- Supercoupe
- Finale
- Real-Atlético (0-0, 4-1 tab)
Federico Valverde, le sens du sacrifice
Auteur d’un tacle par derrière volontaire sur Álvaro Morata alors que l’avant-centre espagnol partait seul au but pour peut-être sceller le sort de la finale de la Supercoupe d’Espagne, Federico Valverde s’est rendu coupable d’un geste considéré par certains comme immoral, voire assassin. Pourtant, le milieu de terrain du Real Madrid n’a fait que son devoir. Et c’est tout à son honneur.
« C’est une honte ! » , « Comment peut-il avoir le culot de faire ça ? » , « Qu’est-ce que c’est moche, ce type de comportement ! » , « Cela renvoie une très mauvaise image du football ! » Ces réflexions, à peu près toutes les machines à café des fans de football en ont été témoins ce lundi matin. Entre les deux voisins madrilènes du Real et de l’Atlético, il y a encore eu du grabuge, mais cette fois-ci, cela semblerait dépasser les bornes. Quand ? À la 115e minute d’une finale de Supercoupe d’Espagne, au moment où Federico Valverde décide d’attraper la jambe d’Álvaro Morata qui filait seul au but pour tenter de battre Thibaut Courtois. Résultat : l’attaquant s’écroule, l’action s’arrête net, et le dernier défenseur se relève, conscient de sa faute. Un carton rouge évident est brandi par l’arbitre central à l’encontre d’El Pajarito, et malgré de légères échauffourées à la suite de ce geste illégal, le match peut reprendre sous une tension encore palpable. Voilà pour les faits.
Simeone : « Valverde a fait ce qu’il avait à faire »
Maintenant, place à l’analyse pratique. Est-ce un crime ? Non. Cela fait même partie des règles du jeu : un tacle par derrière en tant que dernier défenseur est sanctionné d’un carton rouge direct. De fait, Valverde s’est donc puni tout seul et semble parfaitement en assumer les conséquences. Est-ce un manque de fair-play ? La meilleure des réponses se situe dans la bouche de Diego Simeone, l’entraîneur adverse du soir, après une rencontre où le joueur de 21 ans s’est fait élire homme du match grâce à l’ensemble de son œuvre. « Cette action est la plus importante du match, explique le technicien de 49 ans. Si elle se poursuivait, elle se terminait très probablement en but. N’importe qui aurait fait pareil à sa place. Valverde a fait ce qu’il avait à faire. Nous verrons bien la sanction qu’il subira. Il a pris la juste décision pour son équipe. » Une prise de parole honnête pour un ancien milieu de terrain connu pour sa roublardise et sa grinta, et qui démontre que même l’adversaire de la Maison-Blanche accepte son sort.
Cependant, cette réaction plutôt élogieuse du Cholo envers le geste salvateur de Valverde pour le Real aurait-elle été la même si l’Uruguayen avait blessé Morata ? Difficile à affirmer avec certitude car, de façon très cartésienne, il paraît compliqué d’évoquer le football avec des « si » . Toujours est-il qu’une réalité existe : le geste de Valverde empêche une occasion claire de but, son tacle ne blesse pas Morata, l’Atlético ne profite pas de sa supériorité numérique sur cinq minutes, et le Real Madrid remporte l’épreuve des tirs au but (0-0, 4-1 tab). Dimanche à Djeddah (Arabie saoudite), les planètes étaient alignées pour que Valverde soit proclamé comme un taulier de son équipe. Est-ce un héros ? La définition du mot dans le Larousse est suffisamment claire là-dessus : « Personne qui se distingue par sa bravoure, ses mérites exceptionnels. » Faut-il de la bravoure pour décider d’un tel geste en une infime seconde et en assumer les éventuelles conséquences ? Oui. Faut-il de la bravoure pour affronter à l’avenir les langues qui vont évoquer un geste vil et mal intentionné ? Oui. Que cela plaise ou non, depuis dimanche, Valverde est devenu un héros du Real Madrid.
Par Antoine Donnarieix