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Et si c’était l’année de Sochaux ?
Même s’il a perdu la première place lors de son déplacement à Valenciennes samedi dernier (2-1), Sochaux, devancé par Bordeaux (1er), Amiens (2e) et provisoirement Le Havre, réalise un début de saison convaincant, après un été agité et notamment marqué par le départ de son entraîneur Omar Daf à Dijon. Chez les Lionceaux, la Ligue 1, quittée en 2014 et qui était à portée de main en mai dernier, fait partie des ambitions d’un club qui s’en est donné les moyens.
Comme d’autres, tels le Paris FC, Saint-Étienne, Bordeaux, Dijon ou Metz – et les autres, qui se reconnaîtront facilement -, Sochaux était régulièrement cité parmi les prétendants à l’accession à la Ligue 1, réservée seulement à deux équipes, du fait du passage de l’élite de 20 à 18 clubs. Pas seulement parce que le FCSM, qui a un passé long comme le bras en Ligue 1, avait échoué à l’avant-dernier tour des barrages face à Auxerre (0-0, 5-4 aux TAB) en mai dernier. Cette saison, le Nenking Group, propriétaire du club, a décidé de revoir le budget à la hausse (il serait légèrement supérieur à 21 millions d’euros) et donc d’offrir à certains joueurs des salaires attractifs. « On a fait venir des joueurs de L1, tels Julien Faussurier (Brest), Moussa Doumbia (Reims), Franck Kanouté, qui vient du Cercle Bruges (Belgique), ou un buteur comme Ibrahim Sissoko (Niort). Bien sûr que nous avons envie de retrouver la Ligue 1, on a cette ambition, et le plus vite possible », embraye le directeur Samuel Laurent, qui gère la boutique au quotidien.
« L’évidence » Guégan
Jusqu’à la défaite à Valenciennes, Sochaux occupait la première place du classement, après avoir accumulé six victoires consécutives entre la 4e et la 9e journée, inscrit 17 buts (contre 3 encaissés) et produit pas mal de spectacle, en torpillant notamment Pau (3-0), Niort (3-0), Laval (4-1), Nîmes (3-1) et Dijon chez lui (2-0), sous les yeux d’un Omar Daf impuissant. Le départ animé de son entraîneur en juin dernier a toujours du mal à passer pour Laurent, mais un simple coup d’œil au classement suffit à le consoler, puisque le DFCO lambine à une décevante douzième place. « Il avait dit qu’il partait parce qu’il estimait ne pas être assez au recrutement, alors que je vous assure que c’est faux… Bref, on ne va pas revenir dessus, mais comme il est parti à Dijon tardivement, nous avons dû lui chercher un remplaçant et décaler la reprise de l’entraînement de quelques jours, poursuit le dirigeant, dont le choix se portera sur Olivier Guégan (50 ans), l’ex-coach de Reims, Grenoble et Valenciennes, parfaitement aguerri à la L2. C’est lui qui m’a fait la meilleure impression. Il connaissait très bien l’équipe, les joueurs. J’ai aimé sa personnalité, et avec les autres décideurs, nous étions en phase sur cette question essentielle. C’était une évidence. Choisir un entraîneur, c’était une première pour moi. »
La préparation un peu chamboulée des Lionceaux, avec un mercato animé ayant vu 10 joueurs arriver et 11 partir, et un staff technique tout neuf aux commandes – Guégan est secondé notamment par Eric Guérit et Jérôme Monier – peut-elle expliquer leur début de championnat poussif (nul contre le Paris FC 0-0, défaites 0-1 à Grenoble et contre Amiens) ? « Il faut toujours un temps d’adaptation, au staff comme aux joueurs. J’ai été nommé le 25 juin, mais un entraîneur se doit d’être réactif. On a donc fait une grosse préparation, les joueurs ont vite adhéré, mais effectivement, les trois premiers matchs ont été difficiles. Cela ne m’a pas inquiété, car j’ai une équipe compétitive, avec des joueurs expérimentés, qui