- Mondial 2026
Coupe du monde : rendez-vous en 2026 aux États-Unis, au Mexique et au Canada !
La déception digérée, bientôt viendra l’envie de revivre une Coupe du monde. Surtout après le scénario de la dernière finale, celle qui rappelle ô combien ce sport est unique et le restera, même au pays du baseball ou du hockey. Dans 42 mois, la 23e édition débutera en Amérique du Nord, et ses contours sont parfois encore flous. Il est même possible que des polémiques naissent d’ici là.
Renouer avec celle qui a été leur pendant quatre ans, cinq mois et trois jours, depuis cette pluie étoilée de Moscou jusqu’à la renversante confrontation avec un petit et à la fois immense génie argentin entouré de dix coéquipiers enragés. C’est avec ce sentiment que s’avanceront les Bleus et Kylian Mbappé en tête, lors du prochain Mondial, à condition de s’y qualifier. Car pour les Coupes du monde se jouant aux États-Unis, rien n’est jamais sûr avec l’équipe de France. Même si en novembre 2025, à 58 ans, il sera plus difficile pour Emil Kostadinov de transpercer la défense bleue sur la pelouse du Parc.
Dans un peu moins de quatre ans, eh oui c’est l’avantage d’en jouer une en décembre plutôt qu’en juin, 48 équipes se disputeront le trophée. Ce sera leur rêve américain à eux, éparpillé dans trois pays : États-Unis, Canada et Mexique, réunis sous le nom de « United 2026 » pour devancer le Maroc lors de l’attribution. Seul le Canada découvrira l’organisation d’un Mondial. Le Mexique deviendra même le seul pays à accueillir trois éditions après avoir sacré Pelé en 1970 et Maradona en 1986. Rien que ça. Demandez donc à André-Pierre Gignac si le ballon rond n’est pas un sport adoré de Mexico à Cancún.
Football, soccer ou fútbol ?
Côté passion, la fièvre monte au Canada et aux États-Unis, et pas uniquement pour les féminines, plus en vogue et dont les résultats sont bien meilleurs. La Major League Soccer progresse et n’a jamais autant intéressé outre-Atlantique, où les universités américaines misent de plus en plus sur le football (certes, moins que le basketball, le baseball ou le football américain). Le match de poule entre cousins USA-Angleterre a réuni plus de 20 millions d’Américains devant leur télé. Une première pour le « soccer » . D’ailleurs, reste à savoir si, dans l’appellation, ce sera une Coupe du monde de football (Canada), de soccer (USA) ou de fútbol (Mexique).
Alors forcément, qui dit trois pays dit longs trajets. Cela changera suiveurs, joueurs et supporters du Qatar où les stades étaient éloignés au maximum de 72 kilomètres. Les 16 villes hôtes (2 au Canada, 3 au Mexique et 11 aux États-Unis (1)) sont souvent très distantes. De Vancouver, comptez 5 heures d’avion avec Mexico et 7 avec Boston, sans oublier le décalage horaire (3 heures entre New York et Los Angeles). Un sacré casse-tête en perspective, alors que la FIFA n’a pas encore précisé si les nations seraient réparties géographiquement en fonction de leur groupe. Ce qui pourrait en tout cas permettre de faire un (tout petit effort) écologique pour une nouvelle Coupe du monde au bilan carbone beaucoup moins vert que les pelouses.
Au-delà de la couche d’ozone maltraitée par les voyages en avion, il y aura une donnée physique à ne pas négliger. Les déplacements lors de la phase de poules de l’Euro 2021 ont pu, de l’avis de certains, influer sur la suite de la compétition : les quatre demi-finalistes avaient par exemple disputé leur phase de groupes à domicile. La proximité des stades et des camps de base était un avantage au Qatar afin de favoriser la récupération, ce Mondial coorganisé ne la garantit pas autant.
(Très) chaud et pas de clim
Autre élément polémique dans la Péninsule arabique : la chaleur. C’est d’ailleurs pour cela que cette 22e édition a été accompagnée d’une raclette plutôt que d’un barbecue dans l’Hexagone. Sauf que les souvenirs de 1986 et 1994 sont très chauds, pour ne pas dire suffocants. Qu’importe. Les révisions du bac 2026 se passeront bien devant la télévision, avec trois ou quatre matchs par jour sous des températures dépassant très souvent les 30 degrés à Guadalajara, Monterrey ou Miami en juillet. Les stades, eux, sont déjà tous construits, beaucoup accueillant du football américain. Et aucune climatisation n’a pour l’heure prévu de venir chatouiller la gorge ou les mollets des fans. Sa capacité et ses nombreuses loges VIP placent le AT&T Stadium de Dallas (92 967 places) en favori pour être le théâtre de la finale, dont la date n’est pas encore connue.
