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Didier Roustan (président de la Roustanie) : « Il y a moins de romantisme dans le foot qu’avant »
La Roustanie, c’est ce petit pays fictif basé évidemment en Amérique du Sud, où on ne vous demande pas votre date de naissance, mais votre date de naissance au football, et dirigé sans partage par Didier Savorgnan de Bravia*. Qui n’est autre que Didier Roustan, père fondateur de l’application « La Roustanie » qui ambitionne d’apporter un autre éclairage sur le monde et l’histoire du football. Sacré programme. On en parle avec le président roustanien...
Bonjour Didier. Est-ce qu’il y a un événement qui t’a donné spécifiquement envie de créer l’application La Roustanie ?C’est plutôt un long processus. Le fait de faire des blogs et des podcasts, et d’avoir tenté l’expérience avec une appli en 2018 lors du Mondial, ça m’a fait trotter cette idée dans la tête. Je trouve que dans les émissions actuelles, et il y en a 10 000 partout, on parle toujours de quelques clubs, de quelques joueurs, d’un seul évènement ou deux, alors que le football est beaucoup plus large que ça. Ok, ça intéresse la masse des aficionados, mais je me disais qu’avec les nouvelles technologies, on pouvait exprimer d’autres choses. L’application fait partie de ces nouvelles techniques. Je pensais que ce serait bien pour des gens d’avoir une alternative, qui ne parlerait non pas différemment de foot, mais d’autres choses, d’autres équipes, d’autres joueurs, d’autres compétitions. Le foot forme un tout, ce n’est pas né il y a 6 mois ou un an. Je voulais mettre tout ça dans cette application, qu’elle soit positive, moins anxiogène et qu’elle voit les choses plus largement, qu’elle traite de l’actu aussi, mais pas que. L’application permet de prendre le temps et d’approfondir plus que la télé ou la radio, où tout va très vite.
C’est une appli très portée sur la culture foot. On a coutume de dire que la France n’est pas un pays avec une culture foot, est-ce que c’est encore vrai ? Par rapport à certains pays, effectivement. Pour preuve, je vois des jeunes qui ne savent pas qui sont Platini, Rocheteau ou des joueurs majeurs. Évidemment, ça date, mais quand même… Si la Roustanie peut aider à combler ça, tant mieux. Beaucoup de jeunes écoutent mes podcasts, ça m’étonne même parfois, mais ils adorent ça, ils aiment découvrir, ils sont curieux. Personnellement, si j’avais eu 14-15 ans aujourd’hui, j’aurais adoré ce genre de concept et je me serais rué sur une appli comme celle-ci. J’étais passionné à cet âge-là et j’avais beaucoup moins de culture foot qu’aujourd’hui. Si tu es passionné de littérature, tu ne t’arrêtes pas aux livres sortis il y a un mois, idem pour la musique ou le ciné, donc pour le foot c’est pareil. Il y a tellement d’histoires à connaître, notamment en dehors de l’Europe. Pareil, si j’étais apprenti journaliste, je me serais rué dessus. Je profiterais du fait que quelqu’un avec un certain savoir et un certain vécu me proposent tout cela, avec des vidéos, des images… Si j’étais directeur d’une école, j’obligerais ceux qui veulent faire carrière dans le sport à prendre cette appli ! Ça peut les aider pour leur métier. Mais bon, je n’ai plus 14 ans et je n’ai pas d’école de journalisme !
On a parfois l’impression que tu regrettes une forme d’uniformisation du football. C’était différent avant, mais en quoi c’était mieux ou moins bien ?Oui… Le football, selon moi, c’est un endroit où la créativité doit prendre pas mal de place. Aujourd’hui, tout est standardisé avec la mondialisation du football. Tout le monde joue de la même façon avec la même tactique, à de rares exceptions, les spécifiés de certains pays se perdent. Les jeunes partent dans des pays formatés. C’est triste parce que le foot doit surprendre. Et cette uniformisation se voit avec la Ligue des champions qui vampirise tout le reste. À la rigueur, l’ancienne version avec tous les pays pourquoi pas, mais là, cette saison par exemple, on n’est encore une fois pas passé loin d’un 50e PSG-Chelsea.
