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FC Ebreuil, le meilleur pour le pire club de France

Par Quentin Ballue
FC Ebreuil, le meilleur pour le pire club de France

Le FC Ebreuil a désormais une ligne à son palmarès, et pas n'importe laquelle : le Prix Fédération française de la lose, qui a récemment récompensé le pire club de France dans le cadre du Vrai Foot Day, notre journée d'hommage au foot amateur. Un succès qui en appelle d'autres pour les Auvergnats, fiers de leurs deux équipes seniors en dernière division du district de l'Allier : la D5.

« On fait comme Jean-Claude Dusse : oublie que t’as aucune chance, vas-y fonce ! Sur un malentendu… » Joueuse au FC Ebreuil, Marie Le Corre s’est très vite mise au diapason de son club, qui se vante d’être le pire de France. Après une parenthèse d’une décennie, elle a en cette rentrée rechaussé les crampons pour le club de ce village de l’Allier. Et son équipe a magnifiquement fait honneur à la réputation locale du FCE, en témoignent cette bulle (6-0) en ouverture du championnat puis la claque (6-2) en coupe face à la Montagne bourbonnaise. « On ne désespère pas, on va y arriver, sourit la trentenaire. On sait qu’on part de zéro, il n’y a rien à perdre, tout à gagner. On a de l’autodérision, on va essayer de montrer que le pire club de France peut aussi évoluer. » L’avantage quand on part de tout en bas, c’est qu’on ne peut que monter.

La buvette, la poissonnière et Benoît Paire

Le FC Ebreuil est né au printemps avec, comme point de départ, la perspective de l’ouverture d’une buvette. Le vice-président Maxime Gonçalves raconte : « La mairie a contacté des acteurs du village, dont moi qui suis éducateur sportif, pour dire que c’était possible de construire une buvette seulement si le club de foot repartait, puisqu’il s’était arrêté en 2018 de mémoire. Quand on nous a dit buvette, on a foncé ! » La mayonnaise ayant pris, la buvette verra le jour au mois de mars. D’ici là, on compose avec les moyens du bord.

« On a repris l’ancien camion de la poissonnière pour créer une buvette ambulante, confie Loïs Pinel, milieu offensif des seniors et éducateur U11. Comme ça, tout le monde en profite. On est des jeunes de la campagne donc la buvette permet d’être entre copains, de partager plein de moments forts, après une victoire comme après une défaite. On a fait un après-midi canoë cet été et même là, on arrivait à boire des bières. On trouve toujours une solution pour la troisième mi-temps. »

On peut peut-être dire que Benoît Paire et le FC Ebreuil se ressemblent.

Pour faire monter la sauce, les Fiolants ont pris le taureau par les cornes en obtenant des soutiens de poids, Valentin Rongier, Jim Allevinah ou Olivier Giroud, qui leur ont tous envoyé une vidéo d’encouragement. Succès immédiat, puisque le club, qui prévoyait de se concentrer uniquement sur les enfants, a pu former des équipes seniors. Quant à l’idée de s’autoproclamer « pire club de France » , c’est une réponse à certaines critiques estivales. « Dans les clubs des environs, on entendait qu’on avait la grosse tête… On voulait montrer qu’on ne se prenait pas au sérieux, alors pour prendre le contrepied, j’ai proposé qu’on se colle cette étiquette », explique Maxime, qui gère la com’ du club avec son compère Quentin Humblot.

« Les autres ont très bien réagi. D’un point de vue sportif, c’est légitime, puisque nos deux équipes seniors sont au plus bas niveau. On a des joueurs qui débutent, c’est l’esprit des copains avant tout. Même si on se prend un 10-0, on en rigolera. » De quoi tenter un début de comparaison avec une des idoles de la Fédé française de la lose : un certain Benoît Paire. « Il ne se prend pas la tête, il joue pour lui, il s’assume totalement. On peut peut-être dire que Benoît Paire et le FC Ebreuil se ressemblent. En plus, il aime bien aussi la troisième mi-temps, je trouve que ça colle pas mal ! »

« C’est chouette de faire partie du pire club de France ! »

Les fessées 12-3 et 7-1 des matchs amicaux ont au moins permis d’alimenter cette culture de la lose, entretenue au quotidien au sein de l’effectif. « Thomas Mignard, c’est un peu notre Mitroglou, balance Loïs. Le week-end dernier, à deux mètres du but, il la met au-dessus. On a toujours un joueur qui gâche un peu tout, mais c’est ça qui fait l’équipe. Pour avoir une équipe complète, il faut toujours quelqu’un au-dessus de tout le monde et quelqu’un en dessous de tout le monde. Chez nous, c’est Thomas. » Il appréciera.

Les U11 actuels jouent avec les mêmes ballons que moi quand j’avais leur âge ! On mérite ce titre de pire club de France.

En attendant de monter, le FCE peut déjà se targuer de compter 120 licenciés. « Une dizaine de joueurs sont à Clermont-Ferrand et font 100 bornes aller-retour pour les entraînements et les matchs, souligne Maxime. On s’est dit qu’en étant un peu différents avec cette histoire de pire club de France, on pouvait nourrir ce sentiment d’appartenance. Certains joueurs ne connaissaient même pas le village et maintenant, ils sont tout le temps au stade, c’est vraiment plaisant. » Et Marie d’enchaîner : « On l’a vu en début de saison, le district de l’Allier a organisé l’élection du plus beau logo, tout le monde s’est mobilisé, et le FC Ebreuil a gagné. C’est vraiment un club familial, chacun met la main à la pâte. C’est chouette de faire partie du pire club de France ! »

Et personne n’a été échaudé par les quelques désagréments de l’environnement fiolant. « L’éclairage du terrain principal ne marche pas et sur le terrain d’entraînement, il n’y a que trois spots sur six qui fonctionnent. Et les U11 actuels jouent avec les mêmes ballons que moi quand j’avais leur âge ! On mérite ce titre de pire club de France », rigole Loïs. Dimanche, le FC Ebreuil participera au Vrai Foot Day en mettant à l’honneur son équipe féminine, à l’occasion de son premier match de championnat à domicile. Teaser offert par Maxime : « On va les accueillir comme il se doit. On a déjà prévenu Domérat, le club d’en face, que ça devrait être le bazar. » À l’image de ce qui avait été mis en place pour le premier match officiel des seniors, remporté 3-1 contre Chantelle. « C’était un gros derby contre une équipe qui joue deux divisions au-dessus, le club avait vraiment pour objectif de gagner ce match, rappelle le vice-président. Bon, l’entraîneur nous a quand même dit : « Oh les gars, on a une réputation à tenir, faut pas faire les cons ! » L’équipe A a perdu 4-1 après, les choses ont repris leur cours. On s’est remis tout de suite dans le droit chemin.(Rires.) »

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