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Clara Matéo, la Pépite qui monte chez les Bleues

Par Quentin Ballue et Anna Carreau
9 minutes
Clara Matéo, la Pépite qui monte chez les Bleues

Titulaire surprise face à la Belgique, Clara Mateo a donné raison à Corinne Diacre en offrant une passe décisive à Griedge Mbock. La joueuse du Paris FC monte en puissance, à 24 ans, confirmant une progression régulière depuis l’entame de sa carrière. Une réussite qui s’explique aussi par l’équilibre trouvé dans son double projet, puisqu'elle est ingénieure, en plus d’être une joueuse ingénieuse.

18/07/2022
Euro 2022
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Jody Vangheluwe a fêté ses 25 ans, ce vendredi. Alors avec un peu d’avance, en bonne camarade qu’elle est, Clara Mateo a offert une danse à la latérale belge la veille à Rotherham. Feinte de corps à droite, crochet pied gauche, centre pour Griedge Mbock… Et quatrième passe décisive, sur ses quatre dernières sélections. Titulaire lors des matchs de prépa contre le Cameroun et le Vietnam où elle a brillé par son aisance technique ou sa qualité de projection, la numéro 10 des Bleues a ciré le banc face à l’Italie. Sans broncher.

De retour dans le onze pour défier les Red Flames, la native de Nantes a montré qu’elle était plus qu’un simple joker et a annoncé la couleur au micro de TF1 : « Depuis quelques années, je prends de plus en plus d’ampleur au sein du Paris FC. J’arrive à prendre de plus en plus mes responsabilités, l’idée est de faire la même chose avec l’équipe de France. »

Récré, action

François Girard, qui a évolué à ses côtés lors de ses jeunes années à Sainte-Luce-sur-Loire, n’est pas vraiment étonné de la voir répondre de la sorte sur un carré vert. « Souvent, quand on arrivait dans un club, les adversaires disaient : « Oh tiens, une fille, ça va être facile, on va vous battre… », se rappelle celui qui a évolué avec Clara jusqu’en U15, en équipe mixte. Mais elle était parmi les meilleurs de l’équipe et toujours titulaire dans l’équipe première, peu importe les catégories. Elle n’avait pas besoin de répondre verbalement, elle leur mettait la misère sur le terrain. » À l’époque, elle tape la balle dans la cour de récré avec ses copains, et son prénom fait déjà le tour de l’école. « Tout le monde connaissait son niveau, on ne la laissait pas être la dernière choisie au moment des équipes », complète son ex-coéquipier de récré, et plus tard de club. En CP, justement, Clara demande à ses parents de s’inscrire. « Ma mère pensait que ça allait me passer, donc elle m’a dit que je ne pouvais pas parce que j’étais trop jeune, raconte la principale intéressée, dans une interview pour la Ligue des Pays de la Loire. Et en fait, à la rentrée, je me suis retrouvée assise à côté d’une fille qui, elle, faisait du foot. Le soir, en rentrant, j’avais dit à ma maman : « Elle fait du foot, donc ça veut dire que je peux moi aussi ! » Elle m’avait répondu : « Oui, bon, on verra l’année prochaine. » J’ai réitéré ma demande l’année d’après, et là, elle a accepté. »

Arrivée avec son père, sac de sport à la main le long des coursives un soir de séance d’entraînement, elle s’intègre rapidement à une équipe qu’elle connaît du bitume de la récré et qui deviendra sa garde rapprochée en terrains hostiles. « Elle était comptée comme une joueuse comme les autres, voire mieux », se rappelle Alban Duhamel, son entraîneur en U13, qui estime qu’elle a aussi progressé grâce à cette mixité. Placée milieu droit pour sa vitesse et sa capacité à dribbler, elle devient même la leader technique de l’équipe : « Dès qu’on lui envoyait le ballon, il y avait un bon contrôle et une bonne passe derrière. Il y avait très peu de pertes de balle. » Elle a beau ridiculiser ses homologues masculins lors de chaque concours de jongles de tête chez les benjamins, Mateo ne pense alors qu’à s’amuser entre copains. « Le football féminin n’était vraiment pas médiatisé quand Clara était jeune, donc je ne pense pas qu’elle se mettait comme objectif d’aller aussi loin, appuie son ancien entraîneur. Elle jouait pour se faire plaisir, sans prise de tête. Je ne suis pas sûr que le football prenait énormément de place dans sa vie, contrairement à certains enfants qui peuvent idolâtrer Mbappé ou Messi. » Elle plie pourtant bagage arrivée en U15, le football mixte étant interdit au-delà, et son club local n’ayant pas de section U16 féminine.

Mention très bien

Clara doit, alors, partager sa nouvelle vie entre le pôle espoirs de Rennes et les U19 de La Roche-sur-Yon. La semaine dans la capitale bretonne à réviser ses gammes avec des partenaires de son âge, le week-end à se faire une place en D2. « Cours jusqu’à 16h, puis on enchaînait sur l’entraînement à partir de 16h30, retrace Romane Enguehard, actuelle joueuse du Havre, qui a passé deux ans avec Matéo entre les deux villes. On allait vite au pôle se changer et après l’entraînement, on filait à la douche, puis au self et à l’internat. » Le week-end, la moitié du groupe d’entraînement prenait la direction de Nantes et de La Roche-sur-Yon, covoituré par des parents. Et comme chaque fin de semaine, Clara impressionne son monde. « Avec les U19, on allait voir les matchs des seniors, et c’était l’une des meilleures joueuses, se souvient son ex-coéquipière. C’était déjà un membre important de l’équipe, alors que c’était l’une des plus jeunes. » Quand bien même elle est déjà une cadre sur le terrain (dix buts inscrits), en 2015, le soir de la montée en D1 avec La Roche, celle qui a alors 17 ans doit demander l’accord de ses parents pour faire la fête au club-house, appuyée par les capitaines Charlotte Peslerbe et Pauline Ripoche dans la négociation. Une famille très présente avec une mère prof, qui lui a toujours demandé « d’assurer ses arrières » et lui fait comprendre combien il est difficile de vivre du football, surtout quand on est une fille.

