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Cardozo, la renaissance du renard

Par William Pereira
4 minutes
Cardozo, la renaissance du renard

Il n'est pas blond, beau, rapide, agile, ne vaut pas 58 millions d'euros, n'attend pas 24 heures pour marquer un but et n'atterrira sans doute jamais dans un géant d'Europe. Oscar Cardozo est l'antithèse de Fernando Torres mais aussi celle de la plupart des attaquants de sa génération. Pourtant, ça ne l'empêche pas de transpercer les filets au Portugal et en Europe. De Marc Landers il n'a pas que la frappe, il en a également imité le come-back vainqueur.

A l’heure de recevoir Chelsea, à l’occasion des quarts de finale de la C1, afin de rejoindre pour la première fois depuis 1990 le stade des demi-finales de la compétition, Benfica va mieux qu’au tour précédent. Mais comme son adversaire du soir, ce n’est pas encore tout à fait la joie. Les Lisboètes restent sur un décevant match nul face à Olhanense en championnat alors qu’ils auraient pu profiter du faux pas de Porto pour passer devant les dragons au classement. Quelques jours après avoir justement battu le club de Pinto da Costa en coupe de la ligue, Benfica n’a pas réussi à confirmer sa belle prestation. Parce que depuis leur passage à vide d’il y a un mois, les aigles n’ont pas retrouvé leur régularité du début de saison, mais un grand Paraguayen d’un mètre 92 résiste encore et toujours au coup de pompe. Hormis Artur qui connaît lui aussi une année formidable, le seul joueur du onze des Lisboètes qui donne des motifs de satisfaction à Jorge Jesus qu’il pleuve, vente ou neige, c’est Oscar Cardozo, malgré les belles prestations de Gaitan, Nolito, Witsel et compagnie.

Grandeur, décadence et grandeur à nouveau

Bon ok, le jour où il sera aussi efficace que dans Football Manager avec des saisons à 50 buts n’est pas encore venu, mais le géant attaquant benfiquista a retrouvé le réalisme qui lui a tant fait défaut l’année dernière. Sans doute le départ de Falcao vers d’autres cieux l’a-t-il sorti de la foutue dépression dans laquelle il se trouvait l’an passé et qui a fait de lui la tête de turc des supporters « encarnados » . Il faut dire que les sifflets et les insultes, le Paraguayen les avait un peu mérités car autour de lui l’année dernière ça jouait déjà pas trop mal. Avec Aimar et Gaitan dans l’axe en soutien ainsi que Coentrao et Maxi Pereira sur les ailes pour lui servir des caviars sur la tête, les pieds ou les genoux, le bougre trouvait quand même le moyen de tirer à côté, sur le poteau, sur le gardien adverse, ou sur la statue d’Eusébio à côté de l’estadio da Luz. Bref, en 2010-2011, Jesus avait perdu le Cardozo qui plantait 38 pions en une saison. 23, qu’il en avait inscrit en tout, soit un de moins qu’aujourd’hui en 24 journées de championnat, trois matchs de coupe de la ligue et dix rencontres disputées en Ligue des Champions. Même un Rodrigo en pleine éclosion ne lui résiste pas, nonobstant quelques matchs débutés sur le banc pour Oscar début 2012. Il y a une semaine, il a une nouvelle fois été décisif face à Porto, en plantant le but de la victoire (3-2) d’un véritable missile dans la cage de Bracali. Du Cardozo tout craché.

Transformers

Concrètement, les capacités naturelles dont il dispose n’ont jamais vraiment disparu, elles étaient seulement moins présentes. Oscar Cardozo n’a pas cessé d’être habile de la tête ou avec sa jambe gauche qui n’a d’égal que celle de Hulk en terme de puissance. Ce qui fait vraiment la différence entre l’ancien Cardozo et la version next-gen, c’est son rôle dans le dispositif tactique de Jorge Jesus. Le Paraguayen sait désormais se rendre utile en faisant autre chose que d’enquiller des buts. Il décroche un peu plus, sert même parfois de pivot ou de rampe de lancement pour les milieux offensifs ou les ailiers qui jouent derrière lui, à l’image de l’action qui se termine sur un attentat de Djalma sur Witsel lors du classico contre Porto en championnat au début du mois, sur laquelle le buteur décale très intelligemment le Belge d’une subtile talonnade, laissant sur place Otamendi et Rolando. Bien qu’iil se montre plus disponible pour ses partenaires que par le passé, le Sud-Américain n’est pas non plus un exemple de mobilité.

L’heure des retrouvailles

Un défaut en partie compensé par l’imposante carrure du bonhomme : 1m92 pour 83 kg, idéal pour faire chier absolument n’importe quelle défense, que ce soit dans le domaine aérien, où il est capable de rivaliser avec n’importe qui, ou dans la protection de balle. Comme le Zenit avant eux, les hommes de Di Matteo devront se montrer attentifs aux agissements de l’ancien coéquipier de David Luiz et Ramires. D’autant plus qu’outre son poids, sa taille et le nombre de buts qu’il a inscrits, le buteur de Benfica possède des statistiques susceptibles d’effrayer les Anglais. Par exemple, pour marquer un seul pion, le Paraguayen n’a besoin que de trois tirs. Et quand il plante, ce n’est pas du Inzaghi ou du Raul non, c’est 84 km/h en moyenne. Petr Cech aura donc intérêt à enfiler correctement son casque et chauffer ses gants avant d’entrer sur la pelouse de la Luz, pour son bien et celui de son équipe.

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Par William Pereira

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