Entre 1998 et 2001, vous avez formé l’un des duos d’attaque les plus prolifiques de France. Quels souvenirs gardez-vous de cette période ?
Née : Ce sont de très bons souvenirs, on avait un super groupe, l’ambiance était vraiment bonne. Avec Pierre-Yves, on a mis deux-trois mois avant de parfaitement se comprendre. Et après ça, ça n’a été que du plaisir de jouer ensemble.André : Pour moi, ça a clairement été mes plus belles années au Sporting. D’autant que je sortais d’une mauvaise saison, et à partir de 1998, je me suis vraiment éclaté. C’était une super période.
L’entente entre vous s’est-elle faite rapidement ?
A : Ça s’est fait très vite, oui. Fred venait d’arriver, moi j’étais déjà au club, mais je sortais d’une saison plus que mitigée, donc je repartais de derrière, on va dire. J’étais parti pour être remplaçant. Et puis quand on a été associés, ça a collé tout de suite, et ça a duré pendant trois saisons.N : C’est vrai que, quand je suis arrivé, Pierre-Yves sortait d’une mauvaise saison, mais lorsqu’on a joué ensemble pour la première fois, très rapidement, il y a eu un déclic entre nous. On s’est très bien entendus sur le terrain comme en dehors, et comme on était complémentaires, ça a bien fonctionné.
Comment expliquez-vous cette réussite ?
A : On était très complémentaires ! J’aimais bien prendre la profondeur, pendant que Fred était plus dans le décrochage. Après, cette complicité, elle s’explique aussi par le fait qu’on est de la même génération, donc on voyait le football de la même façon.N : C’est vrai que la complémentarité qu’on avait entre nous est vraiment la clef de cette réussite. On prenait beaucoup de plaisir à jouer ensemble. Quand on voit la concurrence qui existe dans certains clubs, ce n’était vraiment pas notre cas. Tout ce qu’on voulait, c’était jouer ensemble. Je pense que c’est ce qui a fait la différence par rapport à certains duos.
Est-ce que vous travailliez beaucoup votre relation à l’entraînement ?
N : Oui, on l’a forcément travaillée au quotidien, après c’est vraiment quelque chose qui est venu naturellement et qu’on est arrivé à encore plus accentuer en communiquant énormément.A : C’est vrai que cette relation s’est faite toute seule. Le fait que déjà, on s’entendait parfaitement en dehors du terrain, ça a clairement aidé à la réussite de notre duo. Après, évidemment, on travaillait les enchaînements à l’entraînement, mais la connivence qu’on avait était incroyable, presque innée. On nous a même reproché de trop jouer tous les deux. C’est vrai que sur le terrain, dés que j’avais le ballon, je cherchais Fred.
Avec Pierre-Yves, on avait les mêmes goûts, les mêmes sujets de discussion, on regardait les mêmes émissions…
Est-on obligé de parfaitement s’entendre avec son partenaire pour que l’association fonctionne ?
N : Non, je ne pense pas, mais disons que c’est un plus non négligeable. Souvent, lorsque l’on s’entend très bien sur le terrain, l’entente vient naturellement en dehors également. Après, avec deux mecs qui ne s’entendent vraiment pas, ce sera plus difficile d’obtenir d’excellents résultats.A : Pour moi, oui, c’est indispensable. Après, je sais que ce n’est pas le cas dans toutes les équipes. Par exemple, je ne suis pas sûr que Cavani et Ibra aillent souvent manger ensemble. Après, quand, dans la vie de tous les jours, tu t’entends bien avec ton partenaire, sur le terrain c’est forcément un atout en plus.
En ce qui vous concerne, vous étiez donc vraiment proches dans la vie de tous les jours ?
N : Oui, on était très proches. Mais à cette époque-là, dans l’équipe, tous les joueurs s’appréciaient. On se voyait souvent en dehors, on peut dire qu’il y avait de vrais liens entre nous. Avec Pierre-Yves, c’était encore plus fort, car on avait les mêmes goûts, les mêmes sujets de discussion, on regardait les mêmes émissions, alors forcément on a vraiment accroché.A : C’est vrai qu’à cette époque, toute l’équipe s’entendait à merveille. Je me souviens qu’après les matchs, on allait tous manger ensemble par exemple, ce qui n’arrive pas dans toutes les équipes. Mais c’est vrai qu’avec Fred, c’était encore plus particulier, on était vraiment amis.
Est-ce que vous parliez beaucoup de votre entente sur le terrain en dehors des matchs ou de l’entraînement ?
A : Non, je n’ai pas souvenir qu’on parlait du terrain. On parlait de bien autre chose. Sur le terrain, on se connaissait parfaitement, on n’avait pas besoin d’en parler pendant des heures. De toute façon, on s’entraînait ensemble tous les jours, donc nos jeux n’avaient plus de secret l’un pour l’autre.N : On parlait de tout. De foot, oui un peu, mais pas seulement. J’ai le souvenir qu’on pouvait rester des heures à parler de tout et n’importe quoi. C’est très rare de trouver quelqu’un avec qui vous vous entendez aussi bien.
