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« Classico », le projet foot et musique du Palais-Royal

Propos recueillis par Valentin Lutz
9 minutes
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À l'occasion de la finale de la Ligue des champions, le chœur et orchestre du Palais-Royal, dirigé par Jean-Philippe Sarcos, dévoile son nouveau projet, mené avec le réalisateur Gaultier Durhin, sobrement intitulé Classico. Le concept ? Interpréter Zadok the Priest, un hymne composé par Georg Friedrich Haendel en 1727, qui a très largement inspiré l'hymne de la Ligue des champions... et réaliser une vidéo chiadée d'un affrontement sur terrain vert entre orchestre et chœur. Retour avec les deux hommes sur un projet dingue.

Casting :

Jean-Philippe Sarcos, fondateur et directeur musical du chœur et orchestre Le Palais-Royal, arbitre du Classico. Gaultier Durhin, réalisateur du projet Classico.

Comment vous est-venue cette idée originale ? Jean-Philippe Sarcos : Le Palais-Royal est un chœur et orchestre qui s’intéresse beaucoup à la transmission de la musique classique. Autrefois, la musique avait une importance essentielle à tous les niveaux de la société. Aujourd’hui, elle est reléguée à quelque chose de moins important, à un fond sonore. Le Palais-Royal cherche donc à la faire vivre un peu partout, dans les universités, pour les jeunes éloignés de la culture ou les dirigeants d’entreprise. Ce chœur de Haendel, on savait que c’était une inspiration de l’hymne de la Ligue des champions et on réfléchissait à ce qu’on pourrait en faire, et puis on a rencontré Gaultier Durhin, qui lui aussi avait cette idée.Gaultier Durhin : Je suis réalisateur de clips et je fais aussi bien de la musique classique, baroque, de l’électro, de la pop, etc. Je suis aussi un grand fan de foot. Je me suis un jour posé la question de l’origine de l’hymne de la C1 et me suis rendu compte que ça a été adapté d’une pièce de Haendel, écrite pour le couronnement des rois d’Angleterre au XVIIIe siècle. Je me suis dit qu’il y avait une similitude entre la cérémonie du couronnement, la cérémonie footballistique, le rassemblement d’un public, un jeu, la cathédrale, le stade de foot, et qu’on pourrait faire jouer la pièce originale dans un stade avec une joute musicale entre instrumentistes et chanteurs. C’était un fantasme musical et sportif, et j’ai eu la chance de trouver un ensemble qui m’accompagne dans ce projet.

J’ai d’ailleurs eu la chance d’aller au Tottenham Stadium, et quand je parlais de Haendel et du couronnement des rois d’Angleterre, là, tu as vraiment l’impression d’être dans une cathédrale de foot.

À titre personnel, vous suivez le foot ou pas du tout ?GD : Je supporte les clubs français en Coupes d’Europe, mais je suis surtout le foot anglais. Je suis pour Tottenham, notamment depuis ces dernières saisons. J’ai beaucoup profité pour regarder à fond le foot anglais. J’ai d’ailleurs eu la chance d’aller au Tottenham Stadium, et quand je parlais de Haendel et du couronnement des rois d’Angleterre, là, tu as vraiment l’impression d’être dans une cathédrale de foot. Ça doit faire le même effet au Camp Nou ou à Bernabéu, des stades très droits et proches du terrain, ce que je n’ai pas ressenti au Parc des Princes, et ça prend un peu aux tripes. JPS : Alors moi, je suis un peu bizarre, c’est-à-dire que je ne suis pas incollable sur tous les joueurs et sur tous les matchs, mais un des plus grands plaisirs de ma vie, c’est de jouer au foot, assez souvent d’ailleurs, avec des amis. C’est un truc génial sur lequel on peut s’éclater, exactement comme la musique. Il y a une décharge d’adrénaline, il y a une excitation, c’est fabuleux. Je suis un mauvais spectateur, mais un grand amateur de football.

Comment s’est déroulé le tournage ? La vidéo finale laisse entrevoir quelques belles qualités techniques et un visage culte…GD : On a tourné ça en une nuit, c’était très speed, au Stade Robert-Bobin, un stade à l’architecture assez fascinante. On nous a accueillis comme des rois, et la météo a été clémente. Tous les gestes de foot, ce sont les musiciens, et deux ou trois éléments étaient de bons footballeurs. On a organisé les équipes à travers le duel entre les instrumentistes d’un côté et les chanteurs de l’autre, d’où le titre « Classico » , avec les voix basses derrière et les plus aigus devant. Puis très vite s’est posée la question de l’arbitre et du chef d’orchestre. Ça marche très bien : il y a un truc assez évident entre le maître de cérémonie et le maître du match, et Jean-Philippe Sarcos s’est tout de suite prêté au jeu et surtout, il a vraiment la tête de Pierluigi Collina, ou d’Anthony Taylor, le chauve un peu strict et en même temps très sympathique, il y a un truc fou dans cette image-là.JPS : Ça m’a fait plaisir justement de pouvoir rendre hommage à Pierluigi Collina, qui est quelqu’un que j’admire beaucoup et qui est un monstre sacré. J’avais vu un certain nombre de matchs qu’il a arbitrés, et je me suis un peu remémoré ça via des extraits sur YouTube, afin de m’en inspirer. Le chef d’orchestre, il coordonne tout le monde, il donne le tempo, il remarque les fautes. Je fais des conférences en entreprise, pour expliquer les rapports entre le chef d’orchestre et le manager, et je fais souvent référence à l’arbitrage parce que je pense qu’il y a une grande proximité.

