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Coupet du monde, épisode 1 : Bonjour Wyoming !

Propos recueillis par Paul Bemer // Photos par Claude Poulet
10 minutes
Coupet du monde, épisode 1 : Bonjour Wyoming !

Cet été, Grégory Coupet est parti à l'aventure, à dos de cheval, dans le Wyoming, une des plus belles régions des États-Unis, « après la Haute-Loire... » précise-t-il. Premier épisode et récit des deux premiers jours d'une balade qui en compte six.

À l’origine, un simple coup de fil entre Auvergnats. Claude Poulet, reporter-photographe originaire de Loubeyrat dans le Puy-de-Dôme, parvient à se procurer le 06 d’un homme né au Puy-en-Velay, Grégory Coupet. « Il avait lu une interview de moi dans un journal équestre et savait que j’aimais les chevaux, pose l’ancien gardien de l’équipe de France. Bon, il s’est aussi servi du fait qu’on était auvergnat tous les deux, amateurs de rugby et notamment de l’AS Montferrand, pour me proposer le délire. Il m’a simplement dit que si ça me tentait, j’avais juste à prendre mes billets d’avion pour qu’il m’emmène faire un tour dans le Wyoming. J’ai dit yallah ! Une telle occase… » Car s’il est bel et bien né au milieu des volcans d’Auvergne, Claude Poulet a dressé le camp de base de son existence près des Tétons. Dans le Grand Téton précisément (4300m d’altitude), cette chaîne montagneuse dont les douze pics aussi abrupts qu’imposants plantent le décor du grand Ouest américain. Ces paysages sauvages, mythiques, Greg’ a toujours eu envie de les découvrir : « J’ai toujours été sensibilisé au western ! J’adore cette culture ! En revanche, je ne sais absolument pas danser la country. J’ai vu, j’ai même essayé lorsque je suis allé dans le Texas l’année dernière, mais je ne sais absolument pas faire. J’ai préféré assister à des rodéos à Dallas et San Antonio, m’acheter un vrai Stetson blanc, etc. » Un couvre-chef que Greg ne quittera pas du périple.

Voilà pourquoi, cet été, Greg a pris femme, et laissé les enfants, pour s’envoler vers le pays de l’Oncle Sam. Direction Jackson Hole donc – « le Megève du Wyoming » , dixit Claude Poulet -, via une escale à Minneapolis. 22h de vol que monsieur et madame Coupet ont plutôt bien vécues. « J’ai découvert le film Taken 3, que je ne connaissais pas du tout. Je pensais que c’était en rapport avec le jeu vidéo, mais en fait, c’est un film très sympa. J’aime bien ces histoires un peu de moralité, et puis ce père qui se bat pour sa fille, ça me parle. C’est vraiment le type de films auquel j’accroche bien. Le vol entre Minneapolis et Jackson Hole en revanche, j’ai halluciné parce qu’il y avait un chien dans l’avion, mais un chien en laisse, hein ! Et puis pas dans une cage, couché aux pieds du mecs… Et quand tu sais qu’aux USA, ils sont rigoureux et consciencieux pour tout, ça m’a fait bizarre. » Heureusement pour le couple, personne n’avait eu l’idée de piéger Médor, et l’avion a pu atterrir tranquillement sur le tarmac de ce petit aéroport en bois au charme certain. Mais avant d’y retrouver Claude, Greg s’est offert un aperçu de ce que cette terre inconnue pouvait lui réserver : « Dès que tu survoles la région, t’en prends plein les mirettes ! C’est tellement beau… Malgré les heures de vol, t’as qu’une envie, c’est de te poser et de partir en balade. Tu te dis : « Tout ça pour moi ? » » Le Grand Téton, ça se mérite. Et pour le palper, mieux vaut être bien équipé.

