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Fernando D’Amico : « Je suis né à Buenos Aires, mais je me considère Lillois »

Propos recueillis par Andrea Chazy
8 minutes
Fernando D&rsquo;Amico : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je suis né à Buenos Aires, mais je me considère Lillois<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Tombé amoureux du LOSC au début des années 2000, Fernando D’Amico ne cesse de clamer son amour pour son club de cœur. Présent en famille à Séville cette saison en Ligue des champions lors du prestigieux succès des Dogues début novembre, l’ex-milieu de terrain argentin du club nordiste (1999-2003) sera également de la partie ce mercredi face à Chelsea. En espérant un miracle.

Fernando, qu’est-ce que tu fais aujourd’hui ? Où vis-tu ?J’habite en Espagne, à Badajoz, non loin de la frontière portugaise. C’est entre Madrid et l’Andalousie. J’ai ma maison, ma famille, ma femme et trois enfants. J’ai une académie de football et j’écris aussi des livres liés au football, à la motivation, mais aussi à l’intelligence émotionnelle.

J’ai parcouru le monde, mais j’étais fait pour être joueur du LOSC. La meilleure version de Fernando D’Amico, tu l’as vue à Lille

Pour beaucoup de supporters du LOSC, tu occupes une place à part. Comment expliques-tu cette relation fusionnelle avec le public lillois ?C’est naturel et réciproque. Moi, je me considère lillois, même si je suis né à Buenos Aires et que j’habite en Espagne. J’ai parcouru le monde, mais j’étais fait pour être joueur du LOSC. La meilleure version de Fernando D’Amico, tu l’as vue à Lille. J’ai les mêmes valeurs que le club, que les supporters et que les joueurs.

Quelles sont ces valeurs ?La combativité, la générosité, tout donner et ne rien lâcher… L’une des choses les plus importantes, c’est d’aimer le maillot. Pour les supporters lillois, leur club est une religion. C’est l’amour. J’ai passé quatre ans au LOSC, mais j’ai l’impression que je ne suis jamais parti et que je joue encore là-bas. Quand je mets le maillot du LOSC encore aujourd’hui, j’ai l’impression d’être Superman !

On était très proches avec les fans, humbles et surtout, on n’était que des joueurs inconnus ! Imagine : en seulement quelques mois, on se retrouve dans l’élite. Et la saison suivante, on joue la Ligue des champions !

Pourquoi est-ce à Lille que cela a fonctionné et moins ailleurs ?Je crois que c’est aussi car je suis arrivé lorsque le club traversait une période délicate, en Ligue 2. Le LOSC n’était pas en bonne santé sportivement parlant, mais également d’un point de vue économique. Il était dans une période de transition. Et puis, malgré tout ça, on a créé un groupe extraordinaire. On était très proches avec les fans, humbles et surtout, on n’était que des joueurs inconnus ! Imagine : en seulement quelques mois, on se retrouve dans l’élite. Et la saison suivante, on joue la Ligue des champions ! C’était la première fois que le LOSC participait à cette compétition et il le faisait avec un groupe de joueurs bâti en Ligue 2. C’est quelque chose de romantique, d’épique et d’historique. On voulait courir plus que les autres, et je crois aussi que c’est ça qui plaisait au public : on jouait avec ses valeurs.

Peut-être parce qu’au-delà des valeurs des supporters, ce sont aussi les valeurs des gens du Nord en général, non ?C’est ça ! Les gens du Nord, ce sont des personnes qui travaillent beaucoup, qui sont généreuses et humbles. D’Amico, c’est la même chose. Je suis quelqu’un de normal, avec mes défauts, mais attention : quand je me mets en action avec mes valeurs, je peux surprendre. C’est ça qu’on a fait ces saisons-là : on a surpris le football français. On a failli être champions de Ligue 1, ça s’était joué dans la dernière ligne droite (à cinq journées de la fin, le LOSC était en tête du championnat lors de la saison 2000-2001 et finira troisième, derrière Nantes et Lyon, NDLR).

En 2001-2002, le LOSC disputait la première campagne de Ligue des champions de son histoire. Vous aviez joué votre premier match sur la pelouse de Manchester United, car la première rencontre face à La Corogne avait été décalée à cause des attentats du 11 septembre. Qu’est-ce que tu ressentais dans le tunnel d’Old Trafford ?De la fierté. Beaucoup de concentration aussi, car nous étions prêts. Les jours qui ont précédé la rencontre, j’avais peur. Je me disais : « Putain, mais imagine si on en prend 7 ! » En face, c’était le grand Manchester United, pas une version bidon ! Mais on savait qu’on était forts et costauds. La valeur fondamentale, c’était la concentration. Je savais que je n’allais pas glisser, que je ne pouvais pas rater un contrôle et je voyais que chacun savait ce qu’il avait à faire. Je me souviens qu’on avait fait un super match là-bas. On avait failli ouvrir le score : deux minutes avant le but de David Beckham (1-0, 90e), on touche la transversale…


