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Danso avec les loups
Arrivé à Lens à l'été 2021, Kevin Danso s'est rapidement imposé comme une évidence et une valeur sûre du système de Franck Haise. Ce jeudi soir face aux Bleus, l'Autrichien a l'occasion de confirmer son excellent début de saison. Formé attaquant avant de progressivement reculer sur le terrain, le défenseur central a toujours su s'adapter rapidement.
Depuis quelques années, David Alaba se sentait sûrement un peu seul au sein d’une défense autrichienne pas franchement réputée pour sa robustesse. Désormais, la star du Real Madrid peut compter sur l’un des meilleurs défenseurs de Ligue 1 : Kevin Danso. Le Lensois, qui a soufflé sa 24e bougie ce lundi, est l’un des principaux acteurs de l’excellent début de saison des Sang et Or, au même titre que Florian Sotoca ou Brice Samba. Installé dans l’axe de la défense à trois de Franck Haise, l’Autrichien rayonne grâce à ses qualités physiques, mais aussi à ses aptitudes à la relance. Si l’on exclut les Parisiens, il est le joueur de notre championnat qui a le plus haut taux de passes réussies (93%), alors qu’il fait partie de ceux qui en ont le plus tenté. Après Facundo Medina, son coéquipier, et le Rennais Arthur Theate, il est également celui qui a gagné le plus de mètres vers le but adverse balle au pied (1,6 km). Débarqué d’Augsbourg à l’été 2021, Danso a su parfaitement intégrer les préceptes de Franck Haise. « Ce sont des principes qui n’étaient pas ceux qu’il connaissait, il avait besoin d’une période d’adaptation. Il garde ses qualités tout en assimilant ces principes », expliquait le coach artésien en mars dernier.
Attaquant, email et Reading
Cette faculté d’apprentissage est une des forces du natif de Voitsberg en Autriche. À vrai dire, cela ne fait que cinq ans qu’il joue en défense centrale. « Quand il est arrivé chez nous, il jouait avant-centre. Pour Kevin, le poste n’a jamais été un problème. Il est le genre de joueur qui joue là où l’entraîneur le place. Il aurait probablement joué dans les buts si cela avait aidé l’équipe », atteste Manfred Zsak, son sélectionneur des U15 aux U19. « On l’a transformé en milieu de terrain parce qu’on pensait qu’il avait le profil box to box. Il a commencé à jouer défenseur lors de sa première saison en U17, et il a été très bon ! », raconte de son côté Matthias Lust, son coach chez les U17 d’Augsbourg. Avec les jeunes autrichiens, ce n’est qu’en Espoirs qu’il abandonne le milieu de terrain pour s’installer en charnière.
Sur le pré, comme dans la vie, Danso a toujours dû s’adapter. Il vit en Autriche jusqu’à ses six ans, puis ses parents décident de traverser la Manche et de rejoindre la Grande-Bretagne. Nouvelle langue, nouvelle culture. L’ado d’origine ghanéenne joue d’abord à Reading avant d’intégrer MK Dons. C’est l’époque où Manfred Zsak fait sa connaissance. Enfin plutôt l’époque où le frère de Kevin permet à Zsak à faire sa connaissance. « Son frère a écrit un e-mail à la fédération autrichienne pour attirer notre attention sur Kevin. Je l’ai alors observé et je l’ai convoqué dans l’équipe », se rappelle le sélectionneur. Problème : il a beau avoir grandi en parlant la langue de Lothar Matthäus, il l’a vite oubliée au profit de celle de Wayne Rooney. « Il comprenait l’allemand, mais avait peu l’habitude de le parler, car il avait grandi en Angleterre », explique Zsak. Un léger souci alors qu’il s’envole pour l’Allemagne et Augsbourg en 2013. « Je n’ai pas parlé un mot d’allemand depuis dix ans, j’ai complètement oublié la langue. J’ai d’abord dû tout réapprendre en Allemagne. Mais ça revient doucement ! », bafouillait-il encore en 2015 pour le site Laola1.
Sur un fox-trot…
Coup de foudre à Bollaert
Malgré ça, ses formateurs de l’époque ont toujours vu en lui le potentiel pour devenir un excellent joueur de foot, peu importe le poste, d’autant plus qu’il était extrêmement rigoureux. « Il a toujours eu la mentalité pour devenir un joueur de football professionnel », détaille Zsak. Après avoir fait ses classes à Augsbourg, il débute avec l’équipe première à 18 ans contre Leipzig. En 2019, il est finalement prêté à Southampton, pour évoluer sous les ordres de son compatriote Ralph Hasenhüttl. Mais son retour en Angleterre se passe mal. Il ne joue que six matchs de Premier League et ne foule plus le moindre terrain à partir de janvier. « Un psychologue m’a aidé à me sortir de ces moments difficiles à Southampton, confiait-il à The Athletic en juin dernier.Je suis très critique envers moi-même et je suis, en grande partie, le seul à blâmer pour ça. C’était ma première fois en Angleterre depuis cinq ans, j’en ai profité pour passer beaucoup de temps avec mes amis et sûrement pas assez à me concentrer sur le football comme j’ai pu le faire en Allemagne. »
Après un prêt beaucoup plus convaincant au Fortuna Düsseldorf, en deuxième division allemande, il atterrit à Bollaert, où le coup de foudre l’attendait. « J’ai vu une interview de Paul Pogba récemment, et il disait que quand tu trouves un club où l’entraîneur et les supporters sont derrière toi, ça veut dire que tu peux jouer librement en tant que footballeur. C’est ce que j’ai trouvé à Lens. À partir du moment où ils m’ont contacté, j’ai senti ça. Je voulais leur prouver qu’ils avaient eu raison de croire en moi », décrivait-il. Depuis, malgré quelques difficultés aperçues en août dernier, l’Autrichien rend bien l’amour qu’on lui porte et s’est affirmé comme l’un des hommes de base de Franck Haise. De retour en sélection en juin dernier après un peu moins de cinq ans d’absence, il pourrait se muer en patron de l’arrière-garde des Rot-Weiss-Roten. Et cela commencera par mettre Kylian Mbappé dans sa poche ce jeudi soir au Stade de France.
Par Léo Tourbe
Propos de ML et MZ recueillis par LT.