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Équipe de France : Comment Didier Deschamps va gérer le forfait de N’Golo Kanté au Mondial ?
C’est ce vendredi que le secret de polichinelle a été levé : N’Golo Kanté ne sera pas du voyage de l’équipe de France au Qatar. Devenu collectionneur en matière de pépins physiques et abonné aux problèmes musculaires, le poumon des champions du monde 2018 laisse derrière lui un vide. Mais un vide auquel s’était forcément préparé Didier Deschamps.
Une boutade jadis populaire sur les Internets stipulait que « la surface de la Terre était couverte d’eau à 70 %, le reste étant couvert par N’Golo Kanté ». L’euphorie de la deuxième étoile retombée, les nuages noirs sont peu à peu venus assombrir la trajectoire cousue de fil blanc du petit prince de Rueil-Malmaison. Si, avec Chelsea, l’ancien Caennais a continué à briller sur la scène européenne, jusqu’à être cité dans la short list pour le Ballon d’or 2021, sa présence en équipe de France s’est raréfiée au gré des blessures récurrentes (plus d’une quinzaine depuis le sacre face à la Croatie). À nouveau éloigné des terrains depuis la mi-août à cause d’ischio-jambiers récalcitrants, Kanté a fini par jeter l’éponge, à un mois et des poussières de la Coupe du monde. Ses petits copains devront défendre leur titre sans lui. Du moins, ceux qui seront aptes.
L’envie d’avoir le Blues
Paul Pogba, Lucas Hernández, Mike Maignan, Jules Koundé, Presnel Kimpembe, Wesley Fofana, avec Raphaël Varane et Kingsley Coman en phase de reprise… la liste des internationaux français sur une jambe (ou même moins) commence assurément à casser la tête de la Dèche tant elle est longue comme le bras. Alors le premier forfait officiel parmi les grands brûlés de l’EDF ne surprend à vrai dire personne. Il semblait même temps de crever l’abcès à l’approche de la dernière ligne droite, pour accepter l’inéluctable et se concentrer sur les forces à disposition.
Déjà âgé de 31 ans, N’Golo Kanté devrait donc rester bloqué à un seul Mondial disputé. Mais n’est-ce pas mieux ainsi, finalement ? Plutôt que de le voir traîner la patte au pays des droits de l’homme, puis d’y rechuter encore plus violemment dès le match inaugural contre l’Australie ? Certes, à titre personnel, il rongera son frein du côté de Cobham en se souvenant de ses premiers pas idylliques avec la tunique bleue, de son premier pion le soir de son anniversaire, pour sa deuxième sélection. Mais aussi de l’épopée russe, et de son indestructible duo avec Paul Pogba qui n’a jamais connu la défaite en 31 matchs. Dans un esprit collectif, Aurélien Tchouaméni est tout de même sorti du bois depuis, et sera un des premiers noms couchés par Didier Deschamps au moment de constituer son onze de battants. Déjà indéboulonnable au Real Madrid, « TchouTchou » excelle en 6 comme en 8, ratisse large avec un profil similaire à Kanté, crucial pour l’équilibre de l’équipe.
Et derrière, le château de cartes ?
À l’image de l’opinion publique, difficile d’imaginer DD pris de court par l’absence de celui qu’il a longtemps désigné comme sa pièce maîtresse, limité à 175 minutes de jeu cette saison. On peut même imaginer que l’éventuel forfait de Paul Pogba, survolté dans les tournois majeurs avec l’équipe de France, serait un coup encore plus rude pour l’animation bleue, malgré le poids du volet extrasportif. Mais s’habituer à une absence n’enlève rien à la sensation de vide qu’elle peut causer. Le double de N’Golo Kanté ne court tout simplement pas les rues, et le fait est qu’en dehors de Tchouaméni, les options sûres et fiables ne fusent pas.
Parmi les joueurs valides, Eduardo Camavinga détient un profil atypique, mais ne brille pas encore par sa régularité, la trajectoire de Youssouf Fofana détonne, mais on parle d’un débutant. Mattéo Guendouzi et Jordan Veretout complètent le champ des possibles, sans forcément faire lever les foules. Quant au couteau suisse Adrien Rabiot, il semble avoir sa place assurée au Qatar. Sa place oui, mais à quel poste ? À Didier Deschamps d’enfiler son meilleur casque de bricoleur. Ou de chef de chantier.
Par Alexandre Lazar