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Coupe du monde : Allemagne, années zéro

Par Julien Duez
Coupe du monde : Allemagne, années zéro

Deux éliminations d'affilée en phase de poules d'un Mondial, ça ne va pas fort du côté de l'équipe nationale d'Allemagne. Sorti malgré sa victoire face au Costa Rica, le Nationalelf semble plus que jamais arrivé à bout de souffle. Mais avec un Euro à domicile dans tout juste 18 mois, il ne va pas falloir traîner à entamer de solides travaux de rénovation.

Le football est un sport magnifique de par les émotions qu’il procure, qu’elles soient belles ou horribles. Dans le cas de l’Allemagne, c’est la deuxième option qui s’impose. Avant d’affronter le Costa Rica, un adversaire largement à sa portée sur le papier, la Nationalmannschaft était dernière du groupe E avec un petit point pris face à l’Espagne, mais elle était à des années-lumière d’imaginer à quel point sa défaite en match d’ouverture contre le Japon lui serait fatale. Pendant qu’Ibères et Nippons ferraillaient au Khalifa International Stadium de Doha, les Allemands n’avaient qu’à moitié leur destin en main sur la pelouse de l’Al Bayt Stadium d’Al Khor. Il fallait gagner et avec la manière, ce que Serge Gnabry a entamé très rapidement, mais sans que cela ne suffise pour poser un geste fort, en dépit de la virtuelle deuxième place grapillée à cet instant.

Très vite, les hommes de Hansi Flick retombent dans leurs travers. Si Musiala anime avec brio le milieu de terrain, les attaques répétées se révèlent autant de pétards mouillés, tandis que la défense, elle, se montre bien friable. Illustration avec l’égalisation de Yeltsin Tejeda peu avant l’heure de jeu, lors de laquelle Rüdiger est impuissant, comme le reste de ses partenaires, lesquels ne peuvent même pas compter sur l’habituel rempart Manuel Neuer qui, pour fêter son record de gardien le plus capé de l’histoire de la Coupe du monde, a piteusement relâché son ballon pour permettre aux Ticos de remettre les compteurs à zéro et confirmer une série qui suit désormais l’Allemagne depuis les quarts de finale de l’Euro 2016 (0-2) : lors de chacun de ses matchs dans un tournoi majeur, elle a encaissé au moins un but. Et on parle de dix matchs. De quoi faire dire à Bild – certes pas une référence en matière de demi-mesure – que la NM est devenue un « nain » footballistique, qui ne fait plus peur à personne.

Sakés comme jamais

Et une fois de plus, même si cela n’a duré que trois minutes, l’Allemagne s’est à nouveau retrouvée menée au score. Suffisant pour offrir un shoot de rêve aux Costariciens, insuffisant pour reprendre son destin en main. Malgré sa victoire probante (2-4), le renversement de situation japonais face à l’Espagne a enterré les hommes de Hansi Flick six pieds sous terre. Comme un symbole, c’est la nation qui les avait retournés en huit minutes il y a une semaine qui termine première du groupe, et peu importe la manière. Pour la troisième fois d’affilée, l’Allemagne sort la tête basse après être passée à côté de sa première rencontre : défaite contre le Mexique en 2018, contre la France en 2021 et finalement, contre les Samourai Blue en 2022. Si elle parvient ensuite à relever la tête sur le match suivant, force est de constater qu’il est souvent trop tard lorsque commence le troisième ou, comme c’était le cas encore ce jeudi soir, qu’elle n’a plus son destin en main. Alors bon sang, comment faire pour briser le signe indien, surtout à dix-huit mois d’un Euro à domicile ?

Les Füllkrugix en rêvaient, Hansi Flick ne l’a pas fait : au coup d’envoi, pas de pur numéro 9 aligné en pointe une fois de plus, mais un Thomas Müller loin de ses grandes années et d’ailleurs remplacé à l’heure de jeu par Havertz, buteur, comme Füllkrug, définitivement cantonné au rôle de joker, mais qui rentre à la maison avec deux buts dans sa sacoche (trois, si l’on compte celui marqué en amical face à Oman avant le Mondial). Et s’il était là le problème ? Si cette équipe d’Allemagne n’était finalement qu’un empilement de gros noms sans véritable projet collectif, si ce n’est celui de jouer toujours trop compliqué et sans instinct de tueur à l’ancienne ? Faudrait-il faire table rase et intégrer plus de Füllkrug et de noms moins ronflants dans le Nationalelf, quitte à poser un geste fort en commençant doucement à dire au revoir aux cadres, Müller et Neuer en premier lieu ? Mais avec ou sans Flick ? S’il semble peu réaliste d’entamer la préparation à un tournoi maison en changeant de sélectionneur, la DFB doit cependant regarder vers l’avenir. Pour démarrer un nouveau cycle, il faut savoir acter la fin d’une époque. Et si, pour éviter une quatrième humiliation d’affilée, on en revenait enfin aux fondamentaux ?

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