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- Olympiakos-Nantes (0-2)
FC Nantes : Mostafa Mohamed, un prophète
Homme du match ce jeudi sur la pelouse de l'Olympiakos (un but pour l'ouverture du score puis une passe décisive gutiesque pour Ludovic Blas), l'Égyptien arrivé cet été a été précieux dans la qualification du FC Nantes en barrages de C3. La validation d'une montée en puissance pour le Pharaon.
On a tout juste dépassé la demi-heure de jeu, le 16 octobre dernier sur la pelouse de la Beaujoire, lorsque le drame a lieu : Ignatius Ganago vient d’obtenir un penalty au duel avec le Brestois Pierre Lees-Melou et il faut choisir un tireur, après le raté de Ludovic Blas dans l’exercice quelques minutes plus tôt. Mostafa Mohamed est bien décidé à le botter, mais il trouve sur sa route Moses Simon, ses gros cuisseaux et son statut de cadre du vestiaire jaune. L’espace de quelques secondes, l’atmosphère est électrique et c’est finalement le Nigérian qui sort vainqueur de ce mano a mano pour tromper Marco Bizot, au grand dam de son partenaire. « Il a boudé un peu, racontera Antoine Kombouaré au sujet de ce penaltygate. On aura l’occasion d’en parler. Cela l’a fait sortir un peu de son match, parce qu’il a bien démarré. On l’a senti déçu. Il a fallu faire en sorte qu’il reste dans le match.[…]Ce genre d’attitude n’est pas bon, surtout au regard de notre situation. »
?? Le geste du buteur, @mmostafa_11. pic.twitter.com/4bw4oYwHU4
— FC Nantes (@FCNantes) October 17, 2022
Il est vrai que l’Égyptien a déjà son ego, à 24 ans, et cela peut notamment s’expliquer par l’importance qu’il a déjà acquise dans son pays (22 capes, 5 buts), ou par son parcours qui l’a déjà vu régaler le Nef Stadium de Galatasaray. Mais force est de constater qu’il a pris son mal en patience et s’est vite remis de ce chahut : laissé sur le terrain jusqu’au bout par son coach face aux Finistériens, il a fini par marquer dans le jeu, ce dimanche-là, chassant vite les démons naissants. Mieux : de nouveau titulaire depuis lors des deux dernières rencontres des Canaris, à domicile face à Clermont dimanche (1-1), puis ce jeudi au Pirée dans un match décisif quant à l’avenir européen du FCN (victoire 0-2), l’attaquant a marqué à chaque fois, confirmant l’importance qu’il pouvait avoir dans ce collectif qui se cherche encore.
Guti et Viorel Moldovan
Muet pendant un long moment contre les coéquipiers de Youssef El-Arabi, malgré son apport en tant que point de fixation sur certaines séquences, le Pharaon est réellement sorti de sa boîte en fin de partie pour le bonheur des yeux. À une dizaine de minutes du terme, il a fait parler ses qualités de technicien de surface, en se faufilant dans le dos de Pape Abou Cissé pour piquer aux cinq mètres 50, de la tête, presque de la même manière que face à Toulouse en août pour s’annoncer à la Ligue 1. À l’orée du temps additionnel, c’est une autre facette qu’il a dévoilée quand, servi dans la boîte par Moussa Sissoko, mais pris par Panayiótis Rétsos, il a fait parler son instinct en distillant une talonnade – que n’aurait pas reniée le magicien Guti – en guise d’offrande pour son compère Blas, l’autre grand bonhomme du soir, qui arrivait derrière lui et a rajouté de la chantilly sur le gâteau avec un lob délicieux.
S’il n’a pas les caractéristiques du crack Randal Kolo Muani qu’il a remplacé cet été en débarquant à Nantes, le double M est un attaquant robuste et racé, qui a déjà connu de nombreux matchs cette saison, mais semble capable de tirer le maximum de n’importe quelle situation et n’a généralement pas besoin de beaucoup de cartouches pour s’illustrer. Et l’on découvre peu à peu son style du côté de la Beaujoire, où l’on a toujours aimé se passionner pour des attaquants de cette trempe, de Viorel Moldovan à Emiliano Sala en passant par Filip Djordjevic. Après vingt rencontres toutes compétitions confondues en 2022-2023, celui qui découvre l’Hexagone (après avoir failli signer à Sainté puis Bordeaux par le passé) facture six buts – dont trois sur ses quatre dernières parties – et la moitié de cela en passes décisives. Ce qui fait de lui le Nantais le plus décisif depuis l’entame de cet exercice. Cette fois c’est sûr : Mostafa Mohamed est loin d’être un imposteur.
Par Jérémie Baron