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Etxebarria, le soleil du Betis

Par Robin Delorme
5 minutes
Etxebarria, le soleil du Betis

Dans la liste tout en strass et paillettes de Vicente Del Bosque figure un nom peu ronflant : celui de Beñat Etxebarria. Inconnu du grand public, ce Basque de naissance et Andalou d’adoption a pourtant tout pour ensoleiller son monde.

Pléonasme (Nom masc.) : répétition de mots dont le sens est identique. A en croire la définition du Petit Larousse, qualifié Beñat Etxebarria de soleil d’Andalousie serait une redondance. Lors du cru 2011-2012, ce jeune Basque a régalé son monde au sein du Real Bétis Balompié, patronyme originel du Betis Séville. Les âmes s’entassant dans le vétuste l’Estadio Benito Villamarin y venaient profiter des caviars, des coups francs et de la vista du natif d’Igorre. Après un nouveau début de saison du même acabit, c’est en toute logique que le garçon retrouve le chemin d’une Roja qu’il a déjà squattée à deux reprises. Sa titularisation de vendredi face à l’Arabie Saoudite, il l’espère comme un ticket longue durée. En cas d’échec, Etxebarria se remettra au travail, sans broncher. Car ce garçon, passé des bas-fonds de la Liga Adelante à la lumière de la sélection rouge, sait trop bien d’où il vient. Et le prix à payer pour y parvenir.
Titulaire par défaut
Avec son appellation made in Euskadi, Beñat Etxebarria est un pur produit de l’Athletic Bilbao. Depuis son onzième anniversaire, le gamin parfait ses gammes à quelques encablures de la cathédrale San Mamés. Un à un, il gravit les échelons qui le mènent logiquement à l’équipe première. Parmi ces quelques paliers franchis figure une finale nationale – perdue, évidemment – en cadets face au Barça de Messi, Piqué et Fabregas. Ces deux derniers noms, il les recroisera d’ailleurs chez les moins de 17 ans de la Rojita. C’est donc le 29 octobre 2006, à 20 heures trente passées de quelques secondes qu’il se voit offrir son premier frisson sous la liquette roja. Remplaçant Yeste à la 84e minute d’un derby face au voisin de l’Osasuna Pamplune, il prend part au match nul un partout ramené du Reyno de Navarra. Le début d’une belle idylle, pense-t-on. La situation économique, plus que délicate, ainsi que le style de jeu pas franchement porté vers la technique proposé par le club basque en décideront autrement. Une apparition et puis s’en va, le gamin ira achever sa formation dans la réserve des Bilbotars. Puis en prêt, une saison durant, à Cuenca, commune paumée au beau milieu de la Mancha.
A l’intersaison 2009, revenu de son périple à l’UB Conquense, il doit encaisser un refus de la part de l’Athletic Bilbao concernant une éventuelle prolongation. Le Bétis Séville flaire le bon coup et lui octroie un voyage vertical Nord-Sud. Dans la capitale andalouse, on lui indique d’abord l’antichambre professionnelle. Ces mêmes douze mois, patatras, le Bétis est relégué en Liga Adelante. Dans son opération remontée, le technicien Pepe Mel décide alors de lui confier les clés de l’entrejeu des Vert et Blanc. Par défaut : pour le début des hostilités secondaires face à Grenade, l’autre Pepe a dû faire appel à Beñat à cause des blessures de ses titulaires, Arzu, Juande et Cañas. Un joli coup de poker. Avec ses 36 matchs dans les guiboles, et quelques coups géniaux, il participe à la remuntada des Verdiblancos. Comme une évidence, son premier exercice en Liga s’avère une réussite. Pour couronner ses retrouvailles avec le premier étage domestique, il offre au peuple du Bétis trois golazos lors des deux derbys face à l’ennemi héréditaire : le FC Séville. Visiblement, un homme des grandes occasions.
« Beñat a prouvé qu’il avait le niveau »
En bon sophiste, Vicente Del Bosque le convoque dans sa liste élargie du voyage ukraino-polonais. « La chose (être sélectionné pour l’Euro) est très compliquée, je fais les choses pas à pas. Tout d’abord pour m’entraîner et après on verra. Je suis déjà très content de cette convocation qui me permet d’apprendre au milieu de mes coéquipiers » , commentera juste un Beñat Etxbarria réaliste lors de son arrivée dans l’escouade espagnole. Dans un style proche de Xavi Hernandez, le Basque imprime tout ce qu’il entend, ce qu’il voit à l’entraînement auprès des Iniesta, Fabregas, Xabi Alonso et autres Busquets. Bien trop pourvu dans ce secteur, la moustache de Vicente ne l’emmènera pas dans son périple en Europe de l’Est. Mais lui offrira tout de même ses premiers frissons sous la camiseta roja dans la rencontre amicale face à la Serbie du 26 mai dernier. Une aubaine pour un joueur promis, il y a encore de cela un été, aux joies des divisions inférieures ibériques.
Depuis la reprise, Beñat est resté le dépositaire du jeu du Real Bétis Balompié. Et ce, malgré les appels du pied de son ancien propriétaire : l’Athletic Bilbao. Un fanion basque qui a reçu un refus catégorique du Bétis. Ça tombe bien, ce mètre soixante dix-neuf semble reparti sur les mêmes bases. En deux rencontres, Beñat a offert autant de caviars à ses partenaires, pour un début de saison mi-figue, mi-raisin – une victoire 5-3 sur un Athletic Bilbao malade, et un revers 2-1 à domicile qui fait tâche face au modeste Rayo Vallecano. Toujours au rayon évidence, Vincent du Bois l’a donc repêché pour les deux nouvelles échéances de sa sélection. Pour le vétéran Xabi Alonso, « Beñat a prouvé qu’il avait le niveau de la Roja. Mais la concurrence est très forte » . Pas vraiment un inconvénient pour l’Andalou d’adoption qui érige Xavi comme « un exemple à suivre » . Lui va continuer son travail de sape pour parfaire définitivement sa place sous le soleil de la péninsule. Car pour le moment, seul son Bétis peut se targuer d’en profiter.

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