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Dejan Lovren, le mal-aimé
Chahuté par les supporters de Liverpool en début de saison, Dejan Lovren a su faire taire les critiques pour s'affirmer comme le taulier défensif des Reds avec son compère Virgil van Dijk. Pas une première pour le défenseur croate, habitué à faire retourner la veste des fans de son club.
22 octobre 2017. Totalement dépassé par la vitesse et la technique des attaquants de Tottenham, Dejan Lovren vit un véritable cauchemar sur la pelouse de Wembley. Un cauchemar que Jürgen Klopp stoppe dès la demi-heure de jeu en sortant le défenseur croate pour le bien de tout le monde. La mauvaise prestation de trop pour un supporter des Reds qui trouve de bon goût de menacer la famille de l’ancien Lyonnais sur les réseaux sociaux : « Je vais tuer ta famille, Croate de merde. » Des propos condamnables qui auront au moins le mérite de réconcilier le public d’Anfield avec Dejan Lovren puisque quelques jours plus tard, les supporters de Liverpool élisent le défenseur croate meilleur joueur du mois d’octobre à 33%, devant Mohamed Salah et malgré des matchs très décevants. Soutenu par le public pour la première fois depuis son arrivée en 2014, Dejan Lovren peut alors se libérer et enchaîner les bonnes performances, à l’image de ses solides prestations en quarts de finale de C1 contre Manchester City.
Le soutien sans faille de Jürgen Klopp
Longtemps pris en grippe par le public de Liverpool, qui peine à comprendre les 25 millions mis sur la table pour l’arracher des griffes de Southampton, Dejan Lovren a su garder la tête haute pour retourner l’opinion publique et ainsi se donner lui-même raison en validant ses propos balancés à Sky Sports en novembre 2014 : « Je sais que je vais faire mieux et que les supporters vont voir le vrai Dejan Lovren. Peut-être que je suis jeune, mais avec le temps, je pense prouver à tout le monde que je mérite d’être ici. Et peut-être que je serai le capitaine, ou le vrai leader de l’équipe. » Pour le brassard, Lovren devra patienter encore un peu. En revanche, plus personne ou presque à Liverpool ne peut lui contester son rôle de leader défensif.
Et si Dejan Lovren est devenu, avec Virgil van Dijk, le vrai patron de la défense des Reds, le Croate peut remercier son entraîneur, Jürgen Klopp, qui lui a toujours fait confiance malgré quelques matchs manqués et des douleurs au dos et au talon qui l’empêchent de s’entraîner et le forcent à jouer sous anti-douleurs. Une abnégation qui lui vaut le soutien sans faille du coach allemand, récemment monté au créneau dans le Guardian : « C’est vrai que Dejan a fait quelques erreurs au début. Les gens disaient alors :« Oh, encore Lovren… »Mais il est costaud, rapide, habile des deux pieds, fort de la tête avec une grosse détente. Il est tout ce dont nous avons besoin. Alors oui, parfois il peut s’améliorer sur le point de la concentration. Mais, il n’est pas seul à faire des erreurs défensives. Contre City, Virgil van Dijk, qui est pourtant un joueur fantastique, aurait dû balancer le ballon avant le but. Mais personne n’en a parlé, car nous avons gagné. Je suis convaincu de son talent, je suis donc tranquille. »
De remplaçant de Bakary Koné à titulaire en demi-finale de C1
Et si Dejan Lovren a semblé si calme face aux critiques, c’est que ce n’est pas la première fois qu’il est bousculé par ses supporters. Arrivé à Lyon en janvier 2010, en provenance de sa Croatie natale, Lovren a, là aussi, connu des débuts difficiles. Présent à son arrivée, Aly Cissokho se rappelle les premiers pas du défenseur de 28 ans : « Quand il est arrivé, je parlais beaucoup avec lui, il me disait qu’il galérait avec le français et qu’il avait du mal à s’adapter. C’est vrai que ce n’est pas facile quand tu quittes du jour au lendemain ton pays. Il était jeune et n’avait pas beaucoup d’expérience, alors Cris et Boumsong essayaient de l’aider lorsqu’ils étaient associés à lui sur le terrain. »
Cible des moqueries des supporters de l’OL qui se souviennent plus de ses boulettes que de ses bonnes prestations, Dejan Lovren a pourtant su se faire un nom en Premier League avec Southampton, avant d’atterrir à Liverpool et disputer une demi-finale de Ligue des champions. Un parcours qui n’étonne pas vraiment l’actuel latéral gauche du Yeni Malatyaspor, passé lui aussi chez les Reds : « Mentalement, c’est quelqu’un de très très costaud, car ce n’est pas facile de rester fort dans la tête après avoir subi de telles critiques. Mais je ne suis pas étonné de le voir à ce niveau-là, car je savais qu’il avait des qualités et qu’il y avait matière à faire de lui un très grand joueur. Il lui fallait simplement un autre environnement. Aujourd’hui, il est titulaire à Liverpool et devient le véritable patron de cette défense. » En attendant d’en devenir le capitaine.
Par Steven Oliveira
Propos d'Aly Cissokho recueillis par SO