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Charles Devineau : « La Châtaigneraie, ce n’est pas ronflant, mais je bosse »

Propos recueillis par Quentin Ballue
8 minutes
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Un an après avoir atteint les 16es de finale avec La Roche VF, Charles Devineau s'apprête à vivre le premier 32e de finale de Coupe de France de l'histoire de l'AS Châtaigneraie. Leader de son groupe de R1, le club vendéen défie Lorient, actuel sixième de Ligue 1, dimanche à La Roche-sur-Yon (15h30). Double vainqueur de la compétition en tant que joueur du FC Nantes (1999 et 2000), l'irréductible entraîneur fera tout ce qu'il faut pour résister à l'envahisseur.

Comment abordez-vous ce match face à Lorient ?On sent qu’il y a un événement au bout de la semaine, mais on l’aborde très sereinement. Les joueurs font tous l’effort pour être là cette semaine. On fait cinq entraînements, c’est unique. Mais ils vont être là, malgré les kilomètres à faire pour certains. Tout le monde nous demande des places, le téléphone sonne beaucoup. Il y a l’excitation d’arriver en 32es, et c’est décuplé par le fait de jouer une Ligue 1. On est dans la peau du chasseur, il ne peut pas nous arriver grand-chose, on a déjà réussi notre parcours. Il n’y a que de belles choses qui nous attendent.

On est dans la peau du chasseur, il ne peut pas nous arriver grand-chose, on a déjà réussi notre parcours.

Ça représente quoi de mener le club à ce stade de la compétition pour la première fois de son histoire ?Lors de l’assemblée générale, j’avais dit que si tous les maillons de la chaîne bossaient ensemble, ça allait le faire. C’est un travail collectif, mené en priorité par le président Alain Brillouet. Ça fait 25 ans qu’il donne de son temps, de son énergie, parfois de ses finances. Il était très ému qu’on atteigne ce tour. Le voir pleurer, ça m’a touché. Tu as encore des gens sains dans ce milieu-là. Les dirigeants et les bénévoles amoureux de ce club y passent beaucoup de temps pour mettre tout le monde dans les meilleures conditions. Moi, je suis arrivé en juillet et j’ai retrouvé un groupe de joueurs qui avait envie d’effacer la descente en R1, un peu revanchard.

À quoi ça ressemble, La Châtaigneraie ?C’est un tout petit village de 2500 habitants, dans le Sud-Vendée. Tout le monde se connaît, c’est bien encerclé sportivement par d’autres clubs comme Pouzauges, Fontenay, La Roche-sur-Yon, Les Herbiers. Les gens sont très proches de leurs valeurs : le travail, l’humilité, la simplicité. Ça reste un village, donc c’est aussi pour ça que l’histoire est belle.

Vous avez entraîné les U19 du FC Nantes et été adjoint de Reynald Pedros à Lyon, de grands clubs dotés de moyens importants. Qu’est-ce qui vous a attiré dans un défi aussi différent ?Ma complicité avec Alain, on se connaît depuis 15 ans. J’appréhendais au départ parce que j’avais du mal à imaginer la relation président-entraîneur entre nous, j’avais peur que notre amitié soit touchée. Après, Alain avait déjà bossé en amont pour conserver une grosse ossature de l’équipe qui était en N3. J’avais l’assurance d’avoir un groupe compétitif tout de suite. On a aussi de bonnes installations grâce à la ville et au club. Un coach cherche de bons joueurs et de bonnes conditions d’entraînement. Aujourd’hui, j’ai des conditions qui sont top pour un club de R1 entre le terrain en herbe, le synthétique, une salle avec un espace balnéo et muscu, etc. On a vraiment tout pour bien faire. Alors évidemment, ce n’est pas ronflant comme Lyon, Nantes ou même La Roche, mais je suis content, je bosse. Il y a des coachs qui ne bossent pas.

C’était une évidence de vous reconvertir comme entraîneur ?Ça l’a été très vite dans la mesure où j’ai passé mes diplômes pendant que j’étais encore joueur. J’ai toujours accompagné un groupe pendant mon parcours de joueur : les débutants à Nantes, les U15 d’un village à Laval, les U15 à Cholet, l’école de foot à La Châtaigneraie, l’école de foot de Saint-Fulgent quand je jouais à La Roche, etc. J’ai toujours fait ça parce que j’aime transmettre et être sur le terrain.

Ils seront plus forts que nous neuf fois sur dix. Mon boulot, c’est de faire en sorte que ce jour-là, ça tombe dans les 10% qui restent pour qu’on passe.

Coach d’un club de R1, ça implique de mettre un peu plus les mains dans le cambouis ?Un peu, ouais ! Après, je gonfle les ballons, c’est tout. Je ne fais pas le lavage de maillots. (Rires.) Un entraîneur des gardiens vient une fois par semaine. Je n’ai pas de préparateur physique, pas d’adjoint pur pour pouvoir m’épauler, mais ce n’est pas grave. Quand on est coach, le mot, c’est de s’adapter. Quand j’étais adjoint à Lyon, j’avais du boulot, mais je n’étais pas en première ligne. C’est complètement différent.

