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- Portugal-Allemagne (2-4)
Face au Portugal, Robin Gosens a sorti un match absolu
Impliqué sur les quatre buts allemands face au Portugal (2-4) ce samedi à Munich, Robin Gosens a logiquement été élu « Man of the Match ». Une belle revanche pour un joueur déjà roi en Italie, mais qui n’avait pas encore offert au public allemand la possibilité de le constater à son tour.
Robin Gosens est un grand rêveur. Et comme tout le monde, ça lui est arrivé d’être déçu. Comme ce jour où, comme il le raconte dans les pages de son autobiographies Est-ce que cela vaut la peine de rêver ?, Cristiano Ronaldo lui a mis le plus beau vent de sa carrière de footballeur. « Après un match contre la Juventus, j’ai essayé de réaliser mon rêve en récupérant le maillot de Ronaldo.(…)Je lui ai demandé après le coup de sifflet final : « Cristiano, je peux avoir ton maillot ? » Il ne m’a même pas regardé, il a juste dit, « Non. » J’étais complètement rouge de honte. Je suis parti et je me suis senti tellement « petit ». » Gosens aura finalement un maillot de Ronaldo, acheté à la boutique officielle par ses coéquipiers de l’Atalanta, qui rigolent encore aujourd’hui de cet épisode douloureux pour l’ego. Mais ce samedi 19 juin 2021, le karma a œuvré pour offrir à ce fanboyde CR7 une revanche. Car au coup de sifflet final de ce Portugal-Allemagne (2-4), c’est bien le quintuple Ballon d’or qui doit se sentir petit à côté de l’ancien aspirant policier.
Le Gosens de la fête
Il faut dire que face à la Selecção, Robin a été le Batman dont la Nationalmannschaft avait besoin. Dans un couloir déserté quasiment de bout en bout par son vis-à-vis Nelson Semedo, Gosens a enfilé son costume de super-héros pour envoyer valser la stratégie du contre-pied portugais. Dès la cinquième minute de jeu, il aurait pu ouvrir le score sans un hors-jeu de Serge Gnabry qui faisait action de jeu. Après l’ouverture du score portugaise, il a chauffé une première fois les gants de Rui Patrício avant d’avoir le déclic : vu qu’il n’a visiblement pas l’autorisation d’inscrire lui-même son pion, pourquoi ne pas s’appuyer sur ses coéquipiers ou ses adversaires ?
La clef est là, et Gosens commence son récital. En reprenant, d’abord, un centre de Thomas Müller d’une belle demi-volée claquée qui pousse Ruben Dias à la faute. En étant ensuite à l’origine du deuxième but allemand via un centre qui a mis le bazar et retourné le crâne du pauvre Raphaël Guerreiro. C’est tout ? Non, bien sûr. Car si, juste avant la pause, Gosens avait de nouveau trouvé les gants du dernier rempart lusitanien, le second round lui sera plus favorable : c’est lui qui offre une galette pour le pion du 3-1 à Kai Havertz avant de s’offrir une ovation bien méritée avec un coup de casque victorieux juste avant sa sortie à l’heure de jeu. C’est ce qu’on appelle plus communément une masterclass, et même dans l’exercice de l’interview à chaud, Gosens n’a pas perdu de sa superbe au micro de Sky Italia : « C’est évidemment une soirée inoubliable pour moi. On a battu une très bonne équipe et j’ai marqué et délivré mon premier but et ma première passe décisive dans le tournoi. Je n’ai pas demandé le maillot de Ronaldo cette fois, j’ai préféré aller célébrer notre victoire et profiter de la soirée. »
Objectif : mettre l’Allemagne à ses pieds
Pour comprendre pourquoi Gosens passe une meilleure soirée que nous, il faut simplement se poser cinq minutes et regarder dans le rétro : il y a quatre ans, le buteur allemand jouait encore pour Almelo, dans le ventre mou de l’Eredivisie aux Pays-Bas. En septembre 2020, il découvrait enfin la sélection après avoir mis tout le monde d’accord en Italie avec des statistiques hallucinantes à son poste : en 149 matchs disputés avec l’Atalanta de Gian Piero Gasperini qui l’a transfiguré, Gosens a inscrit 27 buts et délivré 20 passes dé’. Une machine.
Son appel tardif au sein de la sélection, effectué dans un premier temps par Joachim Löw pour permettre à certains joueurs (dont Gosens) de « saisir leur chance et de pourquoi pas en profiter pour avoir dans le futur un temps de jeu plus régulier », démontre néanmoins que l’attention à son sujet est récente. La preuve, l’intéressé lui-même concédait récemment qu’il « n’avait pas encore montré en sélection autant qu’avec la Dea ». Nul doute que ce feu d’artifice va en faire changer d’avis plus d’un à son sujet. À commencer peut-être, même s’il ne porte pas des spartiates avec chaussettes l’été, par Cristiano Ronaldo.
Par Andrea Chazy