connaissent très bien la L2, et le match remporté à Pau (0-3) lors de la 4e journée a fait beaucoup de bien à tout le monde », intervient Guégan. Le mutisme des Sochaliens lors des trois premières journées a été rapidement relégué au rang d’anecdote après le large succès dans le Béarn, où le capitaine Gaëtan Weissbeck, premier Lionceau à briser la glace, y a décelé les signes qui ont porté l’équipe vers les sommets du classement : « Ce match a constitué un déclic. On restait sur deux matchs décevants, notamment à Grenoble. Ce qu’il nous fallait, c’était inscrire ce premier but, qui nous a libérés. Il fallait aussi qu’on digère le départ de Daf, l’arrivée d’un nouveau coach, avec ses méthodes, et une préparation un peu raccourcie et qui s’est révélée très intense. On a beaucoup travaillé, et c’est peut-être pour cette raison que nous n’étions pas à 100 % lors des trois premiers matchs. » On connaît la suite après le voyage à Pau : une série de cinq victoires, un football offensif, beaucoup de buts et une première place jusqu’à ce déplacement à Valenciennes. « C’est toujours quand tout va bien qu’il faut être attentif au moindre relâchement. Les louanges peuvent affaiblir les hommes, alors qu’il faut au contraire être encore plus pointu et augmenter le niveau », avait souligné, prémonitoire, Olivier Guégan à l’avant-veille du déplacement dans le Hainaut.
Weissbeck : « Ne jamais banaliser les victoires »
L’échec à Valenciennes est venu rappeler toute la difficulté d’un championnat où le FCSM ne parvient pas à s’extraire depuis sa relégation en 2014. « C’est pour cela qu’il ne faut jamais banaliser les victoires. La Ligue 2, c’est compliqué, c’est un marathon, reprend Weissbeck, capitaine d’un effectif armé pour jouer les premiers rôles. Il y a beaucoup de qualités, et on a la chance d’avoir avec Ibrahim Sissoko (4 buts et 2 passes décisives) un vrai buteur, ce qui est très important quand on a des ambitions. » Mais si l’ancien Niortais est pour l’instant le meilleur buteur de Sochaux, Guégan possède dans son effectif des joueurs capables de marquer. « C’est aussi ça qui est intéressant : le danger peut venir de partout, avec Weissbeck, Mauricio, Kalulu, reprend Samuel Laurent. Ce qui me plaît, c’est qu’entre les joueurs et le coach, ça se passe bien. Au bout de trois journées, il y avait déjà certains supporters qui s’excitaient sur les réseaux sociaux, mais je n’allais quand même pas virer Olivier parce que l’équipe ne comptait qu’un point sans avoir marqué un but. Soyons sérieux ! Je ne gouverne ni au sondage, ni au chantage. L’équipe joue bien et ici, c’est quelque chose qui compte pour les supporters. On a de l’ambition, je ne suis pas en train de vous dire qu’on va monter, mais retrouver la Ligue 1 rapidement est un objectif. »
Et pour Laurent, la réussite d’un projet sportif passe aussi par une relation de confiance entre celui qui gère le club au quotidien et l’entraîneur. Samuel Laurent a son petit caractère, Olivier Guégan aussi. « On se dit les choses. C’est franc, parfois je lui dis des choses qui ne lui font pas plaisir, parfois c’est l’inverse », résume le dirigeant. « Oui, ça fonctionne bien, on peut ne pas être d’accord, mais c’est toujours l’intérêt du club qui prime », confie le technicien, très à l’aise dans son nouvel environnement et qui a rapidement accroché avec le public de Bonal. « Un public de connaisseurs, qui aime le football offensif, capable de mettre une belle ambiance, ici comme à l’extérieur, notamment à Dijon. Sur le terrain, les joueurs prennent du plaisir, ils en donnent aux supporters, c’est appréciable. » Et accessoirement efficace sur le plan comptable.
Par Alexis Billebault