en attendant.
Il paraît que l’activité sportive est très encadrée ?
La NCAA a vachement de règles pour maintenir l’égalité entre les équipes. En janvier, tu n’as pas le droit de t’entraîner avec le ballon plus de deux heures par semaine. Le reste de l’entraînement est basé sur le développement individuel pour corriger les petits défauts de chacune, et la musculation.
Facile de se retrouver dans l’organisation du sport universitaire ?
En début de saison, tu fais des matches dans ton comté puis la suite dépend de tes résultats. Ma fac évolue dans l’Atlantic Conference : onze équipes s’affrontent, les huit premières disputent le tournoi final. Elles sont classées par têtes de série, comme au tennis. Si tu es n°1, tu joues tous tes matches à domicile. A la fin, c’est le Final Four dans un lieu unique. L’an dernier, c’était en Caroline du Nord.
Le niveau est fort ?
Beaucoup plus que la D2 française que j’ai connue ! Surtout que Florida State University (FSU) est l’une des meilleures facs. Même les joueuses moyennes techniquement sont rapides et/ou intelligentes. J’ai fait déjà deux saisons. La troisième année va commencer.
Quel est ton cursus scolaire ?
« International affairs » . Je suis partie pour apprendre l’anglais et décrocher un diplôme. Ensuite pour le foot car je savais que le niveau était bon, les structures dignes de Clairefontaine et l’organisation rodée. Franchement, c’est fort. En France, je n’étais pas si bien encadrée.
Pendant la saison, le foot prend le pas sur tes études ?
Il ne faut pas et les responsables le savent. En déplacement, on bénéficie d’aires d’étude pour bosser. A Clairefontaine, j’avais pris l’habitude de mener le foot et l’école en même temps. J’arrive à partager mon temps.
Le statut de sportive te donne-t-il des privilèges sur le campus ?
Les gens sont super cool dès que tu leur dis que tu es athlète. Ici, ils sont vraiment à fond sur le sport, la plupart des gens s’y intéresse. C’est simple : une fille sur deux que je croise a joué au foot au primaire ou au lycée. Quand tu portes le tee-shirt FSU soccer, ça flatte les gens du coin.
La concurrence des autres sports ?
Bon, le foot n’a rien à voir avec le basket et le foot US qui attirent des fans bien au-delà du campus. Les gens viennent de Tallahassee pour assister à leurs matches alors que notre équipe n’a pas plus de 1.000 à 2.000 spectateurs. Parfois, ils me reconnaissent en ville. Nos fans sont très impliqués : lors du banquet de fin de saison, quelques-uns sont venus manger avec nous. Ils étaient contents d’être là, certains ont même donné de l’argent pour financer les bourses des joueuses.
Après la fac, tu espères jouer en Women Pro Soccer ?
Ben tiens, on joue un match amical dimanche contre une équipe pro, Atlanta Beat. Alors si je peux être draftée par une franchise, je ne refuserai pas ! Si ça ne marche pas, pourquoi ne pas revenir en France ? Je ne dis non à rien. D’un autre côté, je n’anticipe pas trop au-delà de cette année.
Et l’équipe de France ?
J’étais dans le groupe des moins de 20 ans l’an dernier. L’étape suivante, c’est l’équipe A. Je n’ai pas de contact avec les responsables. Je sais que le sélectionneur sait que je suis en Floride mais je ne crois pas qu’il regarde les résultats.
Tu penses quoi du projet de Cantona au New York Cosmos ?
Je ne savais pas ! (Elle s’éloigne du téléphone) Ah ben ma sœur qui ne suit pas trop le foot était au courant… Par contre, il arrive qu’on me parle de Thierry Henry même si je ne regarde pas trop les matches de MLS. Je suis plus intéressée par la Ligue des Champions sauf que les rencontres tombent en plein milieu de l’entraînement à cause du décalage horaire. Je demande qu’on me les enregistre.
Mickaël Osganian
Par