Sportivement, beaucoup d’éléments sont encore méconnus. Que ce soit concernant les nations qualifiées, mais aussi le nombre de matchs. Rare certitude, le passage à 48 équipes permet de facto une plus grande représentation de certains continents. L’Afrique en profite le plus et passe de 5 à 9 qualifiées, l’Amérique du Sud de 4 à 6, et l’Océanie s’assure un représentant d’office. Une fois qualifiées, reste à savoir comment répartir ces équipes. La FIFA hésite encore. Une option avec six groupes de quatre équipes et la qualification de huit meilleurs troisièmes pour des 16es de finale porterait le nombre de rencontres à 104 (contre 64 en 2022). Un calvaire pour les sélectionneurs et la santé des joueurs ; une aubaine pour la FIFA et son envie de multiplier les rencontres pour augmenter les revenus publicitaires, les hospitalités, la billetterie et les droits TV. Rien ne dit pour l’instant qu’elle sera privilégiée.
De 64 à 80 ou 104 rencontres
Sinon, la version avec seize groupes de trois équipes augmente les risques de collusion entre deux équipes qui, jouant l’une contre l’autre au dernier match, pourraient s’arranger afin d’assurer leur qualification. La parade de la FIFA ? Une séance de tirs au but dès les poules et donc une victoire aux TAB à deux points. Bon, d’un côté, ces triangulaires éviteraient de revivre (subir) des France-Danemark 2018 ou France-Tunisie 2022 sans enjeu. Dans le même temps, cette option nous priverait de scénarios dans lesquels le classement change à chaque but lors d’une dernière journée en simultané. Autre question : que faire de la nation exempte ? Elle fournit deux joueurs pour faire juge de touche sur le terrain B comme au tournoi de la Pentecôte du village ? Il reste aussi l’option d’une séparation en deux tableaux à la Roland-Garros, avec vingt-quatre nations de chaque côté, et une formule aussi claire que la prochaine Ligue des champions ou la Ligue des nations. Pour la santé physique et psychologique des joueurs, la surcharge des calendriers et les blessures à répétition, on repassera.
Les États-Unis et Canada à leur prime ?
Concernant le football, parce que oui, il s’agit avant tout de football,la dure réalité du terrain a rappelé aux futurs hôtes la longueur et l’âpreté du chemin qu’il reste à parcourir pour briller dans un Mondial. La jeunesse des États-Unis et du Canada durant leur galop d’essai qatari démontre tout de même l’émergence de deux générations qui arriveront à leur prime, ou pas loin, pour cette compétition à la maison. Côté US (25,6 ans de moyenne d’âge), Christian Pulisic a été le premier à se faire un nom en Europe (Dortmund puis Chelsea). Suivi par les très bons manieurs de ballon que sont Weston McKennie (Juventus) et Yunus Musah (Valence) ou encore Tyler Adams (Leeds), biberonné dans la galaxie Red Bull dont la passerelle s’apparente à un sérieux atout pour éclore, autant que les portes de la Premier League qui commencent à s’ouvrir. Il faudra cependant faire plus pour aller au-delà des huitièmes de finale, où les Pays-Bas avaient maîtrisé leur sujet.
Côté Canada (41e au classement FIFA), le premier but en Coupe du monde de leur histoire contre la Croatie pour leur deuxième participation (après 1986, dans le même groupe que la France), a été perçu comme la concrétisation d’un mouvement enclenché récemment, non pas pour contrer l’essor du football féminin au pays des caribous, mais de se dire qu’il existait un vrai potentiel à créer la surprise autour de Jonathan David, Alphonso Davies et surtout Stephen Eustaquio. Tous encadrés par l’atypique John Herdman, auparavant coach chez les filles. Une équipe inexpérimentée, pas sortie d’une poule relevée, aux faiblesses de la jeunesse, mais qui aura quatre ans de plus individuellement en 2026 et surtout autant de vécu commun supplémentaire.
Les Mexicains (13es au classement FIFA) se sont présentés au Qatar en misant sur l’expérience (29 ans de moyenne d’âge), symbolisée par le rempart Memo Ochoa (5 Coupes du monde). Cela ne leur a pas suffi pour bien entamer leur compétition avec un vrai match nul contre la Pologne, puis une défaite contre les futurs rois du monde, qui venaient de commencer leur mission. Assez décevant dans l’ensemble, El Tri a loupé la qualification d’un but lors du troisième match. Un raté pour une génération dont le renouvellement va vite débuter afin d’être prêts en 2026, avec un nouveau coach après le départ de Tata Martino et autour d’un duo d’attaquants plus que prometteur : Alexis Vega et Hirving Lozano. Les anciens Ronaldo, Modrić, Messi ne seront sûrement plus là, mais la nouvelle génération, emmenée par Kylian Mbappé, est bien présente. Et dans bien plus de pays qu’on ne le croit.
Par Alexandre Plumey
1 - Vancouver, Toronto ; Guadalajara, Monterrey, Mexico ; Dallas, Houston, Miami, Atlanta, Los Angeles, San Francisco, Seattle, Philadelphie, Kansas City, Boston, New York.