On connaît ton amour pour les beaux joueurs d’autrefois et les grandes équipes de l’histoire du foot. Mais aujourd’hui, dans le foot actuel, quels sont les joueurs, les équipes, les entraîneurs les plus roustaniens ?Quand j’avais 11-12 ans, avant le Mondial 1970, je ne connaissais que Pelé de l’équipe du Brésil et, encore, de nom parce que je ne l’avais jamais vu jouer. Tostão, Rivelino et les autres, on allait les découvrir pour la première fois. Aujourd’hui, il y a moins de découverte et il y a de moins en moins de joueurs différents. En coach roustanien de nos jours, j’aime Bielsa, parce qu’il tient tête, qu’il a quelque chose de très attachant et de très noble, même par rapport à l’arbitrage ou à l’idée qu’il se fait du football. Sinon, ce n’est pas très original, mais Guardiola, même si ses échecs répétitifs peuvent faire douter, a quelque chose de plus que la moyenne, c’est évident. Il y a aussi de très beaux joueurs : Benzema, Salah, De Bruyne, Modrić… Messi et Neymar, c’était magique aussi. Pastore est très roustanien, extrêmement romantique, c’est dommage qu’il ait été autant blessé parce qu’on a tendance à oublier ses belles choses avec le PSG. J’aime aussi beaucoup Verratti. Des joueurs comme Mbappé ou Haaland, sont très forts, progressent tout le temps, mais ils ont ce côté très métallique, avec beaucoup de force… Un joueur comme Pedri peut te faire vibrer. Voilà, il y a des beaux joueurs, mais moins qu’autrefois. Il y a moins de romantisme, ça ne fait pas l’ombre d’un doute.
Si tu devais regarder une vidéo en boucle disponible sur la Roustanie, ce serait laquelle ?Je ne l’ai pas encore passée sur la Roustanie, je fais un peu durer le plaisir, je fais quelques teasings, mais ce serait le documentaire que j’ai fait sur Maradona au début des années 1990. Surtout qu’à l’époque, il y avait des images incroyables que les Français allaient découvrir, comme celles où il jongle à 11-12 ans à Villa Fiorito et où il explique qu’il veut gagner la Coupe du monde avec l’Argentine. C’est un documentaire dont je suis très fier, parce qu’il dit tout sur Maradona qui est plus qu’un footballeur. On a des beaux témoignages qui racontent sa belle histoire. C’était passé sur Terre de foot, une émission dont je m’occupais sur France 2. Ce genre de documentaires vieillit plutôt bien. Puis c’est Maradona, et Maradona c’est le football.
Le mot de Didier Roustan sur La Roustanie : « C’est assez riche, il y a plusieurs rubriques, il y a de l’actu certes, mais aussi des rubriques axées sur la transmission, des formats d’entretiens aussi bien avec Jean-Marc Furlan qu’avec des gens d’autres horizons qui parlent de foot, des quiz (R quiz TAB) qui sont aussi une manière d’apprendre des choses un peu ludiques sur le foot. J’organise aussi un gros concours qui permettra au vainqueur de partir quelques jours à Buenos Aires avec moi fin septembre pour voir quelques matchs ! L’une des forces de l’application, c’est qu’il n’y en a pas deux comme ça, c’est une alternative, une certaine approche du football, il y a des tas de rubriques. Après, c’est sûr qu’on n’est pas dans une recherche de buzz effroyable avec tel joueur qui serait rentré avec telle femme, qui aurait joué au poker ou bu ceci ou cela… C’est peut-être une faiblesse parce qu’on a un peu formaté les gens à ça, même s’ils s’en défendent, mais on ne peut pas être fort en tout ! » Pour télécharger l’application LA ROUSTANIE, ça se passe sur laroustanie.com !* Pour ceux qui se demandent pourquoi Didier a choisi ce pseudonyme de « Didier Savorgnan de Bravia » pour son nom de souverain : Didier Roustan est né à Brazzaville, ville découverte par l’explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza. Puis il a changé le « Brazza » en « Bravia » en référence aux « braves » qui écoutent ses podcasts depuis tout ce temps. Vous savez tout !
Propos recueillis par Pierre Maturana