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États-Unis : Timothy, l’héritier Weah
Titulaire avec les États-Unis et buteur en Coupe du monde, Timothy Weah porte à travers ses exploits l’héritage et les illusions de son père, George.
Une accélération dans le dos de la défense, un contrôle et un piqué de l’extérieur du pied droit pour effacer Wayne Hennessey. En quelques secondes face au pays de Galles, Timothy Weah a montré qu’il était le digne fils de. L’efficacité redoutable d’un jeune attaquant parvenu à réaliser son rêve en marquant en Coupe du monde et, à travers cela, honorer la légende du paternel.
Buteur par procuration
Car l’histoire de ce but marqué face aux Gallois revêt en elle une symbolique établie dès la révélation de la liste des 26 de Gregg Berhalter. Vingt ans après la retraite du grand George, un Weah dispute en effet une Coupe du monde. Pour perpétuer un héritage familial éminemment colossal et venger un destin sportif inachevé. « Ne pas disputer ne serait-ce qu’un match de Coupe du monde restera comme le plus grand regret de ma carrière, narrait George Weah à la FIFA. Quand on vient d’un petit pays comme le Liberia, se hisser jusqu’en Europe est déjà un exploit en soi, mais au moins une fois dans ma carrière, j’aurais aimé connaître le plaisir de représenter son pays à l’international. » Le goût amer d’une carrière déjà hors normes, que l’édition 2002 aurait pourtant pu adoucir.
En fin de parcours, « Mister George » , 34 ans à l’époque, voyait en effet son rêve et celui de la Lone Star filer sous le nez de la nation, au profit du Nigeria (le Liberia termine deuxième de son groupe, à un point des Super Eagles). En débarquant à Doha, Timothy Weah s’est donc acquitté de cette quête personnelle, couplée à l’honneur de représenter les États-Unis, son pays de naissance. « Mon père n’a jamais cherché à s’immiscer dans ma carrière, racontait l’attaquant sur le site de la fédération US. Quand il me parle de football, c’est pour me donner des consignes un peu techniques. Et on se comprend en un regard. Je vais donc tout faire afin d’honorer son nom durant ce Mondial. »
Père spirituel
Une complicité entre un père et son fils, avant tout, n’ayant donc que renforcé ce désir d’affirmer un patronyme mythique. « C’est un honneur de voir mon fils disputer la Coupe du monde, poursuivait George, avant le match des USA face au pays de Galles. Il réalise son rêve, car c’est le sien, et à travers lui, je peux également vivre le mien. Et s’il venait à marquer, ce n’en serait que plus beau. » Ce discours prémonitoire, le fiston le matérialisera donc au soir du 21 novembre 2022 à l’Ahmad bin Ali Stadium.
Just had dinner with my son Timothy Weah. Proud daddy. pic.twitter.com/Jrx2vT3iAa
— George Weah (@GeorgeWeahOff) November 22, 2022
Fier de son protégé, le président du Liberia n’a d’ailleurs pas hésité à faire le déplacement lors du match suivant contre l’Angleterre (0-0) – salué en retour par « Tim » au moment de quitter la pelouse – et à lui rendre visite au camp de base américain. Il faut dire qu’au-delà du lien symbolique, cette World Cup prend des allures de vitrine en mondovision pour le jeune avant-centre, désireux de gagner en stabilité. En sélection d’abord, au sein d’un groupe rajeuni et orphelin d’une pointe depuis la retraite internationale de Jozy Altidore. Du haut de quatre petits buts en 26 capes désormais, Weah pourrait s’établir en buteur référent pour les Yanks, dans le sillage du Mondial 2026 cher à la patrie. Suffisant, ensuite, afin d’ouvrir les portes de la confirmation en club, à celui qui se contente provisoirement d’un rôle de joker régulier au LOSC. Pour définitivement s’inscrire dans les pas du paternel et, à son tour, apposer la marque « Mister Tim ».
Par Adel Bentaha