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De Gea, retour aux affaires
Excellent contre l’Angleterre ce week-end, David de Gea s’est rassuré après un Mondial loupé dans les grandes largeurs. Avec la récente nomination de Luis Enrique à la tête de la Roja, le regain de forme du gardien de Manchester United arrive au moment opportun. La réception de la Croatie, ce mardi soir, doit permettre au natif de Madrid de dissiper un peu plus les doutes qui entourent toujours son nom.
Dans l’antre de Wembley, David de Gea avait rendez-vous avec ses démons. Depuis le 1er juillet dernier, le grand blond restait sur une terrible secousse reçue à Moscou pour l’élimination de l’Espagne face à la Russie (1-1, 3-4 tab). Une Coupe du monde désastreuse pour le portier, bouclée par une séance de tirs au but où il encaisse quatre pions en autant de tentatives. La suite du calvaire, c’est au pays que le dernier rempart de la Roja s’apprête à la vivre. « Il existait un gros doute sur le nom que Luis Enrique allait mettre dans les buts pour ce match contre l’Angleterre, explique l’ancien gardien de but international Santiago Cañizares (46 sélections). Pour être franc, je n’ai pas compris ce trou d’air subi par De Gea lors de la Coupe du monde, mais je faisais partie des gens qui considéraient qu’il fallait lui accorder de nouveau cette confiance en équipe nationale. » Et dans les faits, les deux hommes avaient vu juste.
Cañizares : « Je l’ai senti bien dans ses pompes »
Si le portier des Red Devils a dû s’incliner une première fois devant son coéquipier en club Marcus Rashford (11e, 1-0), la double réaction de ses partenaires après l’ouverture du score des Three Lions l’a remis dans un état d’esprit positif. Résultat ? Trois parades décisives face à… Rashford (35e, 81e, 85e) et une courte, mais précieuse victoire contre un demi-finaliste du dernier Mondial. « L’Espagne entame un nouveau cycle, et ce match prouve que De Gea est prêt pour cette nouvelle aventure, poursuit la légende du FC Valence. J’ai trouvé la prestation de David complète, je l’ai senti bien dans ses pompes. C’était le De Gea de Manchester United, ce joueur clé pour remporter des matchs importants. » Bousculé en fin de partie par Danny Welbeck lors d’une sortie aérienne, le gardien de 27 ans a encaissé un but… logiquement refusé par l’arbitre. Voir De Gea aller au combat dans les airs, c’est une nouvelle preuve qu’une spirale positive entoure le principal intéressé.
Pourtant, le pari était loin d’être gagné à l’avance au moment où De Gea quittait le stade Loujniki avec le moral dans les chaussettes. Une statistique trottait dans la tête de tous les Espagnols : sur onze frappes cadrées durant le tournoi, De Gea n’avait arrêté qu’un seul tir. « Le bon comportement à avoir dans ces moments-là, c’est de faire le dos rond et travailler dur au quotidien à l’entraînement, analyse Cañizares. Si cela est nécessaire pour le joueur, il faut passer par un travail psychologique. Malgré ses aptitudes évidentes pour être un gardien de haut niveau, De Gea peut connaître une crise de confiance comme n’importe quel être humain. Il y a des moments dans une carrière où un gardien peut ne pas se sentir à l’aise dans son propre but. Il doit retrouver le moral pour être le chef de sa surface. » Et devenir le numéro un incontesté aux yeux de toute l’Espagne.
La fin de la panne en équipe nationale ?
Si De Gea ne souffre d’aucune concurrence réelle à Manchester United, il fait partie des principaux concernés par la situation délicate traversée par José Mourinho au sein du club. « Il est clair que si United avait un jeu moins bridé que l’actuel, De Gea serait moins mis sous pression à chaque match et pourrait jouer avec l’Espagne avec un poids en moins, tranche Cañizares. Maintenant, c’est aussi l’exigence du haut niveau : être fort même dans les moments difficiles. » Vainqueur de deux C3 et d’un championnat d’Angleterre, le Madrilène serait-il affecté par la pression au moment de garder la cage de la Selección ? Là encore, Cañizares va droit au but : « De Gea possède toutes les cartes en main pour être le titulaire au poste. Ce qu’il va faire dans les deux prochaines années déterminera s’il restera ou passera sur le banc. D’un côté, Kepa représente une alternative intéressante, et de l’autre, De Gea avait, avant ce Mondial, déjà réalisé un Euro 2016 très discret alors qu’Iker Casillas était sur le banc. Si les doutes reviennent, cela va commencer à faire beaucoup. » La Croatie, que l’Espagne accueille ce mardi soir à Elche, est un autre fantôme du passé pour De Gea, battu par la bande d’Ivan Perišić lors du championnat d’Europe en France il y a deux ans (2-1). À lui de prouver qu’il sait contrôler les mauvais esprits.
Par Antoine Donnarieix
Propos de Cañizares recueillis par AD