- Mort d'Albert Uderzo
Et si les personnages d’Astérix étaient des footeux
Albert Uderzo nous a quittés à 92 ans, emportant avec lui son légendaire coup de crayon. Il l'ignorait sans doute, mais les joyeux lurons qu'il a croqués pendant toutes ces années dans Astérix auraient très bien pu être des acteurs du ballon rond.
Astérix : Antoine Griezmann
Né dans le territoire gallo-romain de Matisco, le blondinet est un petit prodige, malgré des caractéristiques physiques qui sont loin de le faire sortir du lot. Pendant longtemps, de l’autre côté des Pyrénées, il a été le fer de lance des irréductibles soldats Colchonerix face aux deux puissantes armées du territoire hispanique, mais n’a jamais délaissé les siens : personne n’a oublié le « L » de « Lutèce » dans ses célébrations lors du dernier Mondial. Sa potion magique à lui, qui lui fait oublier la fatigue, vient d’un druide d’Amérique latine et se prépare en infusant des feuilles de yerba mate.
Obélix : Nicolas Pallois
Il a eu le malheur de tomber au mauvais moment, celui où le talent de sa génération (la 87, celle de Samir Nasri, Karim Benzema, Jérémy Ménez, Hatem Ben Arfa, mais aussi Dimitri Payet et Kevin Gameiro) ne lui a pas laissé la part de lumière qu’il méritait. Résultat : ce n’est jamais son nom qui ressort en premier, tout ça parce qu’il est moins vif et moins bankable. Pourtant, à sa manière et avec sa grande carcasse, il est un joyau qui s’ignore. Véritable crème dans la vie, il devient une vraie furie, un terrible opposant et un élément indispensable lorsqu’il s’agit d’aller au charbon. Oui, on peut naître à Elbeuf et préférer le sanglier. Et qu’importe s’il ne peut plus se faire de tresse.
Panoramix : Guy Roux
Sage parmi les sages, il prend soin de ce qui lui appartient et reste l’un des rares individus à pouvoir tirer le maximum de n’importe qui. Grâce à sa rigueur légendaire et sa recette secrète, on ne compte plus les éléments lambda qui sont devenus des foudres de guerre avec lui, même si ce ne fut parfois qu’éphémère. Preuve de sa grandeur, on a tout le mal du monde à assurer sa succession sur le long terme dans sa bourgade.
Abraracourcix : Michel Platini
Ayant pris part aux illustres combats de la communauté, il a acquis le statut de chef et a longtemps surfé sur son image d’intouchable. Inévitablement, il s’est aussi quelque peu laissé aller (sur tous les plans) et a un peu perdu de sa grande aura : difficile de toujours voir en lui l’esthète qu’il fut autrefois.
Assurancetourix : Jesé
Comme il n’était pas le meilleur au front, on a essayé de le mettre à la musique, sans grande réussite. Aujourd’hui, il traîne toujours dans les parages sans que personne ne réussisse à s’en débarrasser, et c’est souvent sans lui que l’on fête les victoires. Quelque part, il fait partie du paysage et tout ça aurait moins de saveur sans lui.
Agecanonix : Jean-Michel Aulas
Il est en place depuis si longtemps que personne n’imagine la vie sans lui et on a du mal à le revoir jeune. Il a été de toutes les aventures et il aime par-dessus tout se faire remarquer, sans se soucier de la notion d’excès. C’est simple : si vous ne l’entendez pas donner son opinion, c’est que quelque chose ne va pas. Est-ce l’âge ou simplement son statut qui veut cela ? Toujours est-il qu’il a une fâcheuse tendance à délirer. Mais au moins grâce à lui, on ne s’ennuie jamais.
Ordralfabetix : Gautier Larsonneur
Originaire de la côte armoricaine et poissonnier de la troupe, il ne manque jamais de rappeler son amour pour la poiscaille, et ce, bien que la pêche ne soit pas son activité principale : moins ses filets sont garnis, mieux il se porte.
Cétautomatix : Tony Vairelles
Idole des Forgerons de Gueugnon, le gaillard à la nuque longue blonde n’est pas le dernier quand il s’agit de se mettre sur la gueule, y compris avec quelqu’un de son propre camp : Stéphane Dalmat, qui témoignait il y a un an au sujet d’une baston intervenue sous les couleurs lensoises à l’occasion d’un match face à Arsenal en 1998, ne dira pas le contraire. Même s’il n’était ici pas question de la fraîcheur de ses poissons.
Jules César : Francesco Totti
Qui d’autre qu’Il Capitano de Rome pour incarner Caius Iulius Caesar ? Formidable stratège, charismatique, leader naturel au corps sculpté destiné à directement terminer dans les livres d’histoire, l’idole de la ville éternelle s’est pour autant toujours cassé les dents (ou plutôt le nez) sur ses adversaires au moment de conquérir l’Europe, malgré une escouade prometteuse. « Veni, vidi et j’ai compris. »
Par Jérémie Baronix