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Di María, cœur de lynx

Par Mathieu Faure
4 minutes
Di María, cœur de lynx

En fin de contrat en juin prochain, Ángel Di María a finalement rallongé son bail avec le PSG pour deux saisons. De quoi encore envoyer des cœurs avec les doigts un paquet de fois pour le Parisien le plus décisif en 2018.

En octobre, Ángel Di María a fait son entrée dans le top 10 des meilleurs buteurs de l’histoire du PSG (10e avec 57 caramels) et chipé la troisième place du podium des meilleurs passeurs à Javier Pastore (57 passes) derrière les intouchables Dahleb et Sušić. En gros, l’Argentin dont la tête a sans doute inspiré le héros du dessin animé Ratatouille est le meilleur passeur de l’ère QSI. Pas mal pour un gars dont la direction sportive voulait se débarrasser en août 2017 et dont l’irrégularité a très souvent (trop) crispé les amoureux du PSG. En résumé, pendant les trois premières années de son contrat parisien, Ángel Di María se sortait les doigts de son fondement quand il sentait la concurrence le menacer ou le banc de touche se rapprocher de lui.

Ainsi, quand Julian Draxler a débarqué, Di María est redevenu le génial milieu qui avait porté le Real Madrid sur les toits européens en 2014. Avant cela, et parfois sur des durées significatives, Di María redevenait ce joueur surcoté, affreux, laid, fragile qui avait brassé de l’air à Manchester United durant la saison 2014-2015. Celui qui célébrait ses buts comme un collégien qui tente de choper sa femme sur un chat Caramail avec l’accroche la plus nulle de l’histoire du réseau : ASV pour la trilogie la plus folle des années 2000 devant Matrix : Age-Sexe-Ville. C’est simple, quand Di María plante, il mime un cœur avec ses doigts pour sa femme quand ce n’est pas un coup de fil imaginaire avec un clin d’œil forcé pour rendre hommage à sa fille aînée. Bref, rien d’anormal pour quelqu’un qui passe son temps libre à EuroDisney.

Parisien le plus décisif en 2018

Mais voilà, derrière ce joueur sans forme, sans style, sans charisme, se cache une machine à tout bien faire depuis le 1er janvier. Quatrième coque du trimaran offensif du PSG derrière Neymar, Mbappé et Cavani, le numéro 11 de la capitale est tout simplement le joueur le plus décisif du club en 2018 : 24 buts, 13 passes soit 37 pions sur lesquels il est directement impliqué. Meilleur passeur de Ligue 1 cette saison (6 offrandes), le gaucher a surtout réussi à se mettre Thomas Tuchel dans la poche en un rien de temps. Bon, entre les deux, le terreau était fertile à en croire les propos de l’Allemand la semaine dernière : « J’aime beaucoup Di María. C’était un de mes joueurs préférés quand je le regardais à la télévision. C’est un cadeau pour moi. C’est très facile avec lui, parce qu’il est un professionnel au top. Il a d’extraordinaires qualités et travaille toujours pour l’équipe. »

Di María, de son côté, a fait le mec faussement flatté alors qu’il appartient à la fameuse catégorie de joueur qui a « besoin d’être aimé pour briller » . « L’entraîneur est tout de suite venu parler avec moi, relate l’ancien du Real Madrid dans un entretien accordé à Téléfoot en octobre. Il m’a fait comprendre qu’il comptait sur moi, que j’étais important pour l’équipe. Il m’a donné ce petit plus de motivation pour cette saison. » Tout est résumé en peu de mots : besoin de câlins, d’être stimulé et rassuré en permanence. Ce n’est pas pour rien que Tuchel a très vite parlé d’une animation quatre étoiles plutôt que d’une attaque en triangle.

Couteau suisse argentin

D’ailleurs, l’Argentin est peut-être le moins « doué » des quatre, mais reste le plus malléable tactiquement : faux numéro 9 face à Monaco en Chine, milieu relayeur à certains moments, piston gauche dans le 3-5-2, milieu gauche dans le 4-2-3-1, Di María peut jouer partout et souvent avec la même réussite. Dans un effectif qui présente un déséquilibre chronique, Di María permet, parfois, de rééquilibrer les forces en présence. Cette prolongation, d’un point de vue sportif, a un sens. Comment trouver un garçon aussi expérimenté (plus de 90 sélections avec l’Argentine, vainqueur de la C1), aussi décisif sans débourser des millions d’euros avec le fair-play financier au-dessus de la tronche ? La réponse se trouve dans les deux années supplémentaires accordées au joueur, même si certains, souvent les mauvaises langues, se disent que le garçon va vite redevenir quelconque maintenant qu’il a été chercher, au mérite, sa prolongation. C’est un cas d’espèce souvent vu en football. En attendant de trouver la réponse, le PSG vient de boucler un dossier important, mais sans doute le plus facile. Trois autres garçons disposent d’un contrat qui arrivent à expiration en juin : Alphonse Areola, Daniel Alves et Adrien Rabiot. Trois CV distincts, trois titulaires, trois négociations difficiles. De son côté, Ángel Di María va continuer d’envoyer ses cœurs avec les doigts à toutes les femmes de sa vie, en lui réunies, son âme sœur, son égérie, parfois sa meilleure ennemie.

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