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Contre l’Eintracht Francfort, l’OM veut chasser les nuages
Les joueurs de l'OM ont l’occasion, ce mercredi soir à Francfort, de faire un grand pas vers les huitièmes de finale de C1 et ainsi de s’assurer un coin de ciel bleu au printemps.
Coïncidence ou signe du destin, l’Olympique de Marseille joue son avenir européen dans l’une des capitales de l’UE. Dans la ville qui abrite la banque centrale européenne, les Marseillais espèrent bien réaliser le casse du siècle : battre l’Eintracht Francfort, pendant que Tottenham domine le Sporting. Un scénario aux airs de pactole, qui permettrait aux Phocéens d’être qualifiés pour les huitièmes de finale de C1 avant même la dernière rencontre de poule face à Tottenham, laquelle deviendrait alors une finale pour la première place du groupe D. Mais pour l’heure, la prudence est de mise. Certes, l’OM a remporté ses deux dernières sorties continentales face au Sporting, mais les hommes d’Igor Tudor restent sur trois défaites de rang en Ligue 1. Et les premiers nuages s’amoncellent dans le ciel provençal.
Un chaudron dans la forêt
Début octobre, à l’heure de défier le Sporting au Vélodrome, l’OM était au sommet du championnat, et au pied du mur en Ligue des champions ; cinq matchs plus tard, c’est l’exact opposé. D’abord parce que les Phocéens ont remis les pendules à l’heure en C1, grâce à leurs deux victoires face aux Portugais. Deux succès nets, minimisés par de nombreux faits de jeu en faveur de l’OM (encore faut-il les provoquer…), qui ont dynamité la chape de plomb qui pesait sur les Marseillais à chaque sortie en C1. Fini les moqueries : Marseille a retrouvé des couleurs et de l’appétit. Ce renouveau européen sera toutefois à confirmer sur la pelouse bouillante du Deutsche Bank Park, qui promet un accueil de feu aux Olympiens. Les supporters de l’Eintracht ont les incidents du match aller en travers de la gorge, et la journée s’annonce chaude dans et autour du stade.
« Le match aller, ça avait été un choc pour tous, ça n’avait rien à voir avec le foot. Je pense qu’il y avait simplement des criminels des deux côtés. J’espère ne plus avoir à vivre ça, a tenté de minimiser le défenseur Djibril Sow mardi. Demain, le focus sera sur le match pour notre équipe. On espère avoir une belle ambiance comme on en a eu une contre Leverkusen. Mais on ne sera pas surmotivés à cause du match aller. » Les 2000 fadas qui feront le déplacement auront fort à faire pour réussir à exister vocalement dans l’enfer du Waldstadion, dont la clameur contraste avec le calme qui règne autour de l’enceinte, posée dans la forêt en bordure de la ville. « On sait que ça va être un match très difficile là-bas », avait d’ailleurs anticipé Mattéo Guendouzi samedi, après la défaite à domicile face à Lens.
Car si l’OM s’avance en tâtonnant dans la ville de la saucisse, c’est que la confiance acquise en C1 a été ébranlée par trois revers de rang en Ligue 1 : une fâcheuse contre Ajaccio, une plus attendue au Parc, et une très rageante face aux Sang et Or, après avoir dominé la rencontre de bout en bout. « Les joueurs étaient tristes, mais je leur ai dit qu’il ne fallait pas qu’ils le soient, je leur ai dit qu’ils devaient être fiers, car ils ont fait un gros match, l’un des trois meilleurs de la saison. Après, le foot n’est pas toujours juste, on l’a vu aujourd’hui, a tenté de noyer Igor Tudor samedi. Si l’on pouvait jouer de la même manière qu’on l’a fait ce soir, on gagnerait tous les dimanches. Tout ce qu’on a fait ce soir est à refaire. Tout. C’est le point de départ pour avancer. » La fameuse défaite encourageante.
La confiance demeure
La mauvaise série en Ligue 1 met toutefois en avant les faiblesses de cet OM qui n’a pas de plan B dans le jeu une fois ses couloirs neutralisés. Le réalisme olympien commence aussi à poser question, à l’image de la deuxième mi-temps lisboète conclue à onze contre neuf sans marquer, ou de la prestation globale face à Lens. L’absence d’un véritable numéro 9 se fait aussi parfois sentir. Et si les certitudes sont assez nombreuses (Pau López, Chancel Mbemba, Amine Harit, Guendouzi, Alexis Sánchez…) et que Jordan Veretout monte en puissance au milieu, Igor Tudor doit maintenant composer avec un vestiaire qui commence à se déliter. À la veille du match, le père de Gerson a allumé l’incendie dans L’Équipe mardi, affirmant que le Brésilien quitterait le navire en janvier.
Privé de Bailly et Pape Gueye, le Croate a en plus sûrement noté que le Francfort de ce mercredi n’était pas celui du match aller. Désormais quatrièmes de Bundesliga, les Aigles ont trouvé leur rythme depuis leur succès au Vél’. Les victoires face à Leverkusen et Mönchengladbach en Bundesliga ont notamment marqué les esprits, alors que Randal Kolo Muani poursuit sa mue sur les rives du Main. « Il n’y a pas de raison d’être dans l’autosatisfaction, mais il y a de la confiance en nous, a reconnu le coach de l’Eintracht Oliver Glasner, à la veille de la rencontre. Nous savons tous que nous devons gagner ce match à domicile contre Marseille, pour avoir de bonnes chances de passer l’hiver au niveau européen. » Le technicien s’attend « à une équipe de Marseille à nouveau très physique en 3-4-3, avec un plan très clair, un marquage individuel fort et beaucoup d’intensité. Ce sera un match serré, mais on se sent prêts. »
Prêts, les Marseillais le sont aussi, malgré la série actuelle. « En ce moment, on a un petit manque de réussite. Je ne suis absolument pas inquiet, rassure Valentin Rongier. C’est une période compliquée au niveau comptable, mais le contenu est très positif. Il faut qu’on s’appuie là-dessus. On a confiance. On sait que Francfort tourne bien en ce moment, nous à l’aller on tournait bien, et eux moins, pourtant on a vu le résultat. » Dans ce groupe où « les équipes sont très proches, avec des façons intéressantes de voir le foot » selon Tudor, l’OM a en tout cas une première balle de match dans la fournaise de Francfort, dans laquelle il ne faudra pas brûler ses ailes. « On n’a pas parlé de ça, mais s’il y a bien une équipe habituée aux ambiances fantastiques, c’est la mienne », a relativisé Tudor. Après le naufrage nantais à Fribourg trois semaines plus tôt, il y a un honneur français à sauver outre-Rhin.
Par Adrien Hémard-Dohain, à Francfort-sur-le-Main