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« Entendre le public scander mon nom, c’était énorme »
Formé du côté du FC Metz, Bryan Nouvier (20 ans) voit les portes de la Ligue 1 se refermer avant même qu’elles ne s’entrouvrent l’été dernier, quand le club lorrain ne donne pas suite à son contrat stagiaire. Tant pis, Bryan se barre en Roumanie où il s’éclate désormais sous les couleurs d’un autre maillot grenat, celui du CFR Cluj.
Salut Bryan. Alors, comment tu t’es retrouvé à Cluj, en Roumanie ? Quand j’ai su que je n’allais pas signer pro à Metz, j’ai discuté avec mon agent, qui m’a trouvé un essai en Italie, au FC Bari (Serie B). Au départ, ça ne devait durer que 3 jours, mais je suis finalement resté un mois quand le club a décidé de m’emmener en stage d’avant-saison avec eux. J’ai fait une bonne préparation, et à la fin, le directeur sportif m’a proposé un contrat en me prévenant que je n’aurais pas beaucoup de temps de jeu du fait de la présence d’un joueur expérimenté à mon poste. Du coup, j’ai préféré ne pas signer, et deux semaines après, ce même directeur sportif qui travaille aussi en Roumanie me propose de faire un essai au CFR Cluj. Je me suis entraîné 3 jours avec eux, et le quatrième, le président m’a proposé un contrat.
Tes parents n’étaient pas inquiets de te voir partir dans un pays que tu ne connais pas, comme ça, à 20 ans ?
Si, carrément. J’ai toujours vécu chez eux, depuis tout petit, alors le fait de me voir partir à l’étranger, ça leur a fait un petit choc, quand même. Après, ils savent que la vie de footballeur est faite de voyages, et que j’allais forcément être amené à me séparer d’eux à un moment donné.
Avant toi, deux autres Français, Gregory Tadé et Robert Maah ont déjà joué à Cluj. Tu as pu discuter un peu du club avec eux avant de signer ? Non, je n’ai pas eu de contact avec eux, mais un jeune joueur franco-camerounais, Steve Beleck est arrivé en même temps que moi au club, prêté par la Fiorentina. Du coup, j’ai pu discuter avec un autre Français et m’intégrer beaucoup plus rapidement.
Pour ta première saison en pro, tu as fait 29 apparitions en Liga 1 (D1 roumaine) dont 15 comme titulaire. Tu l’aurais cru quand tu étais au centre de formation du FC Metz, si on t’avait dit que tu jouerais un jour en Roumanie ? Alors là, franchement non, je ne l’aurai jamais imaginé. En tout, j’ai même joué plus de matchs avec la coupe qu’on a remportée, et ça se passe très bien. Le club me fait vraiment confiance, et je progresse de jour en jour.
D’ailleurs, ça vaut quoi le niveau de la Liga 1, comparé à ce que t’as pu voir en France ? J’ai été surpris, mais le niveau est très bon. Pour moi, techniquement, ça vaut la Ligue 1 française, même si ça reste certainement moins physique que le championnat français.
En février dernier, tu as notamment inscrit le but de la victoire de Cluj contre Târgu Mureș (2e du championnat), le premier de ta carrière pro. Tu peux nous raconter ? C’était très fort.
Surtout que c’est arrivé la semaine où mon père est venu me rendre visite, donc il était en tribunes. Je récupère le ballon au deuxième poteau après une frappe contrée, je contrôle et je frappe fort au premier. Entendre le public scander mon nom, c’était énorme, une grosse sensation. Ça donne envie de revivre ça le plus souvent possible.
Et la vie à la roumaine alors ? C’est joli, Cluj ? Le club possède un hôtel, donc j’avais le droit à une chambre tous frais payés à l’année, mais j’ai préféré prendre un appartement pour plus d’indépendance. C’est jamais bien de rester à l’hôtel. Sinon, Cluj est une belle ville, très étudiante. On trouve les mêmes centres commerciaux qu’en France avec les mêmes magasins, Zara, H&M, Macdo, donc ça va, je ne suis pas dépaysé.
On mange quoi en Roumanie ? Je n’ai pas encore eu l’occasion de manger des plats traditionnels roumains. Généralement, je me fais à manger moi-même, des trucs sains. Sinon, il y a le restaurant du club.
Tu t’es mis au roumain un peu ? J’ai acheté un livre pour apprendre, oui. Je peux comprendre une conversation quand les gens parlent doucement. Je parle un peu, mais vraiment les bases. Je ne peux pas encore tenir de vraie discussion.
Cluj est réputée pour être une ville où la rivalité entre la minorité hongroise et les nationalistes roumains est très forte. Tu la ressens en tant qu’habitant, ou même au club ? Non pas du tout, je n’étais même pas au courant. (rires) Franchement, on ne ressent rien de cela. Je me sens bien ici, je n’ai jamais eu de problèmes. Je fais ma petite vie de footballeur, tranquille.
Gigi Becali, le président du Steaua Bucarest, a d’ailleurs déclaré à ce propos que Cluj était « une équipe de Hongrois » qui n’avait rien à faire dans le championnat roumain. Sympa…
Tout ce que j’ai à dire, c’est qu’au vu de ses résultats, Cluj est à sa place dans le championnat roumain et l’a prouvé récemment dans son histoire en étant sacré champion de Roumanie et en participant plusieurs fois d’affilée à la Ligue des champions.
Tu penses revenir jouer en France un jour ?Pour l’instant, je pense surtout à bien finir la saison, être le plus décisif possible pour l’équipe, et lui permettre de terminer première des play-out (les 8 derniers de Liga 1, à l’issue de la saison régulière, ndlr). Si j’ai des propositions par la suite, on verra, mais oui, pourquoi pas revenir.
Il y a un club de Ligue 1 qui te fait particulièrement rêver ? Le PSG, comme tout le monde. Mais j’aime bien l’Olympique lyonnais aussi.
Propos recueillis par Pierre Laurent-Lemur