FC Pange, le logo de la dérision

Et le vainqueur est… le FC Pange ! « Battre des clubs comme l’Inter, le FC Nantes ou les Girondins de Bordeaux ? C’est génial ! Avoir des compétitions contre ces clubs-là, nous on n’y pense même pas, même si c’est du virtuel. Que les abonnés votent pour nous face à ces équipes-là, j’ai trouvé ça vraiment sympa. » Thomas Devot n’en revient toujours pas. Le responsable de la communication de ce petit club mosellan de troisième division de district peut être fier : le FC Pange vient de remporter le concours du pire logo de football, organisé par la Fédération française de la lose.

? Le pire blason ?La Grande Finale pour le titre suprême du pire blason. 2 salles, 2 ambiances, 2 pays.1 seul vainqueur possibleLincoln City FC vs FC Pange pic.twitter.com/q6CzVJBjD4

— Fédé ?? de la Lose (@FFLose) April 6, 2021

Une compétition second degré imaginée au printemps dernier par le célèbre compte Twitter aux plus de 200 000 abonnés, en pleine saison blanche pour le football amateur, pandémie oblige. Le lauréat et sa vache Marguerite, représentée en ballon de football, crampons aux sabots et cuir aux pieds prête à taper dedans repartent avec une bonne dose de fierté, et surtout d’autodérision.

Le sketch de la Twingo de Dany Boon

Pange, ses quelques centaines d’âmes et son club qui ne dépasse pas les cent licenciés se retrouvent ainsi à passer au JT de TF1 pour leur exploit.

« La FFL a pris quinze clubs professionnels et pour le délire, ils ont demandé à leur communauté le pire logo pour compléter avec un seizième, en rigole encore Thomas Devot. Notre logo leur est parvenu comme ça. À la suite de cela, la compétition a débuté et on a survolé les adversaires. » Bordeaux, Nantes ou encore les Anglais de Lincoln City en finale : le parcours du FC Pange ressemble à l’épopée d’un petit Poucet en Coupe de France. « Ça a été vraiment bien vécu depuis le départ. Sur les premiers tours, 90% de nos licenciés étaient en train de faire de la pub pour gagner le tournoi. » Une reconnaissance bienvenue pour un club qui « existe depuis une bonne quarantaine d’années » et qui a connu son quart d’heure de gloire au tournant du siècle, lorsqu’il vient faire un petit coucou au niveau régional. Jamais revu depuis. Rien d’étonnant pour un club de village.

Mais alors, d’où vient ce fameux blason qui a permis à Pange de devenir plus qu’un point sur une carte de France ? Pour trouver la réponse, il faut remonter une quinzaine d’années en arrière, époque où Xavier Meunier est encore président du club. « Je trouvais que c’était sympa de créer une identité, d’avoir un étendard, justifie celui qui a imaginé le dessin qui allait rendre Pange célèbre. Nos plus fidèles supportrices étaient une dizaine de vaches qui étaient quasiment au bord du club, donc le clin d’œil était trop facile. » Pour lui, ce logo tient surtout de la blague bon enfant dans un club souvent chambré pour sa ruralité. « C’est un peu comme le sketch de Dany Boon avec la Twingo. Un dessinateur de Renault veut faire une blague et dessine une voiture carrée, deux yeux pour les phares et la pose sur le bureau de son chef. À son retour de vacances, la voiture est sortie et connaît un grand succès. Toutes proportions gardées, c’est un petit peu comme ça qu’on a créé le logo, on voulait se marrer, on ne se prenait pas au sérieux. »

« Cela a changé énormément de choses »

À l’arrivée, un sacré coup de projecteur pour un tout petit club de « paysans », comme aiment à leur rappeler les adversaires. « Cela a changé énormément de choses. D’un point de vue financier, ça a simplement compensé les pertes qu’on avait habituellement. On a eu la chance d’avoir cet événement qui nous a évité de fermer le club, parce que ça aurait pu aller jusque-là », détaille encore Thomas Devot. Surpris par l’ampleur de la blague, le club et la FFL ont même décidé de créer un T-shirt avec le logo et l’inscription « À jamais les premiers », dont les ventes ont notamment permis de financer un éclairage pour le stade.

Au-delà de l’aspect pécuniaire, le FC Pange a également gagné en popularité, en atteste la fanzone mise en place pour regarder un match des Bleus pendant l’Euro sur écran géant. « On a refait le site du club, la page Facebook et une chaîne YouTube a été lancée tout récemment, poursuit Thomas Devot. Beaucoup de gens des clubs voisins s’intéressent à notre club parce qu’ils cherchent un club familial et ambitieux. » Une aubaine pour celui qui n’a plus dépassé les 100 licenciés depuis dix ans. « On a dû gagner 25% d’effectifs, estime encore celui qui joue avec les seniors du club. On a pu remonter des équipes dans des catégories de jeunes qu’on n’avait plus depuis quelques années. On a récupéré nos chiffres d’il y a 5-6 ans, donc c’est énorme. » Plus énorme encore : « On défendra notre titre, parce que je crois bien que la Fédé veut refaire un tournoi l’année prochaine », annonce fièrement Xavier Meunier. Chiche. « Dans tous les cas, je ne referai pas le logo. »