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Carlos Eduardo : « J’ai vu Lössl jeter ses gants à la poubelle ! »

Propos recueillis par Aymeric Le Gall, avec William Pereira
7 minutes
Carlos Eduardo : « J’ai vu Lössl jeter ses gants à la poubelle ! »

Guingamp reçoit ce mardi soir Nice au stade du Roudourou. La dernière fois que les Aiglons ont fait le déplacement dans le 22, c'était pour mettre une valise historique aux Bretons (7-2), grâce notamment à Carlos Eduardo, auteur d'un quintuplé. Le Brésilien joue aujourd'hui à Al-Hilal, en Arabie saoudite.

Comment s’est passée ton intégration en Arabie saoudite ?Mon intégration ici s’est très bien passée, ça s’est fait très rapidement et je dois dire que ça m’a beaucoup aidé. Aujourd’hui, je suis très heureux en Arabie saoudite.

Quelles ont été tes premières impressions en arrivant ? Ça change de l’Europe, n’est-ce pas ?Oui, c’est clair que la vie en Europe est très différente ! L’Arabie saoudite est un pays fermé, ce n’est pas un pays touristique. Pour y entrer, il faut forcément avoir de la famille qui vit déjà sur place ou bien venir pour des raisons professionnelles. Si tu viens pour d’autres raisons que celles-ci, ils ne te délivrent pas de visa et tu n’auras pas d’accès au pays. Ça n’a vraiment rien à voir avec l’Europe.

Comment sont les gens, la ville (Carlos Eduardo vit à Riyad, ndlr) ? Les personnes sont fantastiques. Depuis mon arrivée tout le monde m’a montré beaucoup d’affection. Partout où je vais dans la ville les gens sont gentils avec moi. Riyad est une très grande ville. Je trouve qu’elle est aussi très jolie et on s’y sent bien. Sinon, à part ça, je vis dans une superbe résidence, un complexe dans lequel on est parfaitement libre de ses mouvements (sic !) (dans les pays du Golfe, dans les émirats, les Européens ont l’habitude de vivre ainsi, dans de grandes résidences fermées, à l’européenne, ndlr).

Il t’arrive quand même de sortir un peu de la résidence ?En fait, pas vraiment. Je sors peu du complexe parce que les supporters sont très oppressants. À chaque fois que je mets le nez dehors, il y a immédiatement une foule qui veut prendre des photos avec moi. C’est la raison principale qui fait que je ne bouge pas beaucoup. Ça, et le fait que je sois aussi très casanier !

Comment tu te sens au sein du club d’Al-Hilal ?Al-Hilal est l’un des plus grands clubs en Asie et je me sens super bien au sein du groupe. On a aussi le meilleur public d’Asie, ce n’est pas rien. Ici, les gens adorent le foot. À domicile, on joue toujours devant près de 70 000 personnes, c’est incroyable. Durant la pré-saison que l’on a faite en Autriche, les supporters étaient venus en nombre pour nous voir. Ce sont des fanatiques de foot.

L’équipe est bien placée au classement (Al-Hilal est premier ex æquo avec Al Ahli après 11 journées, ndlr). Mais sur un plan plus personnel, comment se passe ta saison ? Ça se passe très bien. J’ai marqué 14 buts en 14 matchs, ce qui est plutôt une bonne moyenne ! J’espère que je vais continuer à avoir un tel rendement sur le terrain.

Il n’est pas impossible que, demain, plus aucun club ne soit intéressé par l’idée de me recruter. Aujourd’hui, j’assure mes arrières financièrement et je me sens plus tranquille comme ça.

Malgré tout, vous avez perdu en septembre en demi-finale de la Ligue des champions asiatique (contre le club d’Al-Ahli Dubaï, ndlr). Que retiens-tu de cette élimination ? C’est vraiment dommage d’être sorti si près du but, mais ce qui est encore plus rageant, c’est de se faire éliminer sur la dernière action du match (nul 1-1 à domicile au match aller et défaite 3-2 au retour, dans les arrêts de jeu, ndlr). La Ligue des champions asiatique est une grande compétition et on avait tout pour être sacré champions. C’est le football… Mais la prochaine édition débute en février, ça va arriver très vite.

Tu n’as jamais regretté ce choix de partir jouer dans le championnat saoudien ?Non, je ne regrette rien. Tous mes choix de carrière jusqu’à aujourd’hui, je les ai pris seul et ils ont été mûrement réfléchis. Indépendamment d’où je me trouve, je me dois d’être heureux dans ma vie et c’est bien ça le plus important pour moi.

