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Comment bien digérer une descente ?
Jusqu’au 1er septembre, le mercato va rythmer la vie des clubs de l’Hexagone. Au-delà des rumeurs farfelues, des offres mirobolantes et des fantasmes de supporters, il y a une réalité, que des dirigeants de formations de Ligue 2 ont accepté de nous raconter tout au long de l’été. Ce vendredi, Pierre Dréossi, le nouveau directeur sportif de Metz, présente la stratégie à adopter pour rebondir au mieux après une descente.
Affronter le traumatisme et ses conséquences
« Une descente, c’est toujours un traumatisme. Un club comme Metz, qui était en Ligue 1 depuis trois ans et qui s’est beaucoup structuré ces dernières saisons, se croyait peut-être hors de danger. Mais finalement, il a été relégué pour un petit point. Ça implique un déficit énorme, les recettes étant divisées par quatre. Il y a moins de droits TV, moins de sponsors, moins d’abonnés, et ainsi de suite. Cet écart en matière de recettes, il faut l’amortir, d’autant plus que d’importants efforts avaient été faits pendant le mercato hivernal pour redresser la barre. Pour combler ce déficit, il y a deux solutions : soit l’actionnaire met la main à la poche, soit on a recours au trading. Souvent, les deux vont de pair. À Metz, nous ne sommes pas dans l’obligation de vendre, car l’actionnaire (Bernard Serin, NDLR) est solide. Cependant, pour équilibrer le budget prévisionnel de la saison 2022-2023, il est certain que l’on va devoir céder nos éléments les plus bankables. On va continuer à perdre des joueurs pendant l’été, c’est sûr. Mais la volonté du club est de rester compétitif, donc ceux que l’on veut garder à 100%, on va tout faire pour les garder. »
Préparer la remontée, ne pas la programmer
« Metz a des infrastructures et une structuration dignes d’un club de Ligue 1. Il faut donc remettre le club au niveau où il doit être. On peut préparer une équipe à jouer la montée, mais vouloir programmer une montée, c’est presque stupide. Toulouse avait programmé une équipe pour remonter immédiatement et ça lui a pris deux ans, malgré de très gros moyens. Nous, on veut évidemment remonter dès l’an prochain, mais si on n’y arrive pas, on tirera les bons enseignements et on sera encore plus forts l’année suivante. Certains pensent qu’on a un avantage par rapport aux autres concurrents, parce que Metz a souvent joué en Ligue 2 ces dernières saisons. Je ne suis pas d’accord, car c’est un championnat qui a énormément évolué. Guingamp, Caen et d’autres pensaient aussi bénéficier de ce fameux avantage, mais ils ne sont toujours pas remontés. Pour Nancy, c’est même encore pire. Ceux qui sont en position favorable sont les clubs qui se sont bien adaptés, comme le Paris FC, que je connais bien (il y a été directeur sportif de 2015 à 2020, NDLR) et qui me paraît être le favori pour la montée. Ils sont plus stables. Or, quand on descend, on sait très bien qu’il y a une grande instabilité de l’effectif, qu’il faut tout reconstruire. »
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— Fc Metz ☨ (@FCMetz) June 16, 2022
Gérer l’urgence… et le reste
« Aujourd’hui, mon gros problème, c’est mon arrivée tardive. Je suis là depuis une dizaine de jours seulement. Pour l’instant, je ne m’occupe que de l’urgence, à savoir la composition de l’effectif, puisque le championnat démarre à la fin du mois. Ma mission, c’est de construire un groupe qui, dès le début, sera compétitif et pourra gagner des matchs, afin de ne pas prendre du retard sur nos adversaires. Le reste, ce qui concerne la politique sportive, se mettra en place assez vite. Je suis en contact avec Francis de Taddeo (directeur du centre de formation, NDLR) pour savoir qui pourra émerger du centre. J’irai voir Génération Foot pour comprendre comment fonctionne cette académie. Pour recomposer un effectif équilibré, il faut bien connaître l’historique, les joueurs qui sont là et les recrues qui vont arriver. Ça demande beaucoup de temps, donc je m’appuie sur les gens qui sont déjà en place, comme le responsable de la cellule de recrutement. On va rebâtir avec des jeunes du centre, des joueurs de Génération Foot, d’autres qui avaient été prêtés à Seraing (club filiale du FCM, NDLR). Ce qui est certain, c’est qu’on ne veut pas se contenter de recruter quelques joueurs par-ci par-là, connaître une bonne année et monter sur un coup de chance. On souhaite construire un projet sur la durée. »
Propos recueillis par Raphaël Brosse
Épisode 1 : Comment préparer son mercato, avec John Williams (Amiens)
Épisode 2 : Comment gérer une montée, avec Jean-Philippe Nallet (Annecy)
Épisode 3 : Que faire avec les joueurs en fin de contrat, avec Grégory Ursule (Rodez)