Selon vous, le foot est-il un art et la musique est-elle un sport ?JPS : Je ne me poserais pas la question, car on réduirait les choses en les mettant dans des cases : c’est une habitude de notre époque industrielle. Mais évidemment, dans la musique, il y a un aspect sportif. Dans le foot aussi, il y a cet aspect artistique, surtout quand on voit de grands joueurs : comment a-t-il cette intelligence de déplacement, de la communication avec les autres ? Quand vous voyez un pianiste qui va rester huit heures sur son piano à faire bouger ses doigts sans avoir de tendinite ou de crampe, c’est la même préparation et la même endurance. Il y a beaucoup de ressemblances entre le foot et la musique, et beaucoup ne le voient pas. Il y a les amateurs de foot d’un côté, les amateurs de musique classique de l’autre, et puis finalement, personne ne se parle, chaque groupe se prive de quelque chose d’essentiel et de fort. Et cette autocensure, c’est un peu une des raisons d’être du Palais-Royal, c’est-à-dire d’essayer de lutter contre ces communautés. GD : Pour moi, le football est un art. En fait, quand je vois ce qui se passe sur un terrain, quand je vois ce que Neymar fait avec ses pieds, ce qu’un pianiste ou un violoniste fait avec ses mains, je pense vraiment que ce sont deux arts de la représentation. La musique est complètement un sport, et c’est ce que j’ai voulu montrer dans la scène du vestiaire. J’ai des amis musiciens qui doivent sans cesse travailler, qui se retrouvent dans les mêmes situations que les sportifs de haut niveau, avec les mêmes contraintes physiques, la même concentration, le même entraînement. Un concert, c’est comme un match de foot.

La musique baroque est parfois considérée comme une musique un peu austère. Comment la rendre attrayante pour le plus grand nombre ?JPS : Ce que vous évoquez pour la musique baroque, je l’ai un peu vécu pour le sport : à l’école, on jouait au foot et même au rugby sur un sol en goudron. Je ne vous raconte pas comment le rugby était intéressant, avec les plaquages, dans ces conditions… Par conséquent, on avait du mal à prendre du plaisir dans le sport. Donc ce qu’on essaye de faire avec le Palais-Royal, c’est justement de faire vivre à chacun, à chaque concert, l’ambiance d’une finale de la Ligue des champions. À chaque fois, que ce soit quelque chose dont les gens se souviendront toute leur vie. Cette vidéo, pour nous, ça a été une immense joie parce que tous les musiciens qui étaient là se disaient qu’on était est en train de retrouver l’essence de cette musique, c’est-à-dire la joie d’être ensemble, la joie de concourir ensemble, de faire des choses qui se rajoutent toutes les unes aux autres. GD : La musique baroque est très rythmée, il y a quelque chose d’assez répétitif, qui me touche beaucoup. J’ai essayé de caler les images sur ce rythme-là pour donner l’impression que la balle circule. Quand tu regardes le ballon pendant un match, ça fait tac-tac-tac-tac, il y a quelque chose de très mécanique.

D’ailleurs, à ce sujet, des entraîneurs ont déjà comparé le jeu de leur équipe à des mouvements musicaux, notamment Klopp. Pensez-vous que chaque équipe a son propre courant ? GD : Il faudrait prendre le temps effectivement d’étudier chaque équipe. Mais encore une fois, je suis assez d’accord avec ce que dit Klopp. Manchester City, c’est un jeu qui est très élégant, méticuleux, précis : le ballon suit des formes géométriques absolument incroyables avant d’arriver dans la surface adverse, je trouve ça fascinant. Et je vois le côté un peu heavy metal, bourrin, de Liverpool. Je vois bien un Van Dijk hyper nerveux en train de secouer ses cheveux longs, qu’il a d’ailleurs. Et après, il peut y avoir des équipes plus jazz, qui jouent un jeu impossible à suivre. Le PSG par exemple : chacun joue de son côté, et d’un coup, par miracle, la balle arrive dans une espèce de cohérence, un truc fantastique. Quand je regarde un match de foot, ça m’inspire de la musique, je vois des mouvements et j’imagine une bande-originale. D’ailleurs, je mets régulièrement les commentaires très bas.

Tony Britten était un bon musicien, mais ce n’était quand même pas le génie de Haendel.

Et cet hymne de la C1, au fait, qu’en pensez-vous ?JPS : C’est toujours gênant de critiquer ce que font les collègues. Mais je préfère toujours l’original à la copie. Il aurait pu copier quelque chose de plus moche, c’est vrai. Tony Britten était un bon musicien, mais ce n’était quand même pas le génie de Haendel, car il y en a un ou deux par siècle. Ce qui serait bien, c’est que les gens sachent que c’est du Haendel, et si un jour, on pouvait jouer dans un stade avec 500 chanteurs et un grand orchestre, il y aurait des frissons dans le dos. GD : Je trouve que c’est une très belle reprise. C’est bien dosé, entre le show, le solennel, la communion entre les joueurs et le public, elle est universelle, car chantée en plusieurs langues, et elle reste dans la tête, elle a vraiment tout. L’adaptation de Britten lui donne un côté encore plus nerveux, et elle est désormais ancrée : certains la passent même à leur mariage, ça fait partie de leur vie.


Les prochains concerts du Palais-Royal, Quand Wolfgang devient Mozart, auront lieu les 14 et 15 juin prochain, à 20h30, respectivement à l’église Saint-Germain-des-Prés et à l’église Saint-Roch.

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Propos recueillis par Valentin Lutz

Photos réalisées par Moland Fengkov.

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