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Et si c’était l’année de la Real Sociedad ?
À la chasse à la première place et portée par une excellente dynamique depuis le début de saison, la Real Sociedad tentera de confirmer ce dimanche à l’occasion du derby basque face à l’Athletic Club. Des résultats instantanés et impressionnants, qui ne sont en réalité que la conséquence d’un travail en profondeur entamé depuis plusieurs années.
Sept victoires en onze matchs. Le bilan est simple et précis, comme l’efficacité de la Real Sociedad à l’entame de cet exercice 2021-2022. Celle d’une équipe jeune (25 ans de moyenne d’âge), mais à l’expérience bien bâtie. Le savant mélange de joueurs issus du cru de Donostia et d’internationaux réguliers, dirigés d’une main de maître par le placide Imanol Alguacil. Une seule défaite depuis le début de saison (4-2 face au FC Barcelone le 15 août dernier, NDLR) qui place ainsi les Bleu et Blanc dans un statut de sérieux candidat au titre, loin de son rôle d’éternel perdant.
Imanol, maître bâtisseur
Afin de mener à bien la tâche qui lui incombe de plus en plus, la Real Sociedad sait sur qui s’appuyer : Imanol Alguacil Barrenetxea. À 50 ans, l’enfant d’Orio est devenu l’homme de base d’un projet d’envergure, entamé depuis près de dix ans maintenant. Intronisé manager général de l’ensemble des catégories jeunes en 2011, Alguacil a lancé la vaste réforme de formation d’une institution alors en perte de vitesse, engluée dans une permanente bataille pour le maintien. Le temps aura donné raison à El Bichin, et cette saison confirme le bien fondé de ses excellentes méthodes. Il faut dire que les points positifs sont nombreux : Joseba Zaldúa, Martín Zubimendi, Igor Zubeldia, Aihen Muñoz et l’éminent Mikel Oyarzabal. Autant de noms, aussi semblables qu’indispensables, indissociables du système Alguacil.
Formés par le technicien ou lancés dans le grand bain par ses soins, les cinq régionaux de l’étape pèsent plus de 70% des minutes disputées par l’effectif, pour en constituer la solide colonne vertébrale. Troisième défense du championnat avec neuf buts encaissés (derrière le Séville FC, sept, et l’Athletic, six, NDLR), la Real n’a pourtant remporté que deux victoires par plus d’un but d’écart. La première était en septembre, à Cadix (0-2), et la seconde il y a quelques jours sur la pelouse du Celta de Vigo avec un score identique. Un constat surprenant, pour une équipe au style de jeu flamboyant, qui s’avère malgré tout efficient sur le plan comptable. Ce réalisme saisissant est ainsi devenu l’arme létal d’un secteur offensif de qualité. Fidèle adepte de la « Salida Lavolpiana », sortie de balle en passe courte initiée par le technicien argentin Ricardo La Volpe et d’un 4-1-4-1 modulable, Alguacil axe l’ensemble sur une rotation à même de répondre à ses besoins. Des joueurs interchangeables aux registres différents, comme peuvent l’être Isak, Sørloth et Oyarzabal, garants d’une réussite insolente. Résultat : sept buteurs différents pour seize pions inscrits en Liga et des certitudes aussi nombreuses que rassurantes.
Gagner à nouveau, rejeter 2003
Pour décrocher ce premier sacre depuis 1982, la Real Sociedad devra donc tenir la distance. Trouver les ressources mentales nécessaires en allant au bout et en s’ôtant définitivement l’insipide goût amer laissé par le mois de juin 2003. Cette même saveur qui a vu la bande à Raynald Denoueix, alors à la lutte pour le titre avec le Real Madrid, perdre son ultime espoir à une journée du terme, conséquence d’une défaite à Vigo face au Celta (3-2). Un traumatisme encore vivace dont Imanol Alguacil n’a jamais caché les effets. « Il est temps que ce club gagne en régularité. Avoir une philosophie et des idées de jeu c’est bien, mais rien ne vaut les titres », narrait le technicien au sortir de la victoire en Coupe du Roi contre l’Athletic (0-1) en avril dernier. La joie extrême de son entraîneur témoigne par ailleurs de ce changement de cap. Ce succès obtenu face à l’éternel rival de Biscaya a effectivement été le catalyseur de la récente dynamique, et les temps qui ont transformé le club en second couteau, luttant au mieux pour la cinquième ou sixième place, semblent désormais révolus.
À l’image de son stade de l’Anoeta, la métamorphose est donc entamée du côté de la Real. Et l’actualité du football espagnol n’a jamais été aussi propice à la révolution. Dans une Liga sans cador ni favori, le moment des Txuri-Urdin est vraisemblablement arrivé. Les innombrables faiblesses sportivo-institutionnelles du FC Barcelone, l’instabilité chronique du Real Madrid, l’obsolescence programmée de l’Atlético et le rendez-vous manqué du Séville FC l’an dernier sont autant de signaux favorables. Le calendrier a ainsi permis d’engranger 24 points sur 33 possibles et de ne pas avoir encore trébuché face aux « petits » . Les victoires solides, obtenues contre les formations de bas de tableau que peuvent être Elche, Grenade, Cadix ou Levante mettent en lumière le sérieux de ce groupe. De plus, hormis la défaite subie à Barcelone, les Bleu et Blanc ont su résister à deux de leurs concurrents directs, accrochant successivement le nul devant Séville (0-0), puis les Colchoneros (2-2). Des symboles venus placer la Real Sociedad sur le chemin du titre après quarante ans de famine. En attendant une fin de saison encore lointaine, cette période glorieuse pourrait donc offrir à cette nouvelle génération l’occasion de rendre un magnifique hommage à Nihat, Kovačević, Karpin et consorts.
Par Adel Bentaha