Tu es spécialisé dans le coaching mental. Qu’est-ce qui manque au LOSC aujourd’hui selon toi pour passer un cap en championnat ?Mon sentiment, c’est qu’on se trouve sur le bon chemin pour terminer dans les hautes sphères du championnat. En début de saison, on était sur une phase de transition : on avait changé de coach, on était champion de France, on venait de changer de gardien, et j’insiste là-dessus, car Mike Maignan était le meilleur portier du championnat. C’est sûr que si on met le curseur très haut et que l’on compare avec l’an passé : oui, on n’est pas très haut, on a des trous à certains moments. Mais je suis sûr qu’à la fin du championnat, le bilan sera très bon. On est à sept points de la deuxième place, on a trouvé le bon schéma, et parfois, il faut perdre quelques matchs pour se rendre compte que ce n’est pas le bon système. Tu as aussi des paramètres extérieurs qui influent comme la Ligue des champions, des joueurs importants qui quittent le club au mercato… Ce n’était pas facile pour les supporters de passer du titre de champion de France au ventre mou. Mais le secret, c’est de ne jamais lâcher : dans ce championnat, tu peux perdre un match ou deux, mais si tu en gagnes trois derrière, tu restes dans la course. Le coach a réussi à tenir malgré beaucoup de critiques.

Moi, j’ai soutenu Jocelyn depuis son arrivée et je crois qu’il travaille encore mieux quand il sent ses supporters avec lui.

Depuis son arrivée, Jocelyn Gourvennec est très critiqué par certains supporters malgré ce huitième de finale de C1 qui se profile. Que penses-tu de cela ?Les supporters sont très souvent dans l’émotion, avec beaucoup de caractère. À Lille particulièrement, je les trouve très exigeants. Mais ma femme aussi est très exigeante envers moi, mon coach de l’époque Vahid Halilhodžić l’était aussi : c’est ça qui te pousse à sortir le meilleur de toi-même. Les fans du LOSC adorent l’excellence. Quand ils voient que leur équipe lâche, est molle, ils poussent et c’est bien de ne pas se satisfaire de peu. Par exemple mon enfant à l’école, en maths, il prend un cinq, un six sur dix, et nous, les parents, on dit : « Non, mon fils, toi tu es un enfant qui doit avoir 8 ou 9 ! Il faut plus étudier, mieux faire. » Par la suite, quand la bonne note va tomber, notre fils va nous remercier. Je crois que les fans du LOSC, c’est un peu la même chose : ils poussent vers l’excellence. Jocelyn Gourvennec est un coach qui a montré en Ligue des champions une énorme capacité à jouer, en qualifiant le club pour les huitièmes et en terminant en tête du groupe. En championnat, il n’est qu’à quelques points d’être européen. Moi, j’ai soutenu Jocelyn depuis son arrivée et je crois qu’il travaille encore mieux quand il sent ses supporters avec lui. J’étais à Séville avec ma famille, on a vu les joueurs, les dirigeants et Jocelyn. Avant le match, j’ai découvert un gars super sympa, super tranquille. Je lui ai dit : « Jocelyn, je suis avec toi, je te soutiens. »

Les dirigeants de Séville sont venus me voir et m’ont dit :  » Excusez-moi, vous êtes qui ? Vous ne pouvez pas crier ici ! »

Effectivement, tu étais à Séville quand Lille a créé l’exploit lors de la phase de groupes. Comment c’était ? La folie ! J’étais au stade avec toute ma famille alors que le LOSC n’était pas dans une bonne période : l’équipe venait de perdre en championnat (2-1 au Parc des Princes, NDLR), n’était pas bien en Ligue des champions… En tribune d’honneur, on devait être une trentaine avec le président, les familles des joueurs et de Jocelyn. Et puis, le LOSC a marqué une première fois, n’a pas obtenu un penalty évident, puis a marqué un second but. La folie. Les dirigeants de Séville sont venus me voir et m’ont dit : « Excusez-moi, vous êtes qui ? Vous ne pouvez pas crier ici ! » Ma fille de 7 ans répondait : « Pourquoi tout le monde peut crier pour Séville, et nous, on ne peut pas crier pour Lille ? » Après le match, mon fils a récupéré le maillot de Renato Sanches. Moi, j’ai de très bonnes relations avec le directeur sportif de Séville, Monchi. Je lui ai dit : « Désolé Monchi, Lille c’est mon club », et il n’a même pas pu me répondre. On s’est fait une accolade, et dans ces moments, le silence veut dire beaucoup, car il savait que le LOSC venait de prendre une grosse option sur la qualification. Avec ma famille, on sera tous ensemble dès ce mardi à Lille pour profiter de la ville avant le match. On verra ce que ça va donner.

En 2018, lors de la saison où Lille a failli descendre, tu étais passé par Lourdes avant un match à Toulouse. Qu’est-ce que tu as fait cette fois-ci pour que Lille se qualifie ?Je ne sais pas ce que je vais faire encore… Parfois, ma femme me regarde et me dit : « Tu es fou. » Comme quand on était à Lourdes où j’ai demandé au prêtre de faire la messe pour le LOSC ou bien avec les 1000 supporters du LOSC dans les bois à Toulouse. L’amour, c’est le plus grand moteur pour transmettre les émotions au club que tu aimes.

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