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Eduardo Camavinga, le sens de la fête

Par Clément Gavard, au Roazhon Park
5 minutes
Eduardo Camavinga, le sens de la fête

Deux jours après sa convocation en équipe de France, Eduardo Camavinga a fêté l'événement en marquant son premier but au Roazhon Park, contre Montpellier (2-1), au bout d'un éclair individuel. À 17 ans, le milieu de terrain n'a pas fini d'épater son monde.

Ils étaient seulement 5000 ce samedi après-midi dans les tribunes du Roazhon Park, mais ils avaient tous les yeux de l’amour pour le même joueur : Eduardo Camavinga. Ce gamin pas comme les autres, appelé pour la première fois en équipe de France deux jours plus tôt et rayonnant après son entrée en jeu contre Lille, le week-end dernier. Les petits chanceux qui avaient obtenu le sésame pour assister à cette rencontre face à Montpellier le savent : il faut profiter de chaque instant procuré par cette pépite de 17 ans avant qu’il ne rejoigne la cour des très grands.

Ce samedi, le bonhomme n’a pas livré son meilleur match sous le maillot rennais, mais il a quand même voulu fêter cette première convocation chez les Bleus avec un moment symbolique. 77e minute : sur le côté gauche, il se dépatouille entre plusieurs joueurs montpelliérains en trouvant un relais avec Maouassa, avant de filer au but, donner le tournis à Pedro Mendes et tromper Omlin d’une frappe limpide du gauche. Une première réalisation au Roazhon Park célébrée avec ce grand sourire qui ne le quitte jamais. « Je lui ai dit qu’il avait enfin marqué ici. En plus du pied gauche, sachant qu’il avait inscrit son premier but du droit à Lyon, a confié Julien Stéphan au moment de révéler le contenu des quelques mots glissés au prodige à sa sortie à la 87e minute. Et j’ai ajouté qu’il fallait maintenant qu’il marque de la tête. » Promis, ça ne devrait plus tarder.

Toujours plus haut, toujours plus fort

L’entraîneur breton aime lancer des défis à Camavinga. À la veille de la réception de Montpellier, Stéphan avait souligné les axes de progression de son joueur, et notamment le besoin de soigner ses statistiques. « Il faut qu’il maintienne son niveau d’agressivité très performant pour récupérer des ballons dans les pieds de l’adversaire, continuer à être aussi déstabilisant dans les dribbles, l’élimination et les percussions avec ou sans ballon, prévenait-il. Je pense que dans le futur, il doit pouvoir être encore plus décisif par des dernières passes et par des buts, car il a cette projection dans la surface. » La réponse du principal intéressé, déjà auteur d’une passe décisive la semaine dernière, ne se sera pas fait attendre. Face à Montpellier, le nouveau numéro 10 rennais – il portait le 18 la saison dernière – a encore été déterminant sans être parfait. Bien muselé dans les vingt premières minutes, il est monté en puissance (78 ballons touchés, 92% de passes réussies, 5 dribbles tentés) tout en faisant parfois preuve de déchet dans son jeu (12 pertes de balle). Mais qu’importe, le jeune milieu a le temps de progresser et de gommer ces quelques imperfections. Si Michel Der Zakarian a estimé après le match que son équipe « aurait pu mieux défendre » sur l’action individuelle de Camavinga, il a aussi admis que le minot était de la trempe des « grands joueurs ».

Ceux-là n’ont d’ailleurs généralement pas de difficultés à s’adapter tactiquement. Petite particularité : le néo-international français n’était pas dans sa zone habituelle, le cœur du jeu, au moment d’aller marquer son but. Les explications de son coach : « On vient d’être réduits à dix, on se réorganise et il se retrouve dans une position inhabituelle sur le côté gauche sur une ligne de quatre. Mais c’est typiquement des actions, ou en tout cas des mouvements, qu’il doit faire pour être capable d’aller dans la surface et terminer. Je sais qu’il a les qualités pour le faire. » Après la victoire rennaise contre Montpellier, son nom était forcément sur toutes les lèvres. À commencer par celles de son nouveau coéquipier Naycef Aguerd : « C’est un joueur qui n’est pas prévisible. Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il pense avant de dribbler. Je commence à le connaître avec les entraînements… Quand il vient lancé comme ça, c’est dur de lui prendre le ballon. » Les images de son rush ont probablement déjà fait le tour des médias étrangers, mais Camavinga et le SRFC ne sont pas pressés. Le joueur l’a déjà annoncé, il restera rouge et noir pour la saison à venir. Toujours très protégé par le club breton – qui l’a quand même laissé donner ses premières interviews ces derniers mois -, le joyau rennais sait qu’il peut prendre une nouvelle dimension ici, chez lui, avec la perspective de jouer la Ligue des champions et d’enchaîner les rencontres professionnelles (il en compte déjà une quarantaine).

À la Clairefontaine

En parlant de dimension, Camavinga devrait en découvrir une nouvelle la semaine prochaine en se greffant au groupe France à Clairefontaine. Quand Didier Deschamps a prononcé son nom au siège de la FFF, le gamin n’était même pas devant la télévision, s’attendant à être convoqué chez les Espoirs, mais en train de déjeuner avec son agent et un certain Ousmane Dembélé quelque part dans Rennes. « Ça arrive peut-être un peu tôt, mais il met ce qu’il faut sur le terrain, ça se ressent, expliquait le sélectionneur, pas vraiment habitué à tresser des lauriers au premier venu. L’équipe de Rennes quand il est sur le terrain ou quand il n’y est pas, ce n’est pas la même chose. » La place laissée par Paul Pogba, contrôlé positif au Covid-19, devait-elle revenir au jeune Camavinga ? « Ce n’est pas à moi d’en juger, déroulait Stéphan cette semaine. J’avais dit la même chose quand il avait débuté à seize ans et demi en Ligue 1. C’est tôt, mais est-ce que c’est trop tôt ? On ne le sait que quand on met les joueurs en situation. » Pour le milieu né en Angola, de nationalité congolaise et naturalisé français en décembre dernier, l’ascension est fulgurante. Et si DD venait à lui offrir du temps de jeu contre la Suède ou la Croatie la semaine prochaine, elle pourrait même devenir étourdissante puisqu’il deviendrait, à 17 ans et 9 mois, le plus jeune joueur de l’histoire des Bleus d’après-guerre (le record est actuellement détenu par Maryan Wisnieki, 18 ans, 2 mois et 2 jours). Mais chut, ne lui parlez surtout pas d’âge.

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Par Clément Gavard, au Roazhon Park

Tous propos recueillis par CG sauf ceux de Didier Deschamps.

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