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C’était la plus belle soirée de l’année
Qui a dit que les trêves internationales étaient chiantes à mourir ? La soirée de mardi a réuni tous les ingrédients d'un multiplex mémorable : du suspense, des buts, des rebondissements, des émotions, d'immenses gagnants et de grands perdants. Plus de cinq heures de foot non-stop, sans le moindre blanc. Le genre de soirées que l'on espère bientôt revoir se présenter, celles où on a toujours peur de ce qui peut se passer si l'on se décide à quitter momentanément le canapé.
Quatre minutes. C’est le temps qu’il a fallu à Djamel Belmadi pour se remettre sur ses deux jambes dans la nuit de Blida. Le sélectionneur algérien s’est effondré au coup de sifflet final du barrage retour contre le Cameroun, qui a rendu son verdict après plus de deux heures d’un match tendu. Les Verts pensaient tenir leur ticket pour le Qatar grâce à Ahmed Touba, auteur de l’égalisation à la 118e dans un stade Tchaker survolté. C’était compter sans le manque de concentration de ses hommes sur un coup de pied arrêté… à la 120e+4. Pour les Lions indomptables, un but libérateur. Pour le champion d’Afrique 2019, un coup de poignard en plein cœur, qui a laissé Belmadi hagard. Le symbole d’une soirée pleine de rebondissements et d’émotions, comme le football sait si bien nous en offrir.
Saccage à la nigériane
Le show a démarré dès 19 heures, et très fort, Boulaye Dia faisant basculer le stade Abdoulaye Wade dans l’ivresse d’entrée de jeu contre l’Égypte (4e). Le rideau ne s’est refermé qu’après minuit, avec l’éclair de Karl Toko-Ekambi. Presque le temps de voir deux fois le Titanic de James Cameron, et avec tout autant de dramaturgie. Parce qu’une Coupe du monde n’arrive que tous les quatre ans, et que ce qui est rare est précieux. La Macédoine du Nord a cru à son rêve pendant plus d’une heure face au Portugal, et la Pologne de Robert Lewandowski a gagné le droit de revenir au Mondial en se débarrassant d’une coriace équipe de Suède.
Le Nigeria a dominé face au Ghana, mais sans gagner, laissant les 60 000 supporters du stade national d’Abuja dans un état de désillusion tel que certains ont passé leurs nerfs sur les bancs de touche. Les Sénégalais présents à Diamniadio ne sont pas allés jusque-là, puisque leur équipe a eu le dernier mot face à l’Égypte. Encore. Aux tirs au but. Encore. Mais ils ont joué le rôle de douzième homme à fond, avec leur propre interprétation, en essayant d’aveugler les Pharaons avec des lasers. Hasard ou coïncidence, les larmes ont coulé des yeux de pas mal d’entre eux, effondrés de passer si près d’une Coupe du monde, un mois et demi après la finale de la CAN. La dernière représentation du bouillant Carlos Queiroz, qui a annoncé quitter son poste de sélectionneur de l’Égypte en conférence de presse. Une sacrée bonne nouvelle pour les quatrièmes arbitres.
Angry Nigeria fans storm the stadium, after Nigeria lost to Ghana and failed to qualify for the FIFA World Cup in Abuja, Nigeria.#NGRGHA pic.twitter.com/9lnnZdj4vN
— Africa Facts Zone (@AfricaFactsZone) March 29, 2022
« Ça va, et vous, votre Majesté ? »
Au même moment, dans un monde parallèle, l’Italie pansait ses plaies en battant la Turquie dans une finale de losers, pour du beurre, malgré une boulette épicée à souhait de Gigio Donnarumma. Au milieu de tout ça, des buts venus d’ailleurs. D’un martien nommé Kylian Mbappé, qui a débarqué sur la terre de Villeneuve-d’Ascq avec la ferme intention de détruire la défense sud-africaine. Du Congolais Ben Malango, aussi, auteur d’un enchaînement contrôle de la poitrine-reprise de volée qui s’achètera certainement tôt ou tard à prix d’or sur le marché des NFT.
?? Qualifiés, les Marocains et Vahid Halilhodžić célèbrent la victoire au téléphone… avec le roi du Maroc ! #lequipeFOOT #MARRDCLes meilleures images des qualifications à la Coupe du monde 2022 sont sur #lequipeLIVE pic.twitter.com/zHNwCbsfyE
— L’ÉQUIPE (@lequipe) March 29, 2022
Un but pour l’honneur seulement, puisque le Maroc s’est imposé 4-1 pour rejoindre le Ghana, le Sénégal, le Cameroun et la Tunisie sur la grille de départ qatarie. Absents en 2002, 2006, 2010 et 2014, les Lions de l’Atlas disputeront donc une deuxième Coupe du monde de suite. Performance saluée par le roi Mohammed VI en personne, qui a passé un petit coup de fil à Vahid Halilhodžić et Romain Saïss. Les félicitations de Sa Majesté, et les compliments de Gianluca « Sir William » Lapadula, qui a montré la voie au Pérou pour rafler la place de barragiste de la zone Amérique du Sud, au nez et au duvet de James Rodríguez. Au commencement de la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill n’avait rien d’autre à offrir au Royaume-Uni que « du sang, de la peine, des larmes et de la sueur ». Exactement ce que le football a à offrir dans la dernière ligne droite d’une campagne menant au Mondial.
Par Quentin Ballue