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DA Uzi : « À la cité, Mateta, on l’appelait Ibrahimović  »

Propos recueillis par Mathias Edwards
7 minutes
DA Uzi : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>À la cité, Mateta, on l&rsquo;appelait Ibrahimović <span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Les Français ne sont pas égaux face au confinement. Parmi les mieux lotis, on retrouve ceux qui ont la chance de bénéficier d'un jardin, et ceux qui sont en tête du top albums, comme c'est le cas pour DA Uzi. L'artiste sevranais de 27 ans fête ça en évoquant son passé de meneur de jeu croqueur, son amitié avec Jean-Philippe Mateta, un Parc des Princes « convivial » et le grand AC Milan. T'as capté ?

Comment es-tu tombé amoureux du foot ?Tout le monde aime le foot chez moi, donc je n’ai pas tellement eu le choix. Petit, j’allais voir les matchs de mon grand frère, qui a huit ans de plus que moi. Il m’entraînait à tirer. Et puis on regardait tous les matchs à la télé. J’ai toujours été un passionné de foot, en fait.

Quel est ton premier souvenir de foot ?J’avais 6 ans en 1998, quand on a gagné la Coupe du monde. À l’époque, j’habitais à Villemomble. C’était le feu, avec Zidane, Ronaldo… C’est là que j’ai réalisé que j’aimais trop le foot.

Tu as très vite commencé à jouer en club…Ouais, vers 8-9 ans, à Villeparisis. Je jouais 10, j’étais un technicien, j’essayais d’être l’architecte de l’équipe, mais j’avais des problèmes de collectivité (sic). J’aimais bien croquer. J’aimais bien aussi donner des buts, mais bon, tu connais, quand t’es petit, tu veux dribbler tout le monde.

Tu as arrêté ta carrière à quel stade ?Tôt, à 15 ans. Mais avant ça, j’ai joué en 14 fédéraux au stade Poitevin. À ce moment-là, je vivais chez une tante, à Poitiers. Le club avait un centre de préformation, j’y suis entré à 12 ans. Tout simplement parce qu’un jour, un pote qui y était m’a dit : « Viens jouer avec nous, je suis sûr que mon entraîneur va te prendre. » J’ai joué, il m’a pris. Puis je suis parti vivre à Sevran, et j’ai rejoué à Villeparisis. Mais ça se passait pas bien, j’avais des problèmes de comportement, je n’écoutais pas trop. Je jouais en équipe 1, et un jour, l’entraîneur me fait descendre en équipe C, parce que je ne faisais pas de passes. Punition de fou, t’as capté. Quand tu joues avec la C, les mecs… Tu peux dribbler, là ! L’entraîneur de la C, ça le faisait rigoler, mais l’entraîneur de la 1 qui était venu voir le match, il m’a sorti du terrain. Ce n’était même pas son équipe ! Je me suis dit : « La tête de ma mère, je reviens plus jamais. » C’est comme ça que j’ai arrêté. Le foot ne faisait plus partie de mes priorités.

Tu penses qu’en France, les entraîneurs de jeunes brident les joueurs créatifs ?C’était le cas avant, mais aujourd’hui, plus trop. Quand je vois les 98 qui pètent, il n’y a pas que des balèzes. Moi, quand j’étais petit, c’était l’époque des présus. Il fallait être costaud. Il y avait des mecs qui jouaient à ma place, ils étaient nuls ! Ils étaient juste balèzes ! Mais le ballon, ça se joue avec les pieds…

Tiémoué Bakayoko nous disait il y a peu que sa formation l’avait rendu moins technique… C’est vrai qu’avant, les joueurs étaient plus durs, moins à l’aise techniquement. Mais aujourd’hui, les jeunes qui émergent, comme Ikoko, Ndombele, Mbappé ou même Caqueret, que j’aime bien en ce moment, ils ont du ballon !

Depuis quand date ton amitié avec Jean-Philippe Mateta ?Depuis mon arrivée à Sevran, à 15 ans. Il habitait à cinq ou six bâtiments de chez moi, au fond de la cité. Il a 5 ans de moins que moi, donc je le vois jouer depuis qu’il est tout petit. Il a toujours eu des gestes de 9, c’est un attaquant incroyable. À la cité, on l’appelait Ibrahimović. Parce qu’il est grave long (sic), mais technique. Il « sait le faire ». T’as capté, ou pas ?

Tu n’as pas été déçu quand il a signé à Mayence ? Il ne pouvait pas viser mieux ?Non, j’étais content. Dès sa signature à Lyon, on voulait qu’il explose, t’as capté ? À Mayence, il a été perturbé par une petite blessure, mais il claque ses buts. J’ai été le voir, et là-bas, ils l’aiment bien. Il a le temps avant de signer dans un grand club. Le foot, c’est comme dans tous les métiers où tu es exposé : il ne faut pas se précipiter.

Ma sœur me donne des places pour les matchs du PSG. Dans la tribune calme, où y a grave des gens qui font pas de bruit.