Que font vos joueurs dans la vie ?Tous mes joueurs sont étudiants ou salariés. Ils sont bien pris la journée. Ça va du surveillant au magasinier, en passant par le garagiste, l’expert-comptable, les travaux publics, etc. Il y a deux garçons qui sont en contrat fédéral et qui bossent pour le club. Ils bossent tous, donc certains mecs sont déjà crevés en arrivant à l’entraînement par leur journée de boulot.

Ce n’est pas frustrant pour un coach de devoir bosser avec des joueurs fatigués ?Au contraire, je crois que ça crée encore plus de proximité, ça permet de mieux connaître son joueur. On échange, on évalue où sont leurs limites, ce qu’ils peuvent donner, etc. C’est ça aussi le métier de coach, bien connaître ses gars.

Quelle analyse avez-vous faite du match de Lorient contre Angers ?Je ne l’ai pas regardé. Ce ne sera pas du tout le même match, ce n’est pas le même contexte. Nous, c’est le match de notre vie. Évidemment, ils vont avoir le ballon, ils jouent très bien ensemble, ça limite les touches, ça passe énormément par les côtés, ils ont trois ou quatre flèches devant, ils vont beaucoup plus vite que nous, ce sont de meilleurs manieurs de ballon… Je ne sais pas ce que ça m’aurait apporté de regarder leurs matchs contre Montpellier et Angers. Ils seront plus forts que nous neuf fois sur dix. Mon boulot, c’est de faire en sorte qu’on leur pose des problèmes, et que ce jour-là, ça tombe dans les 10% qui restent pour qu’on passe.

Le Bris est un mec hyper câblé là-haut. Il intellectualise le football comme personne ne l’a fait auparavant en Ligue 1.

Vous n’avez pas spécifiquement regardé Lorient depuis le tirage au sort ?Non. Je les ai beaucoup regardés en début de saison, jusqu’en octobre, car je voulais voir ce qu’allait faire Régis (Le Bris) pour sa première opportunité en Ligue 1. On s’est connu en tant que joueurs à Laval, je l’ai revu après en formation quand il était à Rennes. C’est un mec hyper câblé là-haut, il a des facultés intellectuelles bien au-dessus de la moyenne. Il intellectualise le football comme personne ne l’a fait auparavant en Ligue 1. Ils vont vite devant, il faudra qu’on fasse attention dans notre dos, qu’on limite les un-contre-un, car on sera en difficulté. Il faudra rester en bloc, bien défendre, limiter les erreurs, etc. Il y a tellement de choses à faire sur un match comme celui-là. Il faut qu’on sorte le match idéal, sans faute. Le match d’une vie, quoi.

Sur quoi vous allez vous appuyer ?On s’appuie évidemment sur la force d’un groupe. On a besoin d’être bon collectivement, de bosser tous ensemble avec et sans le ballon. C’est très global ce que je vous dis, mais je n’ai pas de joueur qui peut faire la différence tout au long de la saison. Ils sont chacun au service de l’autre. J’ai un mélange de garçons expérimentés, qui ont eu des carrières en N1 ou en N2, et de jeunes qui démarrent. Humainement, c’est très sain et c’est déjà la base. Sportivement, après, on essaie d’être le plus en symbiose possible entre ce que je leur demande et ce qu’ils peuvent proposer.

Vous aviez été surpris par l’engouement des supporters à Orvault au tour précédent ?Non, il y a une grosse poussée populaire depuis les deux derniers tours. Avant Orvault, on avait joué en Bretagne et on avait rempli quatre bus. Ça suit, tout le monde se prend au jeu. On est 2500 habitants dans le village, et plus de 2000 places ont été vendues à La Châtaigneraie. Je pense que le stade ne sera pas plein (9000 places, NDLR), mais il sera déjà bien assez rempli pour nous. On n’a pas l’habitude de ça, c’est l’une des choses qui peuvent nous faire dévier.

Ça fait partie des choses que vous avez essayé d’anticiper avec vos joueurs ?Exactement. La semaine dernière, je les ai fait bosser sur ce qui pouvait nous faire dévier de la trajectoire : le stress, la peur, l’adversaire, etc. Je voulais qu’on en parle, qu’on ne transforme pas cet événement en non-match à cause de l’émotion ou de la pression. Maintenant, entre ce que tu prépares dans une salle et le rendu le jour J… On verra. Ça fait en tout cas partie des matchs les plus excitants que j’ai eu à préparer comme coach.

Mikel Arteta diffusait l’atmosphère sonore d’Anfield à l’entraînement pour préparer ses joueurs à jouer là-bas. Vous avez eu recours à des méthodes similaires ?Non, ma sono n’est pas assez forte ! (Rires.) Mais il a raison, évidemment qu’il faut mettre les joueurs dans les conditions qu’ils vont retrouver le jour du match. C’est bien plus facile après. On va avoir tellement de choses à faire ce jour-là… Ce ne sera pas simple, mais on veut faire en sorte que ce soit une belle fête.

Dans cet article :
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Propos recueillis par Quentin Ballue

Photos : Happy Zoom - Angelique Papin / Icon Sport.

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