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De Grizou le chouchou à Griezmann le souffre-douleur

Par Pierre Maturana
De Grizou le chouchou à Griezmann le souffre-douleur

Mardi soir, le FC Barcelone a encore livré un match sans consistance face à l'Atlético de Madrid (2-2). Pourtant, depuis le coup de sifflet final, on parle surtout du sort réservé à Antoine Griezmann, qui n'a disputé que quatre minutes face à son ancienne équipe...

Il n’y a pas si longtemps, Antoine Griezmann était le chouchou du football. Il dansait comme Drake. Ses célébrations sorties de Fortnite et ses cheveux captaient l’attention des médias, et c’était cool parce qu’il assurait sur le terrain à chaque match. Il était le gendre idéal, un petit prince qui enchaînait les couvertures de magazine, qui mettait en scène ses passions sincères pour le maté, l’Uruguay, le basket. C’était le temps de son irrésistible ascension en Liga et en équipe de France, à la faveur de relations exemplaires avec Diego Simeone ou Didier Deschamps. Le temps des espoirs de Ballon d’or, aussi… Cette période où rien ne semblait pouvoir lui résister : sa trajectoire devait l’emmener où il le voulait quand il le voulait. Le plan de carrière et de communication étaient initialement rondement ficelés. Le chouchou devait devenir un genre de marque, d’icône à la Beckham. S’il avait plutôt réussi à redresser sportivement le tir après l’épisode de vrai-faux départ de l’Atlético de Madrid, la saison 2019-2020 a mis un coup d’arrêt à tout ça : le chouchou est devenu le souffre-douleur d’un Barça qui boîte. Un Barça dans lequel la moitié des joueurs n’est pas ou plus au niveau de ce qu’exige un tel club, mais où Griezmann est celui qui se fait le plus allumer, en tout cas publiquement, alors même que son temps de jeu se réduit journée après journée. Face à l’Atlético, on se demandait s’il allait entrer en cours de match. Avant d’espérer, les minutes passant et Ansu Fati étant entré avant lui, que « non, Quique Setien ne va quand même pas juste le faire entrer pour les arrêts de jeu… Ah bah si, il va le faire entrer pour quatre minutes… » Même Diego Simeone était mal à l’aise pour son ancien protégé après le match nul. Si Dembélé n’était pas aussi souvent blessé et qu’il n’y avait pas la règle des cinq changements, on se demande bien quelles seraient les chances de Griezmann de disputer ne serait-ce que quelques minutes.

Quand il est entré sur le terrain à la 90e, on a senti toute la pression, toute l’appréhension du premier ballon qui lui serait destiné – bon, on s’est même carrément demandé s’il allait en toucher un, pour être honnête –, ce ballon qui paraît être fait dans un alliage de ciment et de lave en fusion quand il arrive actuellement dans les pieds du champion du monde français. De ces quatre minutes passées sur la pelouse, on retient finalement deux choses : une perte de balle et une récupération dans les pieds adverses dans sa partie de terrain. Sur ces deux ballons, on a vu le Griezmann du Barça et le Griezmann de l’Atlético. Comme un symbole de ce qu’il est devenu et de ce qu’il était. On ne va pas se repasser le film : tout a été dit et écrit sur les difficultés rencontrées par Grizi au FC Barcelone, et ce qui s’apparente aujourd’hui à une erreur de casting. Au terme de sa première saison en Catalogne, il faudra essayer de répondre franchement à la question à laquelle tout le monde semble déjà avoir répondu : si le Barça ne veut pas s’adapter à Griezmann, Griezmann peut-il encore s’adapter au Barça ? Et s’en poser une autre dans la foulée, pour les deux parties : est-ce qu’il vaut mieux arrêter les frais, acter l’incompatibilité, tactique et/ou humaine, et trouver un nouveau club au joueur ou est-ce que ça vaut le coup d’insister une saison de plus pour se donner une chance de réussir… quitte à prendre le risque de se louper encore plus ? Pour ne pas rajouter au malaise ambiant, il vaudrait mieux que le club et le joueur s’entendent rapidement sur la suite à donner à leur histoire. Oui, Antoine Griezmann connaît un petit coup d’arrêt dans sa carrière et une situation d’échec ; ça arrive, ça fait partie de la vie de nombreux grands joueurs de foot qui ont dû à un moment ou à un autre redonner un nouveau souffle à leur parcours. Mais personne ne peut douter que Griezmann a encore le talent et la cote pour rebondir. Et transformer une entrée en jeu à la 90e sous les regards gênés d’à peu près toute l’Europe du foot en sortie du terrain en fin de rencontre sous les applaudissements nourris du public. Mais de quel public et sous quel maillot ? À Griezmann de se mettre à reprendre, enfin, les meilleures décisions.

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