- Mondial 2022
- Finale
- Argentine-France (3-3, 4-2 TAB)
Coupe du monde : On était avec les supporters de l’Argentine à Naples
Ce dimanche, la deuxième ville d'Argentine la plus chaude se situait peut-être en Campanie, à des milliers de kilomètres de Buenos Aires. Moitié italienne moitié maradonienne, Naples a vu confluer de nombreux Argentins, venus de toute la Botte pour assister à la victoire de l'Albiceleste, et vibrer aux côtés des Napolitains.
Perchée au balcon d’un des appartements via Emanuele de Deo, petite ruelle grimpante et étroite dans les quartiers espagnols de Naples, une petite femme de 70 ans danse au rythme des chants. Vêtue d’un maillot de l’Albiceleste, elle surplombe la marée humaine venue fêter la victoire de l’Argentine au largo Maradona, une petite clairière transformée il y a deux ans en lieu de culte dédié au Pibe de Oro. Une dizaine de mètres en dessous d’elle, alors que la foule rejoue Muchachos, ahora nos volvimos a ilusionar, l’hymne argentin de ce Mondial 2022, un supporter se met à genoux, embrasse le sol et effectue un signe de croix. Pour lui comme pour de nombreux Argentins et Napolitains présents dans la cité parthénopéenne ce dimanche, ce sacre a un goût de libération.
Cousinade ensoleillée
Point de départ la veille de la street parade contre la loi anti-rave de Giorgia Meloni, la Piazza Dante est remplie ce dimanche midi de fans argentins. Galvanisés par un ciel bleu et un soleil de plomb pour la période, ils se sont donné rendez-vous pour un banderazo, un rassemblement festif traditionnel avant les matchs avec des drapeaux dans tous les sens, des chants et des danses à n’en plus finir, et de l’alcool à gogo. Parmi eux, certains ont fait le déplacement depuis le Nord de l’Italie, ou même des Pouilles, comme Germán. « J’ai fait 200 kilomètres avec un pote pour voir ce match avec les Argentins de Naples et d’Italie, mais aussi avec nos cousins napolitains. Ici, il te suffit d’avoir un maillot de l’Argentine ou de Maradona sur le dos pour qu’on te sourie. »
Les sourires sont en effet légion sur les visages des quelque 600 supporters argentins qui entament vers 13h30 un premier pèlerinage vers le largo Maradona et sa fresque gigantesque. La température monte alors d’un cran, puis retombe à l’approche du coup d’envoi, quand tout ce petit monde commence à se disperser en petits groupes. « On nous avait dit au départ qu’il y aurait des écrans géants près du Castel dell’Ovo, mais finalement non. Donc on va essayer de trouver un bar dans le centre historique, mais il ne nous reste plus beaucoup de temps », explique Guillermo, maillot de Diego sur le dos. Ce dernier a vu juste, car les supporters commencent à s’agglutiner dans les bars et les restaurants qui diffusent la rencontre. Il va bientôt faire nuit, la température est redescendue, mais pas la confiance des supporters argentins, rejoints en masse par les Napolitains, qui soutiennent et supportent l’Albiceleste depuis le début de la compétition. C’est le cas de Simone, croisé à la terrasse d’un bar situé près de la Piazza Bellini. « Lors du Mondial 1990, l’Italie et l’Argentine s’étaient affrontées au San Paolo en demi-finales, et il y avait eu des sifflets à l’égard de la sélection nationale italienne, certains Napolitains préférant soutenir l’Albiceleste, rembobine-t-il alors que l’Argentine mène 2-0. Pour Diego, évidemment, mais aussi parce qu’à Naples, il y avait et il y a encore parfois une sorte de sentiment anti-italien. »
Festa a Napoli Argentina Campione del Mondo ? pic.twitter.com/jyLIJD4Uac
— Museo di Emozioni Napoli ? (@museodiemozioni) December 18, 2022
Mbappé, Macron et une Peroni
Ce dimanche, l’Italie n’étant pas dans la balance, c’est la France de Kylian Mbappé qui se fait huer devant les postes de télé. Et Emmanuel Macron insulter quand il jubile à la suite de l’improbable retournement de situation orchestré par le génie français. À chacun de ses buts, l’ambiance redescend, jusqu’à la fatidique séance de tirs au but, qui déclenche alors un petit séisme dans la cité napolitaine. Argentins et Napolitains se retrouvent de nouveau dans les quartiers espagnols, où leur boucan prend le pas sur les klaxons des scooters, pour une fois aussi inaudibles qu’inutiles. Si Léo est porté aux nues, c’est bien Diego qui revient le plus souvent dans les chants scandés par la grosse centaine de supporters présents aux abords du largo Maradona. Un chant anti-Juventus fait même son apparition à plusieurs reprises, rappelant que ces scènes de joie se déroulent à Naples. Une ville en éruption où certains voient à travers cette victoire un signe du destin. « Tu sais, l’année où Maradona a gagné la Coupe du monde au Mexique, quelques mois après, le Napoli remportait le Scudetto, s’amuse Michele entre deux lampées de Peroni. Alors forcément, après cette victoire, on a envie de vivre un nouveau titre de champion d’Italie. » Si ça arrive, nul doute que les Napolitains seront rejoints par leurs cousins argentins.
MR
Par Maxime Renaudet, à Naples.
Tous propos recueillis par MR.