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Et si Blaise Matuidi était le meilleur ailier gauche du PSG ?
Contre Arsenal, Matuidi a montré qu'il pouvait faire plus que dépanner sur le côté gauche de l'attaque. Et si Emery tenait le meilleur ailier du PSG ? Et si le coach parisien avait enfin l'occasion de mettre sa griffe sur son équipe ? Tout semble l'indiquer. Même un brin de mauvaise foi.
Thiago Motta avait à peine reçu la balle, un passe toute simple au milieu de terrain de Thiago Silva, que Blaise Matuidi avait déjà tout vu avant tout le monde. Posté aux alentours des trente mètres, Blaisou commençait à tiquer, à trépigner. Des petits pas chassés, pour commencer, comme à l’échauffement, pour s’approcher de la surface d’Arsenal. Avant d’indiquer de la main la direction à Motta, et de déclencher une course menaçante. La défense des Gunners ne voit rien venir, et en vieux routier qu’il est, Thiago Motta avait flairé le bon filon et balancé une passe en profondeur parfaite à son pote. Mustafi et Jenkinson ont beau lever la main bien haut, en utilisant cette stratégie du défenseur à la rue qui demande le hors-jeu, les arbitres ne tombent pas dans le panneau, et Matuidi peut servir Cavani pour l’ouverture du score. Un peu plus de deux mois après le match aller où il avait aussi été utilisé en tant qu’ailier gauche, mais sans grand succès, Blaise Matuidi calmait tout le monde. Car une heure avant le match, au moment où les compos étaient tombées, pas mal de monde s’était tapé le front avec la paume de la main. Comment ça, Matuidi à gauche ? La blague n’avait pas été drôle à l’aller, pourquoi Emery donnait-il dans le comique de répétition ? En prime, la majorité des médias avaient passé la journée à annoncer la titularisation de Ben Arfa.
Le funambule
Le coïtus interruptus a donc été compliqué à gérer pour ceux qui fantasmaient en imaginant Hatem démarrer à l’Emirates Stadium. Mais franchement, alors qu’Emery avait débarqué à Paris en promettant de prendre en main la philosophie de jeu du club, le style du PSG a rarement semblé aussi statique. On spéculait sur un 4-2-3-1, et sur une rupture marquée avec les années Blanc. Le 4-3-3 est vite revenu, et en force. Et s’il y a bien un poste qui symbolise l’immobilisme d’Emery depuis le début de la saison, ce sont les ailes. Irrémédiablement confiées à Lucas et Ángel Di María, qui échangent parfois de côté, elles méritaient un bon coup de balai. À force de jouer tout le temps et d’enchaîner des matchs de Ligue 1 après les traversées de l’Atlantique que lui demande la sélection argentine, Di María a fini par se péter. Et Lucas est adorable, et est même un bon footballeur, mais il ne sert à son équipe que quand il branche son cerveau, geste technique qu’il n’arrive pas toujours à réaliser. Matuidi, lui, a régulièrement des problèmes pour gérer ses pieds, c’est un fait. Avec sa démarche de funambule et ses airs un peu patauds balle au pied, il renvoie une image de gros culbuto instable qui n’incite pas à lui faire confiance en attaque. Une erreur. « Mon positionnement ? Je joue là où l’on me dit de jouer. L’entraîneur voulait que je sois plus haut ce soir. J’essaie de donner le maximum pour l’équipe » , narguait-il mercredi soir après son match qu’il savait réussi.
Ma révolution porte ton nom
Emery ne cachait pas non plus sa satisfaction, en félicitant le pressing haut et incessant réalisé par son joueur en plus de son apport offensif : « C’est clair que nous avions besoin de joueurs pour faire du pressing. Et pour mettre la pression, je crois que Matuidi est possiblement le meilleur de l’équipe. » Un boulot ingrat, qui nécessite de mettre les mains dans le cambouis, et que n’assure pas Di María. Quant aux ambitieux du banc, Jesé ou Ben Arfa, on se demande s’ils pourraient courir un quart de ce que cavale Blaise. Mais au-delà du terrain et de l’aspect sportif, l’utilisation de Matuidi en ailier gauche serait la première vraie pierre de la maison que veut bâtir Emery. Enfin un changement, un vrai. Un acte fort, fondateur, la patte d’un coach, tout simplement. On disait qu’Emery ne saurait pas comment intégrer Blaise Matuidi dans ses plans, et qu’il voulait s’en débarrasser cet été. Mais depuis août, le Tricolore est de tous les combats parisiens, même quand il doit aller faire un tour en attaque. En plus, Matuidi sait marquer, et un rapide flash back nous rappelle qu’au début de la saison 2015-2016, avec le PSG comme en Bleu, Blaisou s’était amusé à planter partout de façon un peu folle. Lui ouvrir les portes de l’aile gauche un peu plus souvent ? Emery est de nature prudente, mais mettait le pied dans la porte après le match face à Arsenal : « C’est une possibilité pour quelques matchs de le faire jouer à ce poste. » Une nouvelle preuve que les révolutions démarrent souvent à gauche.
Par Alexandre Doskov