Caleçon de cowboy, Ricard et jetlag

Première étape du voyage donc, l’incontournable visite chez le sellier. Au milieu des selles, des lassos et des éperons, l’ancien portier se paye une paire de gants. Évidemment. « En cuir jaune, précise-t-il. Pour éviter de me lacérer les mains avec les rênes. Mais on a surtout demandé à Claude ce qu’on pouvait emmener. Parce qu’il faut être super précis. Penser à tout sans en emmener trop. J’avais un peu l’impression de refaire mon sac quand je partais en stage… Sauf que c’était un gros souci pour moi parce que j’aime bien avoir du matos en quantité, et là, bah ce n’était pas le cas… » Gourdes, polaires, couteaux – « pas un truc genre Crocodile Dundee, hein » -, vestes imperméables, les Coupet font leur marché sans toutefois penser à l’essentiel : le fameux colt à six coups. Greg toujours : « Je voulais m’acheter des chaps, ces trucs en cuir que les cowboys mettent par-dessus leur jean, mais ça coûtait un bras. Donc bon, mettre trois cents euros là-dedans pour quatre jours, c’était trop. » Quant au célèbre caleçon de cowboy, aka « le pyjama de Lucky Luke » , il avoue y avoir songé : « Ils en vendent partout, c’est super sympa, mais je n’ai pas franchi le cap… » Tout comme pour le tabac à rouler (ou à chiquer) qui définit aussi la virilité de l’homme de l’Ouest sauvage : « Non, rien de tout ça. Moi, je ne fume pas, je ne bois que l’apéro… » Ça tombe bien, Claude sonne l’heure du Ricard dans son ranch.

Direction Dubois, petite bourgade de 1000 habitants nichée le long de la Wind River, au pied des Absaroka Mountains, lieu de ce « pack trip » dantesque que l’on peut traduire par « randonnée à cheval en autonomie » . Pour l’heure, la route vers le Diamond D ranch de Mister Chicken se fait en 4×4 et, à peine arrivé sur les lieux, le guide confie que la première impression des Coupet fut : « Putain, mais tu crèches ici ? » « Attends, même son 4×4, il est roots, s’enflamme Greg. Y a deux centimètres de poussière sur le tableau de bord. Et quand tu montes chez lui, tu comprends pourquoi… » Là, quelque part sur le versant Nord de la Spring Mountain, le Diamond D Ranch s’étend sur 1200 hectares de nature sauvage. Un panorama dont le groupe ne profitera réellement que le lendemain matin. La faute à une première journée placée sous le signe du jetlag. Après une première nuit dont Greg ne garde quasi aucun souvenir – « j’ai écrasé grave ! » – Claude Poulet emmène tout le monde faire connaissance avec les autochtones. Enfin presque. « On débarque au Cowboy Café, et là… paf ! Séverine, une Auvergnate mariée à un Américain. C’était juste histoire de se dire bonjour entre Auvergnats et de lui dire qu’il y en avait un de plus dans la région. Mais c’est vrai que son cowboy café portait bien son nom, même si j’ai préféré le saloon… »

« Des mustangs, je ne connaissais que la Ford… »

L’Outlaw Saloon pour être exact. Sorte de repaire de tous les mal-rasés du coin où Bob règne en maître. « Bob, c’est une figure locale, situe Coupet. Avec une vraie gueule de cinéma. Il était très curieux de découvrir qui on était, d’où on venait… Et moi, j’étais très curieux de découvrir plein de bières différentes. Parce qu’ils en font énormément là-bas. Donc j’en ai essayé plein… » Alcool, saloon, armes à feu. En d’autres temps, Greg aurait sûrement dû défendre l’honneur de sa belle dans un duel au fond d’une ruelle. Même si, en 2015, les cowboys du Wyoming ne portent plus l’arme à la ceinture, Coupet admet que « là-bas, les embrouilles se règlent toujours assez vite… Donc non, pas d’embrouille. J’ai juste dégainé le porte-monnaie pour payer une tournée ! » Le verre de l’amitié sifflé, retour au ranch de Claude pour préparer les chevaux qui y vivent en semi-liberté. « Quand t’arrives au ranch, tu prends vraiment la nature en pleine gueule ! T’as les chevaux qui t’attendent, t’as plus de connexion, plus rien… T’es en communion avec la nature, les senteurs, et t’en prends plein la vue. C’est magique. Sur une grande colline, tu peux monter encore plus haut pour admirer la montagne en face. Le tout au milieu des antilopes et des coyotes. En fait, à ce moment-là, je suis Charles Ingalls ! »

