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Coups francs de légende (4e) : le triplé de Mihajlović

Par Éric Maggiori

De la magie de Beckham aux patates de forain de Roberto Carlos, en finesse ou en puissance, enroulés de l'intérieur, tendus du cou-de-pied ou délicieusement brossés de l'exter', voici 100 coups francs très francs.

#4 - Siniša Mihajlović - 2015

Cet article a été initialement publié en 2015.

Lazio-Sampdoria (5-2), Serie A, 13 décembre 1998

« Sinisa, la la la lallallà. Sinisa, tira la bomba tira la bomba e facci sognar ! » Pendant six saisons, à chaque fois que l’arbitre sifflait un coup franc aux abords de la surface de réparation (et même un peu plus loin), le même chant résonnait dans le stadio Olimpico. Un chant qui incitait Siniša Mihajlović à « tirer une bombe » et à « faire rêver » . Et Mihajlović a rarement déçu. Considéré à l’époque comme le meilleur tireur de coups francs au monde, Sinisa a fait rêver les tifosi laziali à 33 reprises en six saisons (1998-2004). Certaines de ses bombes ont marqué l’histoire du club : un coup franc victorieux à Stamford Bridge qui qualifie la Lazio pour les quarts de finale de la C1 ou encore un coup franc magistral face à la Fiorentina qui lance la Lazio en tête de Serie A. Mais son plus grand exploit, « Miha » l’a réalisé le 13 décembre 1998. C’était face à la Sampdoria, club où il avait passé quatre saisons en tant que joueur, et dont il est devenu l’entraîneur de 2013 à 2015.

Un troisième but annoncé

Ce jour-là, au stadio Olimpico, tous les regards sont pourtant tournés vers un autre joueur : Roberto Mancini. Le Mancio, numéro 10 de la Lazio, fête son 500e match en Serie A. Ironie, il célèbre justement ce palier face à la Sampdoria, club où il a passé quinze saisons de sa carrière. Pourtant, Mancini va rapidement être éclipsé par un autre ancien de la Samp’. Le début de mach est plutôt fermé, la Lazio, qui court alors vers les sommets de la Serie A, domine, mais ne réussit par à trouver la faille. Jusqu’à la 29e minute. Coup franc aux 20 mètres. Mihajlović, comme à son habitude, pose son ballon, prend son élan, écoute les incitations du public et déclenche son tir. Le ballon est légèrement dévié par le mur sampdoriano et trompe Fabrizio Ferron, qui connaissait pourtant parfaitement le tireur, pour avoir passé deux saisons à ses côtés, de 1996 à 1998. La Samp’ ne se démonte pas et parvient à égaliser sur penalty. On se dirige vers la mi-temps, quand les Laziali obtiennent un deuxième coup franc, cette fois-ci un peu plus loin. Mais ce n’est pas la distance qui va effrayer le Serbe. Même rituel, même frappe, même résultat : cette fois-ci, le ballon n’est pas dévié et finit sa course juste en dessous de la lucarne. 2-1 à la pause, et doublé pour Mihajlović, le premier de sa carrière.

Dans les vestiaires, Fabrizio Ferron rumine. Encaisser un but d’un ancien coéquipier, c’est dur. En prendre deux, c’est cruel. En prendre deux exactement de la même manière, c’est insupportable. Mais son calvaire n’est pourtant pas terminé. À la 52e minute, Salas est fauché à pratiquement 30 mètres des buts. Le stadio Olimpico commence à lancer la ritournelle. Mihajlović pose son ballon, envoie un regard vers le gardien adverse et lui montre le chiffre « trois » de la main. Comme un avertissement, comme une prophétie. Et le prophète fait parler son pied gauche magique. Le troisième coup franc est une merveille et vient se loger dans la lucarne. 3-1, triplé pour Sinisa. Une performance extraordinaire et historique. En Serie A, seul un défenseur, Carlo Cornacchia, était jusque-là parvenu à inscrire un triplé (Atalanta-Foggia 4-4, le 12 avril 1992) tandis qu’un seul joueur dans l’absolu, Beppe Signori, avait marqué trois buts sur coup franc (Lazio-Atalanta 3-1, 10 avril 1994). La différence, c’est que deux des trois coups francs inscrits par « Beppegol » l’avaient été sur des coups francs indirects, rendant la performance de Mihajlović unique. Pour l’anecdote, la Lazio s’imposera finalement 5-2, et Mihajlović terminera la saison à huit buts.

La science du coup franc parfait

Mihajlović et les coups francs, c’est évidemment une grande histoire d’amour. Une vraie science, comme il la définit lui-même. Quelques jours après ce triplé historique, le défenseur avait accordé une interview à la Gazzetta dello Sport pour y livrer ses secrets. Enfin, pas tout livrer quand même. « Une fois, quand j’étais à l’Étoile rouge, des gens de l’université de Belgrade sont venus pour étudier la puissance, la trajectoire et la rapidité de mes coups francs. Je suis resté plusieurs jours avec ces messieurs. Ils avaient même des instruments bizarres. Ils m’ont longuement interrogé, puis ont étudié et mesuré. Résultat ? Ils n’ont absolument rien réussi à comprendre. Le ballon n’est pas une chose facile, tu dois parfaitement le connaître pour le comprendre » expliquait-il. Et visiblement, Mihajlović fait partie de ceux qui le connaissent très bien, à en croire la façon dont il en parle. « Tu dois frapper la balle avec décision, très fort et vraiment « couper » le ballon, y imprimer une trajectoire. Je ne veux pas exagérer, mais le ballon doit être piloté avec ton coup du pied. Selon vous, un gardien de Serie A se ferait surprendre si la balle était lente et que la trajectoire était prévisible ? »

Ce triplé historique était aussi, pour Mihajlović, l’occasion de parler de ses records personnels. Toute une fierté. « Mon tir le plus rapide ? Je l’ai fait au Brésil, en 1996, avec l’équipe nationale yougoslave : 165 km/h. Avant, j’avais réussi plusieurs fois à atteindre 150. Mais tout dépend de la façon dont tu frappes le ballon. Avec la Roma, contre la Fiorentina, je suis parvenu à marquer de 40 mètres. Mais mon record, je l’ai fait à Novi Sad, quand je jouais à Vojvodina : un but de 65 mètres… avec un rebond, quand même. » Aujourd’hui, Sinisa lutte depuis près d’un an contre une leucémie, mais le gaillard, solide, n’a rien perdu son pied gauche. En septembre 2014, le site de la Gazzetta avait d’ailleurs diffusé une vidéo où il défiait le gardien de la Samp, Emiliano Viviano. Cinq coups francs, et un objectif affiché « d’au moins trois buts » . Bilan : deux buts, une barre transversale, un poteau et un tir à côté. Ce n’est plus un triplé en plein match, mais cela reste honorable.

Par Éric Maggiori

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