Comme toi, tout le monde supporte le PSG, à Sevran ?Ouais, même s’il y a toujours des exceptions. Il n’y a plus trop de supporters de Marseille, mais plutôt du Barça, du Real, de Liverpool qui fait rêver tout le monde, de City… Moi, je suis un grand fan de l’AC Milan à l’ancienne. Parce qu’ils ont brisé trop de rêves en Ligue des champions. À chaque fois que je les voyais à la télé, ils étaient trop forts ! Je sais pas si tu te souviens d’un quart de finale contre Lyon, où Inzaghi met un but tout pourri dans les dernières minutes. Des briseurs de rêves. J’aime bien ce genre d’équipe.

En tant qu’habitué du Parc des Princes, tu vas dans quelle tribune ?Ma sœur travaille au PSG. Dans des bureaux, elle fait de la com, ou un truc comme ça. Un truc relou. Ma sœur, c’est une tête, t’as vu. C’est elle qui me donne les places, dans la tribune calme, où y a grave des gens qui font pas de bruit. De temps en temps ça chante, on est quand même au Parc, mais il y a des vigiles qui nous demandent de ne pas crier trop fort.

Tu te fais remarquer, dans la tribune ?Ouais, je suis un mec qui fait du bruit, quand même, t’as vu. Je crie à mort, ça crie avec moi, je rigole… C’est convivial, le Parc. J’aime bien. Mais depuis que je suis connu, j’y suis pas allé, faute de temps.

À Barcelone, le PSG a brisé mon cœur. Comment vous avez pu prendre autant de buts, les gars ?

Quelle est la dernière grosse émotion que t’a procuré le PSG ?À Barcelone, ils ont brisé mon cœur. Comment vous avez pu prendre autant de buts, les gars ? Ça ne peut arriver qu’au PSG ! Le Milan dont je te parlais tout à l’heure aurait tiré en touche, fait des simulations incroyables pour casser le rythme. Nous on est là, on veut être réglo, et on sort comme des…

Pourquoi est-ce que le PSG flippe autant en Ligue des champions ?Déjà, au tirage au sort, on tombe pas sur les plus nuls. Il y a des mecs qui tombent sur Salzbourg, nous on tombe tout le temps contre le Barça. Les mecs, je veux bien que vous alliez tout le temps en demies, mais vous avez tapé le Red Bull Chépakoi, là.

Le cas Cavani divise les supporters parisiens. Tu te positionnes comment ? Tu souhaites qu’il prolonge ou pas ?J’aimerais qu’il reste, parce qu’il a cette rage qui peut nous sauver, même s’il en a raté des pas mal et qu’on l’a boudé. Mais il a mis trop de buts au premier poteau. Maintenant, quand il y a un corner, tout le monde a la haine qu’il n’y ait pas Cavani ! Qui va mettre sa tête au premier poteau ? En confiance, c’est un joueur qui peut nous claquer 35 buts par saison. Et je ne suis pas convaincu qu’Icardi soit grave plus fort, avec ses buts chanceux.

Les stades vides, c’est bizarre. J’ai essayé de regarder Juve-Inter à huis clos, j’ai changé de chaîne, je n’y arrivais pas.

Tu imagines le PSG ne pas être sacré cette saison, si le championnat devait ne pas reprendre ?Avec tout ce qu’il nous arrive, c’est accessoire. Et de toutes manières, on sera champion l’année prochaine.

Tu préfères ça, ou finir la saison dans des stades à huis clos ?J’avoue que le foot me manque, mais les stades vides, c’est bizarre. J’ai essayé de regarder Juve-Inter à huis clos, j’ai changé de chaîne, je n’y arrivais pas. T’entends tout ce qu’il se passe sur la pelouse. Un mec que t’aimais bien, il peut te soûler quand tu l’entends parler.

Pendant le confinement, tu as été invité à des parties de foot clandestines, comme il s’en organise un peu partout ?Pas encore, mais il y a 2-3 mecs qui me doivent un five, donc ça va jouer dans pas longtemps.

Par le passé, tu as été confiné de force. Que penses-tu de la situation dans les prisons pendant la pandémie ?Le plus dur, c’est qu’ils ont supprimé les parloirs. Les détenus n’ont plus de contacts avec l’extérieur. Et c’est impossible de respecter les consignes de sécurité, ils sont trois par cellule, comment tu veux qu’ils se tiennent à un mètre les uns des autres. Et bien sûr, ils n’ont pas de masques, contrairement aux surveillants. Ils sont complètement abandonnés. Je reçois des messages d’amis incarcérés, ils souffrent. Sans parloir, ils ne peuvent rien recevoir, même pas du linge propre.

Particulièrement en ce moment, c’est la banlieue qui fait tourner les pays, grâce à ses hôtesses de caisse, ses livreurs, ses chauffeurs de bus, ses agents de propreté et de sécurité, une bonne partie du personnel soignant, etc. Pourtant, certains la critiquent encore pour son soi-disant non-respect des règles de confinement. Il faut faire quoi pour être enfin respecté ?Je me le demande franchement. Quoi qu’on fasse, ils ne retiendront que le mauvais. Ils verront toujours le verre à moitié vide. Ce qu’il faudrait, c’est que les gens acceptent qu’on soit tous ensemble. Parce qu’on est tous dans la même merde.

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Propos recueillis par Mathias Edwards

Écouter : DA Uzi - Architecte (Rec. 118)

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