En 2001, vous quittez tous les deux Bastia pour des horizons différents (Nantes pour André et Lyon pour Née). Aucun club n’a essayé de vous faire venir tous les deux ?
N : Dans mes souvenirs, il me semble que Nantes a essayé. Le club me voulait depuis quelque temps, ils ont eu l’occasion de faire venir Pierre-Yves qui était libre à ce moment-là, mais moi, j’étais un peu trop cher. C’est le seul souvenir que j’ai, après peut-être qu’on n’a pas été au courant de tout.A : Personnellement, je ne m’en rappelle pas. Là, comme ça, ça ne me dit rien en tout cas.
Je ne me suis jamais senti aussi fort que durant cette période, ça c’est clair .
Avez-vous regretté la fin de ce duo ?
A : Évidemment. Surtout au vu de la suite de nos expériences diverses. Mais c’est comme ça, on change d’équipe, on change d’entraîneur, de système de jeu, on change aussi de statut, donc il faut se réadapter. Mais c’est vrai que ce n’était plus pareil, le binôme était coupé en deux.N : Oui, bien sûr. Après, c’est la carrière d’un joueur qui veut ça. Il faut savoir qu’il y a quand même eu le départ du coach qui a pas mal précipité les choses. On s’entendait vraiment bien avec lui et le fait qu’il parte, quelque part, ça a tout déclenché.
Êtes-vous parvenus à retrouver cette entente fusionnelle avec un autre joueur dans la suite de votre carrière ?
N : Non, jamais. Je m’entendais très bien avec Éric Carrière quand j’étais à l’OL, mais c’est vrai que l’entente que j’avais avec Pierre-Yves, je ne l’ai jamais retrouvée.A : Moi non plus, je n’ai jamais pu retrouver une osmose comme celle-là. À Nantes, j’ai découvert un système de jeu qui n’était sans doute pas l’idéal pour moi. Mais ce sont les aléas d’une carrière, c’est comme ça.
Pensez-vous que ces trois saisons furent le sommet de vos carrières respectives ?
N : Oui, sans aucun doute. D’autant que, personnellement, j’ai connu pas mal de blessures par la suite qui m’ont beaucoup gêné. C’est vrai qu’en terme de qualité, de buts marqués et de matchs joués, cette période-là reste le sommet de ma carrière.A : Pour ma part, disons qu’à Nantes, j’ai quand même eu la chance de jouer la Ligue des champions, ce qui n’est pas rien. Mais en terme de niveau personnel, oui, je pense que j’ai été à mon meilleur niveau pendant ces trois années-là. Je ne me suis jamais senti aussi fort que durant cette période, ça c’est clair.
Quel but ou action de l’autre vous a particulièrement marqué ?
A : Il y a le but qu’il marque à Rennes, contre Bernard Lama. Légèrement excentré sur le côté droit, il réalise une feinte de frappe et parvient à lober Lama, ce qui n’est quand même pas rien. Le geste parfait. Un but qui résume bien toutes les qualités de Fred, d’ailleurs.
Le but de Née en question, à 3’02 dans la vidéo.
N : Je me souviens d’un match contre Lyon, où l’on gagne 4-1. Sur le dernier but, je lui dévie un ballon qu’il récupère avant d’éliminer son défenseur, puis de tromper Greg Coupet d’un super ballon piqué. Un très beau but.
Le but d’André en question, à 0’40 dans la vidéo.
C’est vous, Pierre-Yves, qui étiez en charge de tirer les penalties. Il n’y a jamais eu de conflit entre vous par rapport à ça ?
N : Non, pas du tout ! Pierre-Yves le tireur, c’était très clair, point barre. De toute façon, on n’était pas du genre à se chamailler pour savoir qui allait tirer ou ce genre de choses. On n’allait quand même pas se disputer pour ça. En revanche, je me souviens d’une fois où il m’en a laissé tirer un parce que j’étais en course pour le titre de meilleur buteur. Ce qui est assez révélateur de notre relation.A : Comme c’était préétabli à la base, il n’y avait aucun souci. Il n’y avait pas de problèmes entre nous par rapport à ça, ce n’était pas notre genre.
Allez, dites-nous honnêtement, lequel était le meilleur ? A : Il n’y avait pas de meilleur, chacun tirait l’autre vers le haut. On était complémentaires et on se servait de l’autre pour être meilleur.
N : (rires) On s’est chacun apporté quelque chose. Je pense lui avoir apporté un peu de maturité tactique, tandis que lui m’a communiqué sa fougue. C’est lui qui m’a appris à toujours me battre, à ne jamais renoncer. On s’est rendus meilleurs mutuellement.
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