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Ce qu’il faut retenir du plan de déconfinement d’Édouard Philippe
Ce mardi à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a pris une heure pour « dire à la France comment la vie va reprendre ». Et parmi la multitude de points abordés, une chose est sûre : le déconfinement tel qu’il sera appliqué à partir du 11 mai ne garantit en rien la victoire ni le beau jeu.
Un point sur l’infirmerie
Introduite par Richard Ferrand du haut de son perchoir, cette « séance ouverte aux espoirs » devait être « résolument tournée vers des lendemains heureux ». Pourtant, Édouard Philippe a commencé sa causerie en faisant un point sur l’état de santé de ses compatriotes. Face à 75 députés triés sur le volet (soit 13% de l’effectif), le Premier ministre a remonté ses manches pour féliciter l’ensemble des joueurs pour leur sens de la dévotion et du collectif, face au Covid-19. En faisant banquette à leur domicile, les Français ont « permis d’éviter au moins 62 000 décès sur un mois », alors que « 105 000 lits de réanimation auraient manqué en l’absence de confinement ». Si bien que les statistiques montrent une baisse des contaminations et des décès depuis le 8 avril (« La décrue est engagée, elle est lente, mais régulière »). D’où la possibilité d’envisager une nouvelle stratégie : « Le confinement, s’il durait trop longtemps, pourrait entraîner des effets délétères. » Direction donc le tableau blanc, avec des flèches et des pions dans tous les sens, pour la suite des opérations.
La palette tactique d’Edouard Philippe
S’il faut 42 points pour se maintenir, la stratégie nationale n’en compte que trois, d’après le coach Philippe : « vivre avec le virus » en attendant un traitement ou l’immunité de groupe, « agir progressivement » pour s’épargner une seconde vague, et « s’adapter localement ». Dans les faits, cela veut dire aussi que le pressing imposé jusqu’ici sera relâché suivant plusieurs conditions et que le staff pourrait à tout moment ordonner un retour au confinement si les choses venaient à dégénérer. Dès jeudi, une carte de France triera les départements français en trois catégories : ceux colorés en vert auront des chances de retrouver une vie à peu près normale, ceux en rouge ne seront pas au bout de leurs peines. Oui, « la circulation du virus n’est pas uniforme dans le pays » et il sera « nécessaire de prendre en compte ces différences dans la façon dont le confinement doit être organisé ». Amis du Grand Est ou de l’Île-de-France, vous pouvez refaire votre stock de PQ.
Où en est le FC Masques ?
Accessoire aussi indispensable que des protège-tibias face à Éric Di Méco, le masque était au centre de toutes les préoccupations. Et il y a fort à parier qu’il soit un must de la collection printemps-été. Édouard Philippe a commencé par expliquer que la pénurie était due à des difficultés d’importation, ne pouvant plus soutenir la production nationale. Ceci dit, les efforts fournis jusqu’ici par les tricoteurs de métier permettront de quintupler la production d’ici le 11 mai. Ainsi, 20 millions de masques lavables seront disponibles à cette date, mis en priorité à la disposition du personnel soignant, avant d’être proposés à toute personne ne pouvant se sortir d’un marquage à la culotte et respecter donc les consignes de distanciation physique. Sachez tout de même que 50% des coûts des masques commandés par les collectivités seront assurés par l’État lui-même. Histoire de reprendre un petit peu son rôle de distributeur au cœur du jeu.
La technologie comme meneur de jeu ?
Dans le plan proposé par le staff gouvernemental, la protection ne passe pas uniquement par le port de masque. Il faut « protéger d’abord, tester ensuite et isoler enfin ». Quelque 700 000 tests hebdomadaires seront disponibles pour lancer les campagnes de dépistage, et seront pris en charge à 100% par l’Assurance maladie. Mais qu’en sera-t-il si on l’est positif ? Il y aura d’abord l’étape de « l’isolement consenti et accompagné » soit à domicile, soit dans un hôtel pour ne pas contraindre l’ensemble du foyer, et ce pendant 14 jours. Des « brigades » seront quant à elles chargées de remonter la chaîne de contamination pour couper les lignes de passes. De plus, pour savoir si l’individu étant à côté de vous dans « le métro de 7h46 sur la ligne 12 » (sic) est contagieux, un dispositif est à l’étude. Nom de projet : StopCovid. Soit une application qui devrait permettre de repérer les personnes porteuses du virus. Les défenseurs des libertés individuelles peuvent patienter avant de s’insurger : le Premier ministre ne sait pour l’instant pas si cette technologie fonctionne, et son adoption devra passer par un débat parlementaire.
La compo ligne par ligne
Ce plan a permis aussi d’effectuer une revue d’effectif dans les différents secteurs de jeu et de donner des consignes particulières à chacun d’entre eux :
La formation : Les crèches et les écoles élémentaires rouvriront le 11 mai, partout en France, mais sur la base du volontariat, avec une limitation à 15 poussins par classe. Les collégiens entreront en jeu dès le 18 mai, avec l’obligation de porter des masques. Pour les lycées, les convocations tomberont plus tard, autour de la fin mai. Fonds de jeu : Pour la reprise du boulot, « le télétravail est maintenu partout où c’est possible ». Les temps de jeu pourraient être partagés avec des horaires décalés encouragés, toujours dans l’optique de favoriser les fondamentaux de la distanciation physique. Les boutiques officielles : Tous les commerces pourront lever leur rideau à partir du 11 mai. Sauf les restaurants et les cafés, ainsi que les centres commerciaux de plus de 40 000m2. Et tant pis pour la cohésion de l’équipe. Les dép’ : Épineuse question que sont les transports. Mais deux leviers seront actionnés : augmenter l’offre (70% de la RATP) et baisser la demande. Ainsi que les heures de pointe aux travailleurs (munis d’un masque). Pour les mises au vert ou les trêves passées à l’étranger, c’est pas la peine d’y penser, puisque les déplacements à plus de 100km de son domicile devront être justifiés. Animation collective : Les vétérans sont invités à faire preuve de patience, même s’ils auront leur liberté de mouvement. Pour les autres, le gouvernement autorise à nouveau les permutations, les petites courses dans les couloirs, les jeux à deux ou en triangle, le tout sans attestation. Les petits lieux culturels (médiathèques, bibliothèques, petits musées) pourront rouvrir, à l’inverse des lieux communs brassant une grande affluence. Musées nationaux, théâtres, cinémas, concerts, tout ce qui peut rassembler plus de 5000 personnes et nécessite donc une autorisation préfectorales seront à oublier. Les stades ? Oui venons-en.Et le foot alors ?
Si les activités physiques individuelles sont toujours autorisées, tout ce qui est collectif et en intérieur reste en stand-by. Et forcément, le foot ne peut passer entre les gouttes. D’ailleurs, le Premier ministre a sifflé ce qui ressemble à la fin des championnats de Ligue 1 et Ligue 2. « La saison 2019-2020 de sport professionnel, notamment de football, ne pourra pas reprendre », a-t-il indiqué. Bon, bah, félicitations au Paris Saint-Germain pour son titre…
Par Mathieu Rollinger