Ça tombe bien, Mateo reste « à fond sur ses études » et enchaîne avec un DUT après son bac. Aujourd’hui, la très studieuse milieu de terrain du Paris FC est non seulement une joueuse rémunérée, mais aussi une ingénieure diplômée de Polytechnique, travaillant à 40% au sein de l’entreprise de chimie Arkema. « J’ai vraiment besoin d’avoir quelque chose à côté du foot pour m’épanouir et être performante, assure-t-elle dans le podcast Tous Terrains. Je ne suis pas sûre que je serais plus performante si je ne me consacrais qu’au foot. Des fois, il faut avoir une capacité d’analyse et de visualisation. En ayant réfléchi pendant la journée, je pense que mon cerveau est plus éveillé. » Un cerveau éveillé et très organisé, « même pendant les vacances », rigole sa coéquipière Théa Greboval, qui est partie avec elle l’été dernier. Dans la vie en collectivité, elle aime bien ranger, elle est très efficace. Elle a un esprit de Tetris pour ranger le coffre des voitures et elle a une capacité assez intéressante à trouver de la place quand il n’y en a plus, c’est très pratique ! » Comme sur le terrain, en somme.

La Pépite

2016 marque un tournant dans la carrière de Mateo. Cet été-là, les Bleuettes deviennent championnes d’Europe des moins de 19 ans. En grande partie grâce à une prestation XXL de la Nantaise contre la Suisse, en demi-finales. Les Françaises sont menées à la pause, alors Gilles Eyquem lance Mateo en lieu et place d’Élise Legrout. Trente secondes de jeu plus tard, la porteuse du numéro 9 égalise de la tête. Quatre minutes plus tard, elle offre une passe décisive à Marie-Antoinette Katoto. Trois minutes plus tard, elle plante son doublé en s’échappant dans le dos de la défense helvète. Un après-midi de rêve, qui en appellera bien d’autres. Vice-championne du monde U20 à l’automne, Mateo passe aussi un cap cette même année en quittant La Roche-sur-Yon pour jouer le haut de tableau avec Juvisy.

« Notre esprit de club, c’était d’accompagner les jeunes pour qu’elles puissent prendre leur envol dans des clubs plus performants, contextualise Claire Guillard, sa coéquipière en Vendée. Elle m’impressionnait quand elle prenait le ballon et qu’elle accélérait sur son côté, elle avait déjà d’énormes qualités. C’était notre pépite ! D’ailleurs, c’est devenu son surnom dans le groupe. » La Pépite s’exporte en Île-de-France, et plutôt bien. Au point de devenir le facteur X du Paris FC, troisième force du championnat la saison passée. Avec onze pions et huit caviars, elle est directement impliquée dans 39% des buts de son équipe. Ce qui lui vaut d’être la seule joueuse hors OL ou PSG à se faire une place dans le onze type de l’année, aux Trophées UNFP. Une réussite qui se conjugue à l’international.

Demi-fond, Gnabry et Bercy

Mateo a connu sa première convocation chez les Bleues en août 2018, sa première cape en novembre 2020, et s’est installée comme incontournable dans la rotation de Corinne Diacre. Grâce à ses qualités techniques, mais aussi sa rage de vaincre sur laquelle Théa Greboval insiste : « Elle a l’esprit de compétition, elle veut gagner. Surtout, elle ne supporte pas s’il y a de la triche. Lors des jeux de vitesse ou de vivacité la veille des matchs, elle peut être un peu à cran si des règles ne sont pas respectées. Ça râle un peu ! » Rien d’étonnant compte tenu du parcours de la jeune femme, adepte de Zinédine Zidane et de Serge Gnabry. Parce que le foot est une histoire de famille, son grand-père ayant connu la Ligue 2. Et parce que le sport a toujours fait partie de son quotidien, Mateo ayant longtemps cumulé le ballon rond avec l’athlétisme avant de devoir faire un choix. « Je me débrouillais bien, j’aimais bien tout ce qui était saut et course, que ce soit vitesse ou demi-fond. L’athlétisme m’a permis d’avoir des bases athlétiques solides, et une certaine coordination qui me permettent de répondre présente athlétiquement dans le monde du foot », expliquait-elle à Onze Mondial.

Petite, la Nantaise dont le papa gère les infrastructures sportives de la ville de Nantes rêvait des Jeux olympiques, et son amour de l’athlé ne l’a pas quittée. « L’année dernière, pendant notre stage de préparation en Bretagne, dès qu’on finissait l’entraînement, la télé était allumée. C’était les Jeux, les Jeux, les Jeux, se souvient Greboval. On en parlait aussi à table, quand on mangeait. C’est une passionnée, ça faisait partie de son agenda. On a vu ensemble un meeting à Bercy, les championnats de France quand ils étaient en Île-de-France… Elle connaît pas mal de choses, c’est intéressant de regarder l’athlé avec elle, on apprend plein de trucs ! » Quand on a autant bachoté, normal de maîtriser ses leçons. Encore quatre sessions d’examen d’ici le 31 juillet pour passer dans la classe du dessus.

Dans cet article :
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Par Quentin Ballue et Anna Carreau

Tous propos recueillis par QB et AC, sauf mentions.

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