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Florian Valot : « À New York, on n’entend plus que les sirènes des ambulances »

Passé par les équipes de jeunes de Paris et de Monaco, Florian Valot défend depuis 2016 les couleurs des New York Red Bulls. Entre une séance de sport matinale et un Facetime de groupe organisé par son club, le natif de Pau livre son regard sur la situation dans la Big Apple, la gestion du Covid 19 au pays de Donald Trump et délivre ses conseils lectures pour affronter le confinement.
Dans une précédente interview pour So Foot, tu nous confiais ton amour pour New York. Qu’est-ce que ça fait de voir la ville totalement à l’arrêt ? C’est vraiment bizarre. Même si j’ai déménagé en début d’année à Newark (New Jersey), tout près de la Red Bull Arena, c’est impressionnant de voir les images de Time Square désert. Des amis qui vivent à New York me décrivent une ville vide. On n’entend plus que le bruit des sirènes des ambulances et de la police.
Quelles sont les règles de confinement dans le New Jersey ? Elles ne sont pas aussi strictes qu’en France. Ici, on n’a pas d’attestation. C’est juste une demande du gouverneur de rester chez soi, pour protéger la population. Ils ont fermé salles et terrains de sport, mais les pharmacies, les supermarchés, les banques restent ouverts, et les restaurants font encore à livrer ou à emporter. Si on sort trop, on risque seulement un avertissement, mais il n’y pas beaucoup de contrôles.
Quelle est l’ambiance autour de chez toi ?Les rues sont presque vides, les seules personnes que l’on croise vont faire leurs courses ou sont obligées de continuer de travailler, comme dans le secteur du bâtiment. Les gens portent des masques, ont peur de se dire bonjour, on ressent un peu de psychose.
Comment expliques-tu que New York soit devenu l’épicentre de l’épidémie aux États-Unis ? C’est un mix de plusieurs facteurs : une ville qui grouille sans cesse, des interactions permanentes avec le monde et, jusqu’aux premières mesures de confinement (le 22 mars dans les États de New York et du New Jersey), les gens qui ont pris le virus à la légère, en continuant à se rassembler dans les parcs.
Donald Trump a d’ailleurs longtemps minimisé l’épidémie, en qualifiant notamment le Covid-19 de « grippe saisonnière »… Il n’y avait qu’à regarder ce qui se passait en Italie ou en France pour se rendre compte que le Covid-19 n’est pas une petite grippe. Même s’il a changé de discours ces derniers jours, au début de la crise, Donald Trump a trop privilégié l’économie aux dépens de la santé. Les autorités ont pris leurs mesures au compte-gouttes et pas de manière assez stricte pour stopper la propagation du virus. Et on voit le résultat. Les médias parlent d’un mort toutes les 3 minutes dans l’État de New York, alors que la situation empire. J’ai bien peur que les deux prochaines semaines soient très critiques.
Tu as d’ailleurs posté un message sur Instagram pour rappeler l’importance du confinement. Cela te semblait important ?J’ai des nouvelles tous les jours de la famille ou d’amis qui travaillent dans le milieu hospitalier à Paris et en Bretagne, donc j’ai vite compris le bordel que pouvait provoquer ce virus. Et que, même si ce n’est pas agréable d’être confinés, c’est essentiel, car la seule chose qui importe est la santé.
Le premier sportif à avoir été contrôlé positif au Covid-19 a été le Français Rudy Gobert dont le cas a fait beaucoup de bruit aux États-Unis…Il a pris ce qu’on appelle ici un backlash (un tollé). Les médias et les fans l’ont d’abord violemment accusé d’avoir infecté plusieurs joueurs, et en ont fait le coupable de la suspension de la NBA… Pour finalement quelques semaines plus tard le remercier d’avoir tiré la sonnette d’alarme. Une polémique à l’américaine.
D’ailleurs, la MLS s’est arrêtée après seulement deux journées, bien avant les premières mesures de confinement dans le pays (le 19 mars en Californie)…Notre dernier match, à Salt Lake (1-1), était le 7 mars, et dès le 11, on a été renvoyés à la maison. La MLS a pris la bonne décision. En réagissant très vite, elle a protégé les joueurs, et contrairement aux autres sports américains, un seul joueur a été testé positif.
Comment se passe le confinement pour toi ? Je suis tout seul avec mon chien, et ça m’arrange de devoir le sortir, car j’ai un peu de mal à rester chez moi toute la journée. Je me lève vers 7h, vais le promener, puis je fais un footing, un peu de musculation, du yoga… Et entre tout ça, j’essaie d’éviter les jeux vidéo et Netflix, donc je lis pas mal. Je viens de finir Les Déracinés, l’histoire très « sympa » d’un couple de juifs autrichiens qui fuient les nazis et atterrissent en République dominicaine. Je vais commencer un livre sur le Barça, The Making of the Greatest Team in the World, et j’ai encore l’intégrale des Game of Thrones à lire, donc j’ai de quoi faire.
Quel lien entretenez-vous entre le staff et les joueurs ?Tous les joueurs sont confinés dans le New Jersey ou à New York, car la Ligue a interdit aux étrangers de rentrer dans leurs pays et aux Américains de prendre l’avion. On fait des séances de cardio tous ensemble en visioconférence, et sinon, le club organise chaque semaine des Facetime de groupe, à deux, trois joueurs pour qu’on puisse prendre des nouvelles.
Après une déchirure du ligament croisé au genou droit en 2018 et au gauche la saison dernière, tu avais commencé la saison comme titulaire, fait deux passes décisives en deux matchs, ce n’est pas encore plus frustrant de devoir tout arrêter ? Je me sens bien physiquement, prêt mentalement, donc j’aurais vraiment voulu enchaîner. Après deux saisons sans beaucoup jouer, il me manque de la compétition, jouer des matchs, gagner. Mais il faut être patient, car la date de reprise des entraînements est sans cesse repoussée (pas avant le 24 avril, N.D.L.R.). La seule chose certaine, c’est qu’on n’échappera pas à une nouvelle préparation physique.
Bayern-Bayer, le nouveau duel à distance de la BundesligaPropos recueillis par Ken Fernandez