Notre Charles Ingalls franchouillard rencontre alors Emma, sa jeune jument qui lui sera fidèle pendant quatre jours. Fidèle, mais capricieuse. Une véritable mustang pur-sang que Greg parvient à dompter non sans malice : « J’ai très vite trouvé son point faible, parce qu’elle aimait qu’on la grattouille derrière les oreilles. Donc on s’est fait des câlins d’entrée et le contact est passé tout de suite. Elle avait confiance en moi. On a fait une petite promenade de deux heures sur le terrain de Claude, où on a d’ailleurs vu un groupe d’antilopes chasser un coyote qui s’approchait un peu trop près des petits… Une scène assez délirante. Bref. C’est vrai qu’Emma n’était pas très dégourdie, elle galérait sur les obstacles, les trous, les troncs, etc. À vrai dire, des mustangs, je ne connaissais que la Ford, mais j’ai vite compris pourquoi on l’appelait ainsi. Au galop, ils sont magiques. Je peux te dire qu’ils en ont sous le capot ! » Pourtant, Emma est une intérimaire. À l’origine, Greg devait monter Pablo, un vieux de la vieille qui a dû déclarer forfait pour cause de clou rouillé dans le sabot. Une crevaison chevaline, en somme. Coupet encore : « Du coup, c’était un peu la merde. Au fur et à mesure, j’ai découvert la hiérarchie entre les chevaux, et je me suis aperçu qu’elle n’était pas très bien acceptée par les autres. Elle n’était jamais tranquille, elle regardait partout. Le moindre bruit, arbre qui bouge, elle flippait et s’emmêlait les pattes. Donc tu restes en dernière position, parce que si tu grappilles une place, ça fait bouger tout le monde. Les autres n’acceptent pas et il peut y avoir un coup de sabot qui part ou une morsure entre chevaux. D’ailleurs, y a un sabot qui ne m’est pas passé bien loin. Donc, après, tu fais attention et tu restes bien tranquille derrière. »

Fromage, pinard et bombe à ours

Place à la véritable première soirée au ranch. Seigneur, Greg a pensé à ramener le fromage. « C’est la moindre des choses, tu ne peux pas arriver chez les gens les mains vides. Donc fromage/pinard quoi ! La base. En plus, j’avais ramené un Saint-Joseph, une valeur sûre. Et je peux te dire que le duo pinard/fromage dans le Wyoming, ça a un petit goût de paradis. » Sur lequel les Coupet aimeraient en savoir plus. « On était des machines à questions. Parce que bon, ce n’est pas une ou deux balades par-ci par-là qui font de toi un cavalier. Même si t’as un niveau correct en équitation, tu te demandes comment on fait pour passer les obstacles, qu’est-ce qui se passe lorsqu’on croise une bête, etc. T’as plein de questions en tête, et même si Claude y répond, t’as toutes les vraies réponses le lendemain… » Comme la question des grizzlys par exemple, qui revient avec insistance. « Claude te dit qu’il y en a pas mal dans le coin, mais que si ça se trouve, on en verra aucun. Donc bon, tu n’es pas serein. En plus, j’avais vu le film L’ours, et tu te dis que c’est quand même balèze, un ours ! Dans un but, ça ferait un bon gardien. Ça va vite, ça peut surgir à tout moment et puis ça tue, quoi… C’est aussi simple que ça. En plus, Claude te dit qu’il n’est pas armé, qu’il a juste une bombe à ours… C’est un peu comme une bombe lacrymo, mais en plus puissant. Des ours, j’en avais aussi vu au Canada, et le trappeur nous avait expliqué qu’il ne fallait pas les regarder dans les yeux, etc. Là, en plus, t’es à dos de cheval, donc t’imagines s’il y a un mouvement de panique… » On imagine surtout ce qui doit traverser l’esprit lorsque l’envie de se soulager se fait ressentir en pleine nuit… « Bah disons que tu ne vas pas pisser loin ! Surtout qu’il paraît que c’est bon de pisser autour de ta tente, parce que ça marque aussi ton territoire et, même si je ne pense pas que ça les repousse, au moins ça leur impose que là, y a un homme, et un gros mâle même… Donc voilà, le reste du séjour, je me suis attelé à pisser tout autour de la tente. » Et madame, elle le vivait comment de voir son homme uriner tout autour de sa couche ? « Elle n’était pas contre du tout. Elle a même participé !, blague-t-il. Pour être honnête, on n’était tellement pas rassurés que si on avait pu creuser une tranchée et mettre des barrières électriques à côté, on l’aurait fait ! » Vivement la suite.

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