Ça peut être perçu comme un choix étrange quand on n’a que 26 ans et qu’on sort d’une belle saison en Ligue 1…J’ai 26 ans, c’est vrai, mais je dois dire que ce choix m’a clairement permis d’assurer mon indépendance financière. Et j’avais besoin de ça parce que le monde du football est assez traître, il est imprévisible. Vous avez tout aujourd’hui, mais il n’est pas impossible que demain, plus aucun club ne soit intéressé par l’idée de vous recruter. Aujourd’hui, j’assure mes arrières financièrement et je me sens plus tranquille comme ça.

Claude Puel a publiquement avoué sa déception de te voir faire ce choix…C’est son opinion et je la respecte. Claude Puel est un entraîneur qui m’a beaucoup aidé durant cette année à Nice. J’ai énormément de respect pour son travail. Je le soutiens, car c’est une très bonne personne et c’est un grand, un très grand coach. Je respecterai toujours son opinion.

La France te manque-t-elle ?Oui, elle me manque beaucoup. C’est un pays merveilleux, avec des gens extraordinaires. Beaucoup de choses me manquent depuis que j’ai quitté la France. Surtout Nice en fait, qui est l’une des plus belles villes dans laquelle j’ai pu vivre.

Contre Guingamp, je ne dirais pas que je me sentais intouchable, mais j’avais quand même la sensation d’être touché par la grâce de Dieu ce soir-là !

Tu continues de suivre les résultats des Aiglons ?Oui, j’ai regardé tous les matchs de Nice depuis le début de la saison. Ici, j’ai toutes les chaînes européennes et je te jure que je n’ai pas manqué un seul match de l’OGC. Je suis très heureux de la saison qu’ils réalisent jusqu’ici. Ils ont fait de très grands matchs et je suis heureux de voir Koziello jouer, et bien jouer ! Il y a aussi mon ami de Porto, Ricardo (Pereira, ndlr), qui a beaucoup de succès dans cette équipe, tout comme Valère Germain (« Valérie » dans le texte ! ndlr), sans parler du phénomène Ben Arfa. C’est génial de voir un tel joueur à Nice !

Tu pourrais songer à un retour en Ligue 1 ?Oui, bien sûr. Si l’occasion se présente à moi dans le futur, je ne réfléchirai pas un instant et je sauterai sur l’occasion !

Que retiens-tu de ta saison en France ?C’était ma première année dans le championnat de France, c’était donc une période d’apprentissage, mais je suis tout de même satisfait de ce que j’ai pu faire. Je dois tout à cette équipe de Nice et à son entraîneur qui m’ont beaucoup aidé lors de mon arrivée ici. Nice est l’équipe dans laquelle j’ai été le plus heureux dans ma carrière. J’ai reçu énormément de signes d’affection. Et puis c’est un club qui est géré par d’honnêtes gens, et aujourd’hui, c’est quelque chose de très rare dans le football.

Les Niçois se déplacent ce mardi soir à Guingamp en Coupe de la Ligue. J’imagine que c’est une affiche qui ne te laisse pas indifférent (la saison passée, Nice avait battu Guingamp 7-2 au Roudourou avec un quintuplé de Carlos Eduardo, ndlr)… Ce fut un match historique pour moi et pour le club. C’est une rencontre inoubliable qui, je pense, restera dans l’histoire du championnat de France. Tout m’a réussi ce jour-là. Mes coéquipiers sont restés bouche bée, d’autant que je suis un milieu de terrain et non pas un buteur ! On a vraiment passé un super moment.

Avec du recul, comment tu analyses cette performance individuelle ? Tu te sentais intouchable ?Non, je ne dirais pas que je me sentais intouchable, mais j’avais quand même la sensation d’être touché par la grâce de Dieu ce soir-là !

Tu as échangé avec Jonas Lössl au coup de sifflet final ?C’est qui ce Jonas, je ne m’en souviens pas ?

Le gardien de Guingamp à qui tu as collé cinq pions !Ah ok, désolé pour lui (rires) ! Non, nous n’avons pas parlé tous les deux après la rencontre, mais j’ai vu qu’il avait jeté sa paire de gants à la poubelle !

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Propos recueillis par Aymeric Le Gall, avec William Pereira

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