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Didier, si tu nous écoutes, prends Benjamin André
En élargissant à 26 le nombre de joueurs pouvant être sélectionnés à l’Euro 2020, l’UEFA permet à chaque sélectionneur de réserver quelques surprises au moment d’annoncer leur liste. Alors, pour aider Didier Deschamps à trouver les siennes, SoFoot lui propose quelques noms qui pourraient faire le plus grand bien à l’équipe de France. Aujourd’hui : Benjamin André, le métronome le plus sexy du pays, loin devant les bouquins de Lorànt Deutsch.
Dans l’ombre, son endroit préféré, Benjamin André ne peut plus se cacher. Après un quinquennat au Stade rennais, où il a contribué à écrire l’une des plus belles pages de l’histoire rouge et noir, le joueur de 30 ans s’est imposé comme le taulier d’un LOSC au sommet depuis près de deux saisons, et pourrait, dans quelques jours, ajouter une nouvelle ligne à son palmarès, celle de champion de France. Le milieu de terrain n’est pourtant pas du genre à se faire remarquer depuis le début d’une carrière qui l’aura vu jurer fidélité à trois clubs seulement (Ajaccio, Rennes, Lille) après avoir fait ses gammes pendant dix ans du côté de Saint-Raphaël, à une cinquantaine de kilomètres de son Nice natal. Résultat, André pèse plus de 300 matchs dans l’élite, où il fait étalage de son talent (oui, son talent) depuis quasiment une décennie maintenant. Si le Dogue est malheureusement tombé à une époque où les attaquants et les notes du jeu FIFA font la pluie et le beau temps, il est devenu une véritable référence à son poste en France. Imaginer la semaine prochaine voir cet esthète embrasser l’Hexagoal après avoir été invité dans la liste des 26 de Didier Deschamps pour l’Euro ne serait finalement pas une surprise, mais une juste récompense.
Des chiffres et des promesses
Le numéro 21 lillois n’a peut-être pas été nommé par ses pairs parmi les cinq meilleurs joueurs de l’exercice en cours, mais il aurait sans doute facilement sa place dans le top 10. Benjamin André n’est pas un dribbleur spectaculaire ni un milieu ultra décisif, ce qui ne l’empêche pas d’être essentiel au collectif construit par Christophe Galtier. Aux côtés de Boubakary Soumaré, Renato Sanches ou Xeka, le jeune trentenaire a toujours su s’adapter et briller en toute discrétion cette saison. Et aussi régaler Opta et autres amateurs de lignes de stats : 1er au nombre de ballons récupérés (264), 2e meilleur tacleur (65 réussis sur 109), 3e dans les duels gagnés (269). Soit la palette d’un joueur complet, garant de l’équilibre lillois, et qui peut même se targuer d’une détente bluffante pour son mètre 80. Qui d’autre que Christophe Galtier pour parler de son métronome, et donner un peu plus de poids à une candidature déjà très solide : « Benjamin est quelqu’un qui rassure devant, derrière, à gauche et à droite. C’est lui qui, à la parole, déclenche le pressing, qui régule les temps forts et les temps faibles. Quand on perd sans lui(comme à Brest en novembre dernier, NDLR), on voit qu’il n’est pas là. »
Une célébration iconique pour un joueur magique
La description d’un leader naturel, très discret dans les médias, mais suffisamment vicieux sur le terrain pour imposer sa loi et prendre le dessus sur ses adversaires. C’est aussi dans ce domaine que l’élégant droitier à l’accent chantant a progressé au fil des années et des expériences. Ne serait-ce pas la panoplie du parfait coéquipier ? « Benji, c’est simple : il rend les joueurs autour de lui meilleurs, confirmait récemment à So Foot Romain Danzé, pote et ancien compère de vestiaire de l’artiste au SRFC. Il envoie de l’intensité, il comble tous les trous, fait les efforts en double, dirige à bon escient… Honnêtement, quand tu as un Benjamin André dans ton équipe, ça te solutionne quand même pas mal de problèmes. » Depuis ses premiers pas en Ligue 1 avec l’AC Ajaccio, André a connu les joies de la Coupe d’Europe, notamment de la Ligue des champions, et l’ivresse d’un premier titre majeur, la Coupe de France, en 2019, qu’il a été le troisième à soulever en tant que capitaine dans l’histoire du Stade rennais après Yves Boutet et Louis Cardiet. Cette même année, le milieu avait d’ailleurs promis à la Danz’, encore lui, qu’il lui ramènerait le trophée. Un homme qui tient ses promesses, ça ne peut que plaire à Didier Deschamps.
Avec André, la France peut trouver chaussure à son pied
Le sélectionneur n’a plus qu’une chose à faire avant de se décider : prendre son combiné pour passer quelques coups de fil. Spoiler : il ne trouvera pas grand monde pour dire du mal de Benjamin André. En plus d’être un très bon joueur de foot, le Lillois est un camarade agréable. Des parties de cartes endiablées ? Pas de souci. Un petit café ristretto devant Turquie-Italie ? Un grand oui. Dans la vie d’un groupe, ce fils d’un père sénégalais et d’une mère française est un cadeau, et la présence d’un mec « normal » au milieu d’une flopée de champions du monde pourrait aussi aider les Tricolores à garder les pieds sur terre. Il faut dire que pour André, ce serait une grande première, lui qui a seulement porté le maillot bleu à sept reprises dans ses jeunes années, à une époque où les Espoirs étaient encore dirigés par Erick Mombaerts. Dix ans plus tard, le bonhomme a changé, grandi, évolué, et n’a cette année pas grand-chose à envier à des concurrents comme Corentin Tolisso, Moussa Sissoko, Adrien Rabiot ou Tanguy Ndombele, si ce n’est le prestige des clubs dans lesquels ces derniers évoluent. Peu importe la taille du LOSC, André coche toutes les cases pour faire partie de la liste élargie à 26 joueurs de l’EDF le 18 mai : il est fort, il est sympa, il est beau, et il peut surtout s’épanouir dans plusieurs systèmes comme s’adapter à tout type de météo. L’heure est venue pour Benjamin André, au moins le temps d’un été, de quitter l’ombre pour la lumière